Un gaz traître et mortel : comment lutter contre le monoxyde de carbone ?

Publié : 29 novembre 2022 à 11h29 par Dolorès CHARLES

Aération des fenêtres
Crédit : Pixabay

En période hivernale, les intoxications au monoxyde de carbone sont importantes, car nous nous calfeutrons un peu plus, et aérons moins l'habitation. Le CO est un gaz incolore et inodore qui peut conduire à la mort des personnes intoxiquées.

Chaque hiver, les autorités font passer un message de prévention face au risque d'intoxication au Monoxyde de carbone (CO). Un gaz incolore, inodore et toxique. Le monoxyde de carbone n’a en effet pas d’odeur, il ne se voit pas non plus, mais il peut faire des ravages : 4 000 personnes sont intoxiquées chaque année en France, et parmi elles on enregistre 100 décès (*). Le 20 novembre dernier (2022), une intoxication au Monoxyde de carbone a fait un mort et un blessé sur la commune de Brécé, en Ille-et-Vilaine.

Comment éviter qu’un tel drame ne se reproduise ? Quelques conseils avec Jérôme Guinard, lieutenant-colonel & directeur des opérations du SDIS en Ille-et-Vilaine, joint par Hélène Hamon. "La première mesure de prévention, c'est la vérification systématique tous les ans des appareils de chauffage et de production d'eau chaude. C'est également le fait d'aérer tous les jours les pièces de la maison et même l'hiver. Le fait de bien maintenir les systèmes de ventilation en état de fonctionnement... et surtout, même si on a l'impression de perdre un peu de chaleur, il ne faut surtout pas obstruer les sorties d'air... Enfin le point de vigilance, notamment sur cette période, c'est de limiter l'utilisation des appareils de chauffage d'appoint."

(*) Les appareils peuvent produire du monoxyde de carbone quand ils ne marchent pas bien : cuisinière, chaudière et chauffe-eau, chauffage d'appoint pas électrique, poële et autre cheminée.

Jérôme Guinard du SDIS 35
Crédit : Hélène Hamon

Un risque mortel

Les pompiers sont souvent confrontés à ce genre d’incident, avance Jérôme Guinard, qui rappelle que … même une faible concentration de monoxyde de carbone peut être très dangereuse. "Plus la concentration va être forte et plus les risques vont être importants, et plus la durée d'exposition va être longue, plus les risques vont être importants ensuite. A 0,1 %, on a déjà une perte de connaissance et des décès qui peuvent arriver au bout d'une voire 2 heures. A 1 % de monoxyde de carbone dans l'air, la personne fait immédiatement une perte de connaissance et le décès va arriver dans quelques minutes."

Concrètement, "on a de l'hémoglobine (dans le sang), qui a pour rôle d'emmener l'oxygène des poumons vers les différents organes et en fait, le monoxyde de carbone a beaucoup plus d'affinités avec l'hémoglobine que l'oxygène. Dès l'instant où il y a du monoxyde de carbone dans une pièce, iI va venir se fixer sur l'hémoglobine et empêcher le sang de jouer son rôle d'emmener l'oxygène vers les différents organes."

Jérôme Guinard du SDIS 35
Crédit : Hélène Hamon

Le détecteur est indispensable

Les symptômes - maux de tête, fatigue, nausées - apparaissent plus ou moins rapidement et peuvent toucher plusieurs personnes. Une intoxication importante peut conduire au coma et à la mort, parfois en quelques minutes. Il est important d’agir très vite : un détecteur est indispensable selon Jérôme Guinard : "si on n'a pas de détecteur qui va nous permettre de savoir qu'il y a du monoxyde de carbone dans une maison ou dans un appartement, on n'a aucun moyen de savoir qu'on a du monoxyde de carbone. Sur la période hivernale, on va être confrontés à ces intoxications au monoxyde de carbone, puisque c'est souvent lié à une mauvaise combustion des appareils de chauffage... Dès l'instant où on a un pourcentage très faible de monoxyde de carbone qui n'est pas dangereux pour la santé, le détecteur va se déclencher, ce qui va permettre aux personnes de sortir de la maison et d'appeler le dépanneur pour venir déceler la panne et la réparer."

 

Jérôme Guinard du SDIS 35
Crédit : Hélène Hamon

En cas de suspicion d’intoxication, aérez immédiatement les locaux, arrêtez si possible les appareils à combustion, évacuez les locaux et appelez les secours en composant le 15, le 18 ou le 112 !

Vous pouvez aussi contacter le centre antipoison de votre région, l’Agence Régionale de Santé, votre mairie (via le Service Communal d’Hygiène et de Santé) ou un professionnel qualifié (plombier-chauffagiste, ramoneur).