Bretagne. Les infirmiers libéraux en colère aujourd'hui à Quimper, témoignages

Publié : 19 mars 2024 à 20h16 - Modifié : 19 mars 2024 à 20h22 par Dolorès CHARLES

Les infirmier libéraux en colère (29)
Les infirmier libéraux en colère (29)
Crédit : Yann Launay

Les infirmiers libéraux se sont mobilisés ce mardi 19 mars, avec des opérations escargot sur la Nationale 12 dans les Côtes d’Armor, dans le secteur de Quimper, sur la rocade de Rennes ou le périphérique de Nantes. Ils ont réclamé une revalorisation de leurs actes dont le tarif n’a pas bougé depuis 15 ans et une reconnaissance de la pénibilité de leur métier. Témoignages.

Ils demandent une revalorisation des actes médicaux et une prise en compte de la pénibilité du métier : les infirmiers libéraux se mobilisaient, aujourd'hui, mardi 19 mars, dans l'Ouest. Avec notamment des opérations escargot sur la rocade de Rennes, sur la RN 12 entre Guingamp et Saint-Brieuc, ou sur la voie rapide Nantes-Brest à hauteur de Quimper.

"Cela fait 15 ans que nos tarifs n'ont pas été révisés !"

Les manifestants ont aussi distribué des tracts sur des barrages filtrant. Yann Launay a rencontré Gwenaël, infirmier libéral posté sur un barrage filtrant à l'entrée de Quimper : "symboliquement, il y a quatre ans c'était le début du confinement et nous étions en première ligne. Cela fait 15 ans que nos tarifs n'ont pas été révisés. On fait beaucoup d'actes gratuits et la santé "pèche" de plus en plus. Aujourd'hui, on se mobilise pour vous défendre aussi, au niveau de la santé. [Je vous soutiens...] On est dévoués dans notre travail, mais vous prenez un patient qui a une intervention chirurgicale. Il a des pansements, des injections de anticoagulants et des prises de sang. Le pansement est compté à 100 %, le deuxième à 50 % et le troisième est gratuit, et s'il y a d'autres soins à côté, ils sont gratuits."

Gwenaël, infirmier libéral
Crédit : Yann Launay

Les infirmiers interpellent le ministre de la santé

Sur les barrages filtrants, les automobilistes étaient globalement compréhensifs, mais certains se sont montrés agacés d'être mis en retard, comme cette conductrice abordée à Quimper par Aurélie, une infirmière libérale de la Forêt-Fouesnant : "Comment voulez-vous qu'on aille travailler, prévénez-nous... On les dérange un peu, mais le ministre de la Santé ne nous entend pas, alors il faut bien déranger les gens pour qu'ils comprennent qu'ils ont besoin de nous et que Monsieur Valletoux comprenne que les infirmiers libéraux sont importants sur le territoire. Là où il n'y a plus de médecins, on a encore la chance d'être là et on est l'intermédiaire. On soigne tous les jours, mais si les cabinets ferment, qui va soigner les gens ?"

Pancarte
Pancarte
Crédit : Yann Launay
Une conductrice avec Aurélie, infirmière libérale de la Forêt-Fouesnant
Crédit : Yann Launay

"On est des oubliés de l'état et des oubliés de la santé"

Les infirmiers libéraux expliquent ne pas avoir connu de réelle revalorisation de leurs actes depuis 15 ans, alors que leur charge de travail ne cesse de s'alourdir. Sonia, infirmière à Monteneuf, près de Ploërmel, dans le Morbihan, ne cache pas son amertume : "on est à saturation parce que le Covid est passé par là. On a été sur tous les fronts, je bossais de 16 à 17 heures par jour. On nous a demandé de faire beaucoup ce qu'on a fait de notre plein gré. mais résultat des courses, on n'a pas la Prime Ségur, on n'a pas été reconnus.

J'ai un Covid long et cela ne passe pas en maladie professionnelle. On est des oubliés de l'état et des oubliés de la santé ! Si les libéraux arrêtent, je ne sais pas comment on va faire le suivi à domicile. A l'heure actuelle, l'hôpital est en difficulté. On fait maintenant des téléconsultation puisque les médecins débordés ne se déplacent plus."

Sonia, infirmière à Monteneuf (56)
Crédit : Yann Launay

Sonia attend une prise en compte de la difficulté physique et psychologique du métier, négligé selon elle par le ministère de la santé. "A près de 50 ans, j'ai des soucis d'épaules, d'autres c'est le dos. On porte des poids à plus de 80 kilos pour mettre quelqu'un dans un fauteuil roulant. Même avec du matériel, il faut les porter et on se voit pas tenir jusqu'à 67 ans. Idem sur le plan psychologique, car on est seul face aux patients (...) Le système de santé part à vau l'eau et nous on est dedans. On est le maillon entre l'hôpital et le patient."

Après ces actions en province, une manifestation nationale à Paris est prévue pour le 4 avril prochain.