Chasse aux parrainages : le maire de Guémené en appelle aux habitants
Publié : 17 février 2022 à 14h35 - Modifié : 17 février 2022 à 15h08 par Dolorès CHARLES
Alors que la course aux parrainages bat son plein, à l'approche de l'élection présidentielle, le choix pour un maire n'est pas toujours simple, entre la crainte de froisser ses administrés et la volonté de faire vivre la démocratie. A Guémené-sur-Scorff, une consultation des habitants est engagée.
En pleine chasse aux parrainages, de nombreux maires refusent de parrainer tel ou tel candidat. En 2017, le maire de Guémené sur Scorff, dans le Morbihan, avait fait le choix de ne pas parrainer quelqu'un mais cette fois, René Le Moullec a décidé de donner son parrainage. Mais dans les faits ce n'est pas lui, ni son conseil municipal, qui choisira le candidat à parrainer : le maire a décidé d'organiser une consultation des Guémenois, de laisser les habitants décider. Une façon pour René Le Moullec de combattre l'abstention :
"Je me suis dit qu'en tant que maire, on avait peut-être un rôle à jouer,pour faire peut-être que les gens se réintéressent à la vie publique, à la vie politique. En tout cas alimenter la réflexion dans ce sens-là. Je me suis dit : on me propose de parrainer quelqu'un. Je n'ai pas de légitimité, ce n'est pas mon avis personnel qui compte, c'est mon avis de maire, je suis représentant de tous les Guémenois, et à partir de là il me semblait logique, cohérent, de leur demander leur avis... C'est un peu nouveau, mais je pense que c'est aussi comme ça que l'on va réintéresser les gens, en les faisant participer aux décisions."
Les extrêmes écartées d'entrée
C'est une liste resserrée qui sera proposée aux électeurs de Guémené (demain) vendredi : une dizaine de candidats figureront sur les bulletins, comme l'explique René Le Moullec à Yann Launay : "j'ai proposé ce qui me semblait, après en avoir discuté avec mes collègues, avoir le plus de sens par rapport à l'avenir du pays. Sans marquer un choix politique : j'ai des valeurs de gauche, tout le monde le sait, mais je n'ai pas mis que des gens de gauche, il y a aussi des gens de droite. Par contre, j'ai écarté les extrêmes parce que je ne vois pas mon nom associé à un Zemmour ou à une Le Pen qui prônent la division, et qui vont à l'encontre de ce que moi je souhaite dans cette démarche... Après, si des gens veulent s'exprimer là-dessus, ils pourront : il y aura aussi un bulletin "autres", blanc, où les gens pourront mettre un nom qui ne sera pas dans les 10... Ils seront décomptés comme les autres."
La présidentielle, une tribune pour les petits candidats ?
René Le Moullec souligne que cette démarche ne règle pas tous les problèmes. Pour lui, le système des candidatures est peut-être à réinventer, pour ne pas se retrouver avec de multiples "petits" candidats à la présidentielle, parfois militants pour une cause précise, sans projet global, et qui pour René Le Moullec se servent de l'élection présidentielle comme d'une tribune :
"Même s'ils ne font que 1% chacun, c'est autant qui vont manquer après à des candidats sérieux, qui vont vraiment placer le débat à sa juste place... On ne peut pas galvauder une élection présidentielle. Qu'on aille voir les candidats en leur demandant de mettre ça dans le programme, ou de s'engager, de pouvoir prendre position par rapport à certaines choses, oui, mais utiliser une élection aussi majeure que ça pour pouvoir défendre un thème, je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moyen."
La consultation aura lieu à la salle polyvalente de Guémené ce vendredi (18 février) de 14h à 19h. Les Guémenois pourront y prendre part en présentant une carte d'électeur ou un justificatif de domicile. Rappelons que les maires, les députés, sénateurs, conseillers départementaux peuvent donner un parrainage, ce qui représente un total de 42 000 élus. En 2017, 34% de ces élus avaient parrainé un candidat.