Certains Russes victimes d'actes d'intimidation dans l'Ouest

Publié : 11 mars 2022 à 9h33 - Modifié : 11 mars 2022 à 10h44 par Dolorès CHARLES

Epicerie russe de Rennes
Crédit : Yann Launay

Les russes sont menacés depuis le début de l'offensive de Vladimir Poutine en Ukraine. De Rennes à Nantes, en passant par Brest ou Vannes, ils sont victimes malgré eux d'actes d'intimidation voire de violences. Témoignages.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, quelques actes d'intimidation, des menaces, des tags d'insultes ont été relevés, à destination des Russes installés en France. A Rennes, une des vitres de l'épicerie russe "Kalinka" a été brisée. Alors que la gérante, Stella, est en fait arménienne... et qu'elle a vécu 18 ans en Ukraine, où elle a encore de la famille. Stella a porté plainte, et se dit sous le choc, mais elle a tenu à rouvrir rapidement sa boutique :

"L'épicerie russe n'a rien à voir avec la guerre. En plus, chez moi il n'y a pas seulement les produits russes : il y a des produits arméniens, ils y a des produits d'Ukraine, des produits polonais... Tous mes voisins du quartier sont venus, m'ont écrit un petit mot, m'ont dit : "Nous sommes avec avec vous"... Vraiment ça fait trop chaud au cœur, ça me donne la force de continuer mon métier. Il ne faut pas faire la guerre ici... Nous ne sommes pas beaucoup ici : les Russes, Arméniens, Géorgiens, Tchétchènes, nous ne sommes pas beaucoup, nous devons rester comme une grande famille."

La gérante de l'épicerie russe Kalinka, Stella

Il y a toujours des innocents qui paient...

Anastasia est une cliente régulière de l'épicerie : originaire de Sibérie, elle vit depuis une vingtaine d'années en France. Elle aussi se dit choquée par cette dégradation, mais Anastasia tient à souligner qu'un tel acte reste très isolé :

"C'est une épicerie qui n'a rien à faire dans la guerre, c'est sûr que c'est quelque chose qui interpelle. Il y a toujours des innocents qui paient... Mais moi personnellement j'ai été très surprise, dans le sens agréablement, de recevoir beaucoup de soutiens en tant que Russe de la part des Français. Je n'ai jamais vu autant de solidarité, d'empathie, de compréhension : je reçois plein de messages sur les réseaux sociaux. Je n'ai jamais eu une agression, ou mon fils à l'école."

Epicerie russe Kalinka (vitre brisée)
Crédit : Yann Launay
Anastasia
Crédit : Yann Launay

En Russie, c'est une opération spéciale

Pour Anastasia, en France la population fait la part des choses : les décisions de Poutine ne sont pas les décisions de l'ensemble de son peuple. Et même si une partie des Russes de Russie soutient Poutine, Anastasia peut mesurer l'influence de l'information officielle contrôlée par le Kremlin : "c'est vrai qu'en Russie c'est plus délicat, une partie de mes proches soutient les actions militaires, mais parce qu'eux pensent que c'est pour de bonnes choses. Ce ne s'appelle même pas la guerre, en Russie, ça s'appelle une intervention militaire, une opération spéciale, c'est interdit de dire le mot guerre là-bas. Du coup, ce n'est pas parce qu'ils veulent cette guerre, mais parce qu'ils pensent que c'est pour obtenir la paix... Leur vision des choses c'est que si la Russie n'avait pas attaqué, ce sont les Américains qui auraient attaqué."

Anastasia
Anastasia
Crédit : Yann Launay