Circulation. Rennes lancera en février une grande zone à trafic limité !
Publié : 27 janvier 2023 à 17h40 - Modifié : 27 janvier 2023 à 17h50 par Dolorès CHARLES
La Ville de Rennes a présenté cette semaine (26 janvier) son expérimentation d'une Zone à Trafic Limité (ZTL). Celle-ci débutera le lundi 13 février pour une durée de 4 mois. Objectif, apaiser le centre historique en privilégiant les mobilités douces. Une période de sensibilisation précédera la verbalisation.
Rennes à son tour aura bientôt sa Zone à Trafic Limité : à partir du 13 février 2023, il faudra montrer patte blanche pour circuler en voiture dans le centre historique de la capitale bretonne. Cette ZTL s'étendra sur 40 hectares, ce qui en fera la plus grande zone à trafic limité de France, mais pas question de bornes rétractables, et de refermer le centre-ville sur lui-même, comme le souligne Valérie Faucheux, adjointe en charge des mobilités, à Yann Launay : "l'objectif est bel et bien de réguler ce trafic automobile, de dire que Rennes reste ouverte et accessible, mais il y a des usages pour y accéder. En outre, les parkings relais ne sont pas saturés à un tarif qui défie toute concurrence : je renvoie vers le pass pluriel le week end, qui permet d'accéder aux transports en commun pour 5 € jusqu'à cinq personnes !
Je vous assure, les automobilistes y trouveront aussi leur compte. Il y aura une forme de compensation pour eux puisqu'une fois qu'ils auront lâché leur voiture, ils se retrouvent piétons dans le centre-ville et pourront déambuler de manière bien plus tranquille, lâcher la main de leur enfant et traverser là où ils le souhaitent..."
Une désaffection du centre à terme ?
Les voitures ne disparaîtront pas complètement, une ZTL n'est pas une zone piétonne : les résidents, les commerçants, les médecins, les infirmiers, les artisans, les clients des hôtels, les personnes à mobilité réduite, seront autorisés à circuler et stationner dans la zone, moyennant un justificatif. Mais n'y a-t-il pas un risque de voir des visiteurs extérieurs se détourner du centre-ville, pour leurs achats par exemple ? Valérie Faucheux se dit sereine : "les éléments de recherches et de statistiques en la matière prouvent qu'un centre ville commerçant, piéton et accessible en vélo aussi, attire, donne à voir et donne envie.
Le panier moyen d'un cycliste ou d'un usager des transports en commun et d'un piéton, au final, par rapport à un automobiliste, est bien plus fort à l'année. Je n'ai absolument aucune crainte puisque c'est bel et bien un endroit de destination le centre ville en mettant en valeur la place du Champ Jacquet. Ça va donner envie au contraire à des gens de revenir nous voir aussi... et aussi toutes les activités culturelles qui font aussi que notre ville est attractive et attrayante."
Aucun check point
Aucune guérite ne fera son apparition le 13 février, aux entrées du périmètre concerné, mais des indications visuelles seront mises en place comme du marquage au sol "qui dit trafic limité et surtout des panneaux de communication avec des choses écrites et un QR code que l'on pourra flasher, qui va permettre de renvoyer vers le site internet de Rennes Métropole, sur lequel il y aura toutes les informations nécessaires pour faire en sorte que les personnes extérieures puissent accéder à notre centre ville... mais en déposant leur voiture, soit dans les parkings relais (plus de 4000 places), soit dans les parkings souterrains."
La Ville lance une phase de sensibilisation pendant les premières semaines où la police municipale communiquera le principe de la ZTL et après le 13 février, la verbalisation commencera, mais le calendrier n'est pas totalement défini. Quand la période "pédagogique" sera terminée, il en coûtera 35 euros aux contrevenants qui ne respecteront pas la zone à trafic limité.
L'inquiétude des commerçants
A quelques jours du début de l'expérimentation, les commerçants rennais ne sont pas totalement rassurés. Laurence Taillandier, opticienne et présidente du Carré Rennais (ndlr : association des commerçants), s'interroge sur le timing, tout en reconnaissant les potentiels bienfaits d'une telle mesure : "il va y avoir un plaisir quand les places vont être jolies, quand il va y avoir des bancs, quand les terrasses vont s'ouvrir, que les gens vont pouvoir flâner, il va y avoir un plaisir certain à prendre le centre-ville comme un grand jardin ... mais la seule chose que je vais regretter, c'est d'avoir mis la charrue devant les bœufs. Il aurait été important qu'on commence par faire toutes les installations de la ville, qu'on la rende belle et qu'après on fasse l'enlèvement des voitures dans le centre ville, et la zone ZTL. Là, on fait les travaux en même temps qu'on enlève les voitures. C'est un bouleversement."
Laurence Taillandier espère que cette Zone à trafic limitée sera adoptée sans difficulté par les Rennais comme par les visiteurs extérieurs, mais la présidente du Carré Rennais ne cache pas une certaine appréhension : "nous avons besoin d'un afflux important pour faire vivre les commerces, les avocats, les notaires, etc. Il n'y a pas que les commerçants, on est toute une communauté qui vivons essentiellement du flux venant de l'extérieur. 60 % des gens qui consomment dans le centre ville viennent de l'extérieur de la rocade... Mais si la communication est bien faite pour rejoindre le centre(ville, on devrait réussir le pari."
La ZTL rennaise sera expérimentale jusqu'en juin 2023 : des modifications pourront être apportées dans le plan de circulation, en cas de problème. Mais la ZTL à vocation à évoluer rapidement en ZFE - Zone à faibles émissions, et pourrait à l'avenir s'étendre à une plus grande partie du centre-ville.