Conséquence du Brexit, Alistair ferme sa boutique à Dinan

Publié : 20 février 2023 à 13h25 par Dolorès CHARLES

Vitrine From Scotland, à Dinan (22)
Crédit : Yann Launay

C'est l'une des conséquences du Brexit de 2020, la fermeture d'un magasin écossais sur la commune de Dinan, dans les Côtes-d'Armor. Le gérant Alistair Robb dénonce les nouvelles règles qui ont complexifié les échanges franco-britanniques, pénalisant le commerce (frais de douane, soucis de livraison et, ou de règlement).

C'était une boutique unique dans l'Ouest : à Dinan, l'épicerie fine "From Scotland" fermera ses portes dans quelques semaines. On y trouvait depuis 2014 des produits en provenance d'Ecosse : du whisky aux casquettes en tweed, de la marmelade aux écharpes en mérinos. Son fondateur, Alistair Robb, explique que c'est le Brexit qui a eu la peau de son affaire. Alistair travaille avec des artisans, de petits producteurs de sa nation natale, en privilégiant la qualité. Les nouvelles règles issues du Brexit ont tout compliqué.

C'est une prise de tête pour tout le monde !

Désormais, pour qu'un produit quitte le Royaume-uni pour la France, il faut remplir des formulaires, effectuer des démarches pour le passage en douane. Un vrai casse-tête Pour Alistair et ses fournisseurs : "suivant les fournisseurs en Écosse, ils ne travaillent qu'avec moi en Europe. Ils travaillent beaucoup avec les caves ou les petites boutiques autour de chez eux, en Écosse mais je suis le seul magasin exotique ! Et c'est trop compliqué pour eux s'il y a une erreur par exemple... Des erreurs de livraison, parce que refus des douanes et c'est elle qui a payé le transport. J'ai dit stop ! Pour les grosses marques, le système est en place, mais pas pour les petites structures. C'est une prise de tête pour tout le monde !"

Alistair Robb
Crédit : Yann Launay

Une dernière commande et stop

Les démarches douanières ralentissent les échanges, et certains fournisseurs d'Alistair sont eux-mêmes en difficulté : les pots de marmelade que l'on trouve dans la boutique dinanaise sont les tout derniers d'une petite productrice écossaise : "c'est trop compliqué pour elle de révéler ces ingrédients. Elle travaille avec les producteurs d'orange en Espagne et les citrons d'Italie. Elle a le même problème avec les frais de douane, les délais... Je pense que les douanes font le maximum mais les agents sont débordés. Les oranges ou citrons arrivent un mois après, et elle ne peut plus les travailler et puis la qualité n'est pas top, donc elle a pris la décision d'arrêter également."

From Scotland - Dinan
Crédit : Yann Launay
Alistair Robb
Crédit : Yann Launay

Des soucis de delais : réception, livraison et facture

Les délais de réception sont devenus irréguliers et souvent très longs : le stock et la trésorerie sont devenus ingérables : "j'ai encore des choses que j'ai commandées en septembre mais je ne les ai pas encore reçues et les factures sont payées bien sûr, parce que ça aussi cela a changé. Avant avec les bonnes relations, quand la livraison est arrivée, je payais mes factures en fin de mois mais maintenant tout le monde a un peu peur, donc il faut payer à  l'avance. Parfois, il y a des commandes à 3 000 € - 4 000 € et quand ça arrive trois voire quatre mois après, voire jamais, cela peut être difficile à gérer."

Alistair Robb
Crédit : Yann Launay

Alistair ne décolère pas face au Brexit

C'est une option qu'il a toujours condamnée, et pas seulement pour les conséquences économiques : "c'est fou comme le Brexit c'est l'horreur pour tous les étudiants, les jeunes... Moi je suis très passionné par l'Europe, par la paix... Moi, j'habite en France, donc heureusement je reste en Europe mais pour tous les business, pas que le mien c'est la galère. J'ai des amis ou des clients qui travaillent un peu avec la Grande Bretagne mais ils ne peuvent plus à cause des frais de douane, les délais ou les prix..."

Pour Alistair, les conséquences économiques négatives du Brexit sont encore largement masquées par la pandémie et par la guerre en Ukraine, mais pour lui elles ne feront que s'aggraver dans les mois qui viennent.

Alistair Robb
Crédit : Yann Launay

Alistair fermera boutique, à regret, fin mars. C'est un salon de thé qui devrait prendre le relais au n°30 Grand Rue, dans le centre-ville de Dinan.