Carburants : un breton a conçu un kit pour injecter de l'eau dans un moteur thermique
Publié : 13 juin 2022 à 16h10 - Modifié : 13 juin 2022 à 16h13 par Dolorès CHARLES
Si vous êtes allé faire votre plein ces derniers jours, vous avez sans doute vu la hausse continue des prix des carburants, à plus de 2 euros le litre. Les solutions pour faire baisser la consommation sont donc regardées de près, comme celle du breton Laurent Baltazar qui a conçu un moteur hybride à eau.
Avec l'envolée du prix des carburants, les systèmes qui promettent de réduire sa consommation connaissent sans surprise un regain d'intérêt. A Sainte-Sève, dans le Finistère, l'entreprise de Laurent Baltazar connaît une explosion des commandes : il a mis au point des kits pour injecter de l'eau dans un moteur thermique, sous forme de fines gouttelettes. Cette injection d'eau permettrait d'économiser en moyenne autour de 20% de carburant. Mais n'est-il pas un peu dangereux d'envoyer de l'eau dans un moteur ? Réponse de Laurent Baltazar, le concepteur du système "Ecol'eau" :
"Tout le monde croit que l'eau corrode les moteurs. Or, on roule par temps de pluie, par temps de brouillard, et l'humidité n'est pas retenue par le filtre à air. C'est le constat que j'ai fait : quand on roule par temps de brouillard, le moteur fonctionne mieux, parce qu'on densifie l'air... C'est ce que fait le système : on est sous forme de vapeur, vous apportez une meilleure densité de l'air, donc un meilleur remplissage au niveau des cylindres, une meilleure explosion, une meilleure combustion, donc un meilleur rendement, une baisse de la consommation et une baisse de l'encrassement des pièces moteur..."
Pas de retour sur investissement avec l'eau...
Certains spécialistes restent sceptiques, mais de l'aveu même de son concepteur, ce système n'aurait rien de magique ni même de révolutionnaire. Alors pourquoi ce système n'est-il pas plus largement utilisé, y compris par les constructeurs eux-mêmes ? "On est sur des principes largement connus par les constructeurs : Porsche le fait, Renault a déposé un brevet, BMW l'a fait sur la série 1. Après, le problème des constructeurs, c'est qu'ils attendent l'aval de l'Etat pour avancer sur certaines technologies. L'Etat, comme c'est un investisseur, ne va subventionner les avancées technologiques qu'à condition qu'il y a un retour sur investissement. Ce ne sera pas le cas avec de l'eau..."
En cas de revente, on récupère le système
Mais installer un tel système est-il complètement autorisé, et quid de la garantie constructeur, et de la revente du véhicule ? "On ne modifie rien, on modifie les propriétés de l'air. C'est autorisé, on a des véhicules neufs, sous garantie constructeur, qui sont équipés. J'ai des clients qui sont avocats, agents d'assurance, chefs de centre de contrôle technique, qui sont équipés... On est en train d'équiper des groupes électrogènes avec l'aval du constructeur, ça ne pose aucun souci. Si on revend la voiture, on peut récupérer le système. On a juste à reboucher le trou fait dans la durite d'admission d'air, on récupère le système et on le réimplante sur son nouveau véhicule."
Les pièces moteur préservées
Les kits sont vendus entre 500 euros (pour un petit véhicule) et plus de 1000 euros (pour un poids lourd), et en comptant l'installation par un professionnel, la note peut grimper jusqu'à 1690 euros. Il faudra donc tout de même rouler un peu pour amortir l'investissement. Mais pour Laurent Baltazar, le calcul ne doit pas se baser seulement sur le prix du carburant :
"Au-delà de parler d'amortissement uniquement sur les consommations de carburant, on amortit aussi sur les pièces mécaniques : on avait par exemple un filtre à particules encrassé à 88%, pour le garagiste, le filtre était mort. On a branché le système, et on a sauvé le filtre à particules. C'est 800 euros en échange standard, au bas mot, un filtre à particules... On voit à quel point le système engendre des économies parce qu'on a une meilleure longévité des pièces moteur, parce qu'on décrasse les pièces..."
Les kits sont fabriqués en France, et même en grande partie en Bretagne. Et puis dernière petite info, Laurent Baltazar est en plein recrutement, pour faire face à l'afflux de commandes... Avis aux amateurs !