Bretagne à 5 : Nantes veut avancer vers un referendum

Publié : 5 mai 2023 à 22h57 - Modifié : 8 mai 2023 à 16h18 par Emilie PLANTARD

Gwen ha du
Gwen ha du
Crédit : © Valéry Joncheray

La ville de Nantes est favorable à l’organisation d’une consultation citoyenne pour un éventuel rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne. Elle avance dans sa démarche et a invité les élus de plusieurs collectivités à travailler autour d’une instance commune. Leur première mission sera d’envoyer un courrier à la Première ministre.

Des élus de Bretagne et Loire-Atlantique s’apprêtent à écrire à la Première ministre Elisabeth Borne pour lui demander d’organiser une consultation citoyenne sur le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. La première action de 21 collectivités, réunies ce vendredi 5 mai à l’initiative de la ville de Nantes autour d’une instance commune. Il y a les villes de Brest, Saint-Brieuc, Quimper mais aussi Gouenarc’h, Languidic, Moelan-sur-Mer ou Quimperlé. Les élus de cinq d’entre elles étaient à Nantes, ainsi que Paul Molac, député régionaliste du Morbihan, et élu de la région Bretagne, pour parler organisation et stratégie.

Une instance pour obtenir un référendum

"La ville de Nantes se dote d’une instance chargée de demander à l’Etat l’organisation d’un referendum, explique Forian Le Teuff, adjoint à la maire de Nantes en charge des enjeux bretons. Une instance composée d’une vingtaine de collectivités, des mairies mais aussi le Conseil régional de Bretagne, qui se fédèrent pour obtenir un scrutin. En 2018, 105.000 citoyens se sont exprimés pour pouvoir voter à travers une pétition sur la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. C’est une démarche civique inédite. Il faut trouver une réponse démocratique. Cette instance va agir pour obtenir un référendum dans les meilleurs délais."

La ville de Rennes ainsi que le département de la Loire-Atlantique pourraient rejoindre cette instance.

Forian Le Teuff, adjoint à la maire de Nantes en charge des enjeux bretons
Crédit : Emilie Plantard

Le principe de consultation citoyenne

Tifenn Siret est élue à la ville d’Hennebont, où le vœu d’organiser ce scrutin a été voté en conseil municipal. Avant même de se prononcer pour ou contre un rattachement, le principe démocratique de consulter la population s’est imposé."Ce qui est important pour nous, explique t-elle, c’est associer les citoyens aux décisions publiques. Effectivement pour beaucoup de communes, pour des petites communes, Hennebont c’est 16.000 habitants, souvent la question politique est très peu présente. On est beaucoup dans la gestion et donc se donner une légitimité politique à interférer dans la politique des autres, ce n’est pas une évidence. Le premier point c’est d’abord du choix démocratique et le reste viendra plus tard, quand les études d’impact seront réalisées."

Une étude d’impact de ce rattachement doit être commandée, elle sera financée (130.000 euros) par la région Bretagne et le département de la Loire-Atlantique.

Tifenn Siret, conseillère municiale à Hennebont
Crédit : Emilie Plantard

Un loi pour organiser le scrutin

L’organisation d’un tel scrutin est très encadrée en France, et cela doit d’abord passer par une loi. Et c’est Paul Molac, élu à la région Bretagne et député de la circonscription de Ploërmel dans le Morbihan, qui s’engage à le parcourir à l’Assemblée Nationale. "Normalement c’est plus simple qu’il y ait un projet de loi du gouvernement ou une proposition de loi d’un député pour dire qu’on va faire une consultation populaire sur telle question. Et ça c’est ce que je suis en train de faire en tant que député. J’ai rédigé la loi, cela peut prendre du temps... On a une niche parlementaire le 8 juin. Est-ce que ça passera dedans, je n’en sais rien. Sinon il faudra attendre 2024. Une fois qu’on a fait ça, l’avis est positif ou négatif. S’il est positif, cela veut dire d’aller voir tous les acteurs pour mettre en place ce que désirent les habitants de la Loire-Atlantique."

Une évidence démocratique

Pour Paul Molac, il est de toute façon légitime de revenir sur ce vieux débat, mais de manière démocratique cette fois. En 2018, une pétition avait réuni 105.000 signatures en faveur de cette consultation. "On n’a jamais demandé aux gens s’ils voulaient quitter la région Bretagne ou pas, ça s’est fait avec grands élus, et en fait on n’a jamais demandé son avis à la population. Or imaginez-vous, je suis morbihannais, tout-à-coup quelqu’un décide que le Morbihan ce n’est plus la Bretagne. De quel droit ? Si jamais personne ne disait rien, on pourrait dire que ce n’est pas grave. Mais là Bretagne Réunie l’a montré clairement. Donc dans ce cas, il faut demander l’avis du peuple."

La ville de Nantes envisage également d’organiser un grand débat pour éclairer les citoyens sur le sujet du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.

Paul Molac,conseiller régional de BZH et député de la circonscription de Ploërmel (56)
Crédit : Emilie Plantard