Carquefou. L'entreprise Systovi pliée par la concurrence chinoise abandonne

Publié : 20 mars 2024 à 18h46 - Modifié : 20 mars 2024 à 18h49 par Dolorès CHARLES

Paul Toulouse - PDG de Systovi (44)
Paul Toulouse - PDG de Systovi (44)
Crédit : Jules Housseau

Acculé par la concurrence chinoise, un entrepreneur de la banlieue de Nantes Paul Toulouse, se met en quête d'un repreneur pour sauver sa société de panneaux solaires, Systovi, et les emplois. Interview et explications.

En quinze ans d'existence à Carquefou, près de Nantes, Systovi avait réussi à s'imposer comme un acteur majeur sur le marché du panneau solaire "made in France". Une épopée qui pourrait toutefois s'arrêter d'ici la mi-avril, si aucun repreneur ne se manifeste pour reprendre ce fleuron industriel, un fleuron aujourd'hui étranglé par la concurrence chinoise.

La chute a été brutale pour le directeur général de la société, Paul Toulouse, interrogé par Jules Housseau. "Avec la crise ukrainienne, les risques sur l'approvisionnement en énergie, et aussi la prise de conscience de chacun qu'il faut aller vers une transition énergétique, on a vu notre carnet de commandes entre 2021 et 2022 être multiplié par trois... et puis les Chinois, en quelques semaines, ont divisé leur prix par deux et aujourd'hui on se retrouve avec un carnet de commandes divisé par cinq par rapport à un an. Le dumping exercé par les industriels chinois fait que cela a emporté beaucoup des décision des donneurs d'ordres.

Aujourd'hui, on n'a pas de signaux qui nous laissent penser que les prix des panneaux chinois vont remonter dans les années qui viennent d'une part, et d'autre part, on n'a pas non plus de signaux que la réglementation va évoluer de façon significative, de telle sorte qu'on ait un marché protégé avant au moins deux ans."

Paul Toulouse, DG de Systovi
Crédit : Jules Housseau

"Il faut un marché qui restaure une compétition à armes égales"

Aujourd'hui, 90% des installations photovoltaïques en France sont fabriquées en Chine,. Pour rééquilibrer un peu la balance, et protéger la production hexagonale, des leviers pourraient être activés suppose le DG Paul Toulouse. "Pour rivaliser avec les industriels chinois, il faut un marché qui restaure une compétition à armes égales. Cela peut vouloir dire rendre un peu plus cher l'import de panneaux chinois et aider les entreprises directement sur le territoire européen pour qu'elles se développent et qu'elles atteignent des tailles caractéristiques suffisantes pour être d'égal à égal avec les Chinois. Et cela peut être d'aider à certains débouchés : pour les particuliers, on pourrait imaginer une TVA réduite ... seulement si vous achetez des panneaux français. On pourrait aussi imaginer que les marchés publics privilégient la fourniture locale, ce qui n'est pas possible puisque le prix est prépondérant dans un appel d'offres public."

Paul Toulouse, DG de Systovi
Crédit : Jules Housseau

Des repreneurs potentiellement chinois ?

Malgré ce contexte, le DG Paul Toulouse ne désespère pas de trouver un acquéreur capable de redonner un nouveau souffle à la structure. Le "repreneur devrait faire face au même contexte économique, ceci dit, il y a des entreprises pour lesquelles, dans leur cycle stratégique, c'est le bon moment parce qu'elles se projettent à moyen terme, parce qu'elles ont peut être des capacités de lobbying plus importantes que nous, et elles estiment pouvoir mieux peser que nous sur la réglementation. Ce sont des entreprises qui ont des projets à plus long terme et pour lesquelles la reprise serait une première étape vers un projet plus grand ... Aujourd'hui, je n'ai pas de contacts avec des entreprises chinoises, mais légalement rien ne les interdirait."

Paul Toulouse, DG de Systovi
Crédit : Jules Housseau

En attendant, l'inquiétude domine parmi les 87 salariés de l'entreprise de la banlieue de Nantes.