Bretagne. Les élus se mobilisent contre le projet d'une ligne TGV entre Rennes et Redon
Publié : 13 mars 2023 à 11h46 - Modifié : 13 mars 2023 à 11h47 par Dolorès CHARLES
Les élus bretons ont manifesté vendredi dernier (10 mars) à Rennes (35), pour refuser le projet de ligne TGV Rennes-Redon, et demandent au gouvernement d'annuler cette option, pour empêcher que de l'argent public ne finance des études sur ce tracé. Les explications de Pierre-Yves Reboux, maire de Val d'Anast avec Yann Launay.
Ils ne veulent pas d'une ligne de TGV entre Rennes et Redon : des élus bretons se mobilisent pour obtenir l'annulation de ce projet. C'est l'une des options étudiées par la SNCF pour accélérer les trains entre Rennes et Nantes, sachant que la ligne actuelle, qui suit la vallée de la Vilaine, est incompatible avec la grande vitesse. L'idée serait donc de créer une toute nouvelle ligne, un peu plus à l'ouest. Mais pour les élus des Vallons de Vilaine, pas question de voir une ligne TGV traverser leurs communes, et de sacrifier des espaces naturels et agricoles.
Un projet menaçant la nature
Un projet d'un autre âge, pour Pierre-Yves Reboux, maire de Val d'Anast (*) et président du Schéma de cohérence territoriale des Vallons de Vilaine. Pour lui, cette option n'est pas en accord avec les impératifs de préservation de l'environnement, et en contradiction avec les objectifs fixés par le gouvernement lui-même : "la loi climat et résilience, qui a été votée en août 2021, demande aux élus de diminuer par deux dans leurs projets futurs, dans les dix années qui viennent, la consommation foncière pour accueillir des habitants. C'est à dire que pour urbaniser, si on consommait dix hectares avant, il faudra en consommer seulement 5, et en 2050 zéro artificialisation nette. On n'artificialise plus le sol, on ne touche plus à rien. OK et en même temps, on continue le monde d'avant et 600 hectares passent à la trappe."
Une tranchée sur 600 hectares, non !
Pierre-Yves Reboux et ses confrères estiment qu'une telle ligne viendrait impacter des zones rurales, sans rien apporter aux habitants, dans une logique d'aménagement du territoire complètement caduque : "on est sur un projet métropolitain comment on interconnecte Nantes et Rennes, qui doivent grossir. Peut être qu'il y a un autre mode de développement qu'il faut faire et déjà peut être commencer tout de suite par désengorger ne serait ce que Rennes ?Peut être que là, effectivement, il faut se dire que le train est la solution pour sortir des rocades, là où le métro s'est arrêté, pour venir à dix ou quinze kilomètres chercher les habitants ? Que les études continuent pour améliorer le train du quotidien, oui, qu'on fasse du RER, oui pourquoi pas, mais une tranchée sur 600 hectares non !"
Un coût monstre pour un gain de temps dérisoire
Les élus dénoncent un chantier pharaonique pour un gain de temps dérisoire : "au final, le projet nous fera gagner quoi ? Est ce que Nantes n'a pas de train ? Est ce que Redon n'a pas de train ? Est-ce que Quimper ou Vannes n'ont pas de train ? Mais si, ils ont bien un train et ce projet permettra de gagner 11 minutes, avec un projet dont on nous dit au final, si tout était bouclé, pourrait coûter 3 milliards d'euros ! A un moment, il faut parler de finances publiques. Est ce qu'on peut à la fois faire du TGV, du réseau du RER ? D'où sort cet argent magique? Onze minutes qui ont déjà coûté 2 millions d'euros d'études publiques, qui ont été commencé. Il y a une rationalité qui n'existe plus entre le coût, le gain et surtout le non service pour nos habitants."
Pour les élus opposés à ce projet, les milliards que ce chantier engloutirait seraient plus utiles pour développer les liaisons ferroviaires du quotidien. Malgré le refus exprimé par 33 communes, le projet figure toujours dans un rapport remis à la Première ministre Elisabeth Borne, fin février. Les élus demandent aujourd'hui au gouvernement d'annuler clairement cette option, pour empêcher que de l'argent public ne finance des études sur ce tracé.
(*) Val d'Anast est une commune nouvelle, constituée par le rapprochement de Maure-de-Bretagne et Campel.