Carquefou. Une enseignante jugée pour des faits de harcèlement

Publié : 8 juillet 2022 à 8h11 - Modifié : 8 juillet 2022 à 8h15 par Dolorès CHARLES

Palais de justice à Nantes
Crédit : Emilie Plantard

C'est une audience particulière qui s'est tenue jeudi 7 juillet (hier) à Nantes en Loire-Atlantique. Une enseignante était jugée pour des faits de harcèlement et de violences. Une quinzaine de plaintes déposées. Le délibéré sera rendu à la fin août.

C'est un procès hors norme qui s’est déroulé hier (jeudi 7 juillet 2022), au tribunal correctionnel de Nantes (44). Une enseignante était jugée pour des faits de harcèlement, à l'égard de ses élèves mais aussi certains de ses collègues, et ce pendant plusieurs années, entre 2014 et 2021 dans une école privée de Carquefou. Claire est elle-même enseignante dans l’établissement, et maman de Juliette, qui a eu la maîtresse en question lorsqu'elle était en CM1. Elle raconte à Jules Housseau, une scène particulière vécue il y a un an.

"C'est moi qui ai vu le premier fait de violence de Mme L. étant donné qu'elle avait ma fille en classe, elle s'en est prise à elle. Elle a isolé Juliette de ses copines en disant à l'ensemble de la classe que j'étais responsable d'un complot visant à la faire quitter l'établissement, que ma fille était avec moi, qu'on voulait qu'elle s'en aille et que tout le monde ne parle plus à Juliette car on voulait injustement que Marie-Emmanuelle s'en aille de l'école, donc c'était des pancartes anti-Juliette et Juliette s'est retrouvée très seule et vulnérable (...) On a appelé la Gendarmerie parce que Mme L. s'était enfermée dans sa classe avec ses élèves (...) et on ne pouvait plus rentrer dans la classe. Elle avait demandé aux enfants de tapisser la classe de pancartes... et ils ont commencé à créer une potentielle "révolution". Mme L. au téléphone en larmes dans sa classe ne voulait plus nous laisser rentrer, elle était complètement hystérique et on a mis très longtemps à libérer la classe et les enfants."

La maman de Juliette
Crédit : Jules Housseau

Une quinzaine de plaintes déposées

Pendant des années, Marie-Emmanuelle aurait semé la terreur dans l'école Saint-Joseph de Carquefou. Plus d'une quinzaine de parents d'élèves et d'anciens collègues se sont constitués partie civile, dont Philippe Plantard, le directeur de l'établissement. "Le travail devenait impossible avec cette personne, et plus singulièrement un enfant est venu dans mon bureau en pleurs me dire "sauvez-moi Mr Plantard, sauvez-moi de cette femme-là, car je suis tout le temps humilié, elle se moque de moi tout le temps. On sentait que cela sortait du fond du coeur, il avait des spasmes pour l'expliquer. Il n'arrivait pas à parler et les larmes coulaient... Cela pouvait être des mots ; les CP qui ont 6 ans et appelés par leur nom de famille, les mettre debout, bras en arrière et mains levées pendant 20 minutes, et beaucoup de moqueries si l'enfant ne rentrait pas dans le cadre qu'elle souhaitait."

Palais de Justice à Nantes
Crédit : Emilie Plantard
Philippe Plantard, le directeur de l'école
Crédit : Jules Housseau

Délibéré le 29 août

30 mois de prison avec sursis et une interdiction définitive d'exercer : telles sont les réquisitions prononcées tard ce jeudi soir par le Ministère public à l'encontre de l’enseignante pour des faits répétés de harcèlement et même de violences physiques et psychologiques sur certains de ses élèves et collègues. Des faits réfutés par Me Loïc Cabioche, son avocat (défense).

"Il lui était reproché des comportements considérés comme des violences psychiques, les seules violences physiques qui lui étaient reprochées avaient précédemment été classées sans suite par le Procureur, et j'ai demandé au tribunal de confirmer cette décision, mais également de considérer que les violences psychiques n'étaient pas davantage établies. Il y a sans doute des questions qui se posent sur sa pédagogie et la façon dont elle enseignait aux enfants, mais le tribunal n'est pas juge de la pédagogie et de la formation des enseignants. Il y a sans doute un absent dans ce dossier, regrettable c'est la hiérarchie au-dessus du directeur de l'établissement (ndlr : Rectorat)."

Me Loïc Cabioche, avocat de la défense
Crédit : Jules Housseau

A maintes reprises, le directeur Philippe Plantard avait signalé ces faits au Rectorat de Nantes, lequel a mis plus de deux ans à réagir en mettant l'enseignante à pied. Le Rectorat absent au procès, et contacté, n'a pas donné suite à nos sollicitations.

L'affaire a été mise en délibéré pour le 29 août.