Canicule : Comment avoir moins chaud en ville ?
Publié : 12 juillet 2022 à 10h04 - Modifié : 12 juillet 2022 à 10h59 par Emilie PLANTARD
Les prochains jours promettent d’être encore très chauds, avec des températures parfois supérieures à 30° en particulier dans les îlots de chaleur. A Nantes, une Agence d’Urbanisme les a cartographiés, elle travaille à les réduire en suggérant aux communes de végétaliser au maximum.
Vous avez peut-être remarqué que le thermomètre de votre voiture grimpait lorsque vous arriviez en agglomération ? Ou que vous sentiez la fraîcheur en passant sur un pont ? C’est normal, la chaleur n’est pas la même selon l’environnement dans lequel vous vous trouvez, il fait par exemple plus chaud lorsque vous êtes entouré de béton, c’est un ilot de chaleur et plus frais lorsque vous êtes près de l’eau ou dans une forêt, ce sont des ilots de fraîcheur.
A Nantes, l’AURAN, l’Agence d’Urbanisme de la Région Nantaise étudie ce phénomène et l’a même restitué sur une carte interactive assez précise, où l’on peut facilement distinguer les différents îlots de chaleur sur le département de la Loire-Atlantique. Romain Siegfried est directeur de projet à l'Auran, "ce qu’on constate c’est que ces îlots de chaleur sont présents là où il y a beaucoup de sols bitumés, beaucoup de bâtiments avec des matériaux qui ont tendance à capter la chaleur, du zinc, de l’acier... Ça peut être des variations importantes, on est sur des températures à +5, +6, +7° par rapport à la moyenne des températures donc il y a un vrai impact de cet environnement urbain"
Moins de béton, plus de verdure
Les rapports du GIEC sont clairs, il va faire plus chaud et plus souvent. Pour se protéger de cette chaleur, il existe des solutions comme l’aménagement des bâtiments. Mais pour lutter durablement contre ces ilots de chaleur, il faut d’abord végétaliser. "Ce qu’on voit beaucoup dans les ilots de chaleur comme des zones d’activité économique, explique Romain Siegfried, les entreprises commencent à s’équiper de climatisation. Donc là, on est plutôt dans des solutions de mal adaptation, parce qu’un climatiseur il refroidit l’intérieur du bâtiment mais il rejette de l’air chaud à l’extérieur et contribue à réchauffer la ville. Il faut en arriver à se dire que si je plante un arbre, dans 5, 6 ou 10 ans, j’aurai un effet équivalent à un climatiseur.
En agglomération, l’AURAN estime qu’il faudrait supprimer 1 place de parking sur 2 pour laisser suffisamment de place au végétal.
Créer de l’ombre partout
Aujourd’hui, les villes ont conscience de cette nécessité à lutter contre ces ilots de chaleur et réfléchissent les aménagements en fonction. Assez flagrants dans les grandes agglomérations, ces besoins sont également présents dans les plus petites villes où la cartographie de l’Auran met en avant des ilots de chaleur parfois importants. "Il y a aussi des effets sur l’ensemble des communes de Loire-Atlantique, précise Romain Siegfried. Des espaces ponctuels, par exemple une aire de jeux pour enfants qui est en plein soleil avec 0 arbre. Alors s’il fait chaud 3 ou 4 jours par an, c’est pas grave. Par contre, si d’après les rapports du GIEC, demain ce sera 1 mois, 2 mois où il va faire chaud, sans emmener les enfants dans l’aire de jeu, ça va être plus problématique...
> Les écoles sont notamment pointées du doigt par l’AURAN qui estime que 98 à 99% des surfaces de cours sont bitumées, il en faudrait seulement 30%... L’agence préconise également 30% d’ombre dans les établissements scolaires, contre 5% actuellement.
Il va falloir faire des efforts...
C’est la végétalisation qui permet d’apporter de la fraîcheur. Demain, il faudra donc plus d’arbres et de terrain non bitumé dans nos villes et nos communes si on veut réduire la sensation de chaleur. Et cela va demander des efforts à tout le monde. Pour le directeur de projet de l'Auran, "ramener de la nature en ville, c’est aussi ramener peut-être des sols, des trottoirs par exemple, que certains pourront qualifier de moins entretenus, parce qu’il y aura plus de végétation qui va pousser. Les arbres en ville, c’est aussi des feuilles qui vont tomber sur les voitures... Donc est-ce que le citoyen d’aujourd’hui et de demain est prêt à accepter ces changements-là ? Est-ce que demain pour aller faire ses courses, il faudra mettre des bottes parce qu’on traversera des chemins de terre... ? La nature a été beaucoup rejetée et on est habitués à être dans un espace propre et assez peu de nature, finalement.
La ville de Nantes va tester sa première journée sans voiture le dimanche 18 septembre prochain.
Pour en savoir plus : www.auran.org