Carrefour de l'eau à Rennes. "La recherche de perturbateurs endocriniens dans l'eau potable n'est ni systématique, ni obligatoire"
Publié : 1er février 2024 à 9h01 - Modifié : 1er février 2024 à 9h05 par Dolorès CHARLES
Le parc des expos de Rennes accueille jusqu’à ce jeudi soir le 25è Carrefour des gestions locales de l’eau. Près de 15 000 participants et 500 exposants attendus. Ce salon est l’occasion entre autres de trouver des solutions adaptées et de répondre aux enjeux actuels et futurs, dans le domaine de l'eau. Le point sur la présence de perturbateurs endocriniens dans l'eau.
L'affaire des eaux "minérales" du groupe Nestlé le montre : les contaminations peuvent toucher les eaux réputées les plus saines. La lutte contre les polluants dans l'eau potable est l'un des grands thèmes du Carrefour des Gestions locales de l'eau, dont la 25ème édition s'est ouverte ce mercredi 31 janvier, au Parc des expositions de Rennes. On y parle notamment perturbateurs endocriniens, comme les fameux "PFAS", ces fameux polluants "éternels", que l'on peut retrouver dans l'eau potable.
"On trouve beaucoup d'activités endocriniennes, mais pas toujours là où l'on croit"
Dans l'espace innovation du salon, le laboratoire Watchfrog présente sa solution pour révéler la présence de perturbateurs endocriniens dans l'eau. En utilisant des alevins et des têtards, comme l'explique Gregory Lemkine, fondateur et PDG du laboratoire : "Pour révéler leur état endocrinien, on utilise un marqueur fluorescent, c'est à dire que cela s'allume et devient fluorescent quand les polluants chimiques perturbent leur équilibre physiologique. Cela nous permet de quantifier l'impact des micropolluants dans l'eau.
On trouve beaucoup d'activités endocriniennes, mais pas toujours là où l'on croit. Finalement, on s'aperçoit que les traitements traditionnels, par exemple les stations d'épuration, sont souvent assez efficaces pour abattre l'effet de ces polluants chimiques, mais pas toujours, c'est là que le diagnostic devrait être utile pour identifier les solutions de traitement les plus efficaces, et parfois aussi les stations de traitement en défaillance."
"Le sujet de la perturbation endocrinienne n'est toujours pas réglementaire dans le domaine de l'eau"
Les moyens de détection de ces polluants existent, mais la recherche de perturbateurs endocriniens dans l'eau potable n'est à ce jour ni systématique, ni même obligatoire : "la perturbation endocrinienne est systématiquement évaluée pour délivrer ou non des autorisations de mise sur le marché de produits phytosanitaires : pesticides, herbicides, etc. C'est obligatoire et à côté de cela, c'est vrai que le sujet de la perturbation endocrinienne n'est toujours pas réglementaire dans le domaine de l'eau, de la cosmétique ou des plastiques. Aujourd'hui, il n'y a pas d'obligation à évaluer systématiquement les propriétés endocriniennes des substances utilisées dans ces domaines."
Quid de l'efficacité de ces filtres à charbon ?
Pour purifier certaines de ses eaux minérales, Nestlé a utilisé des filtres à charbon actif. Des filtres de plus en plus utilisés dans les stations de traitement, et qui existent aussi en petit format, pour traiter l'eau du robinet chez les particuliers. "Les filtres à charbon actif, explique Gregory Lemkine, comme d'autres technologies de traitement, sont assez efficaces pour arrêter capturer la plupart des polluants d'origine chimique. Néanmoins, cela dépend de la nature physico-chimique du polluant. Certains polluants, par exemple des résidus d'ingrédients cosmétiques, ne sont pas arrêtés. Effectivement, il faut pouvoir ajuster la dose de charbon actif, en fonction de l'efficacité que l'on veut avoir pour retenir ces substances."
Le Carrefour des Gestions locales de l'eau réunit 530 exposants et plus de 14 000 participants jusqu'à ce jeudi soir au Parc des expositions de Rennes.