Brest. Le dernier voyage de l'Abeille Flandre, le "Saint-Bernard des mers"
Publié : 30 septembre 2022 à 18h40 par Dolorès CHARLES
Il y avait du monde ce vendredi matin à Brest (29), pour accueillir l'Abeille Flandre, le remorqueur de la partie arrière de l’Erika en 1999. Si cela vous intéresse, des portes ouvertes sont prévues ce week-end pour le visiter.
L’Abeille Flandre vient d’achever son dernier voyage : le remorqueur de haute mer est de retour à Brest, dans le Finistère, où il sera déconstruit. L’Abeille Flandre avait été basée pendant 25 ans à Brest, à partir de 1979, pour porter secours aux navires en difficulté en Atlantique et en Manche. Le bateau a notamment remorqué la partie arrière de l’Erika, en 1999, et remorqué le Ievoli Sun, l’année suivante. En 2005, l’Abeille Flandre avait rejoint Toulon et la Méditerranée.
Une fierté d'être à bord
Aujourd'hui vendredi 30 septembre, l’Abeille Flandre est entrée dans le goulet de Brest sous le regard ému de plusieurs anciens des Abeilles, comme Lionel Guyot, maître d’équipage sur la Flandre pendant 20 ans, interrogé par Yann Launay : "c'est vrai qu'on sait plu sur ces bateaux : déjà on avait confiance dans le bateau parce qu'on savait qu'il était costaud. On avait confiance et heureusement car dans les conditions dans lesquelles on navigait parfois et puis bon, il a toujours tenu. C'est un bateau mythique ! On allait partout, on parlait de l'Abeille Flandre et tout le monde connaissait et tout le monde disait que c'était le Saint-Bernard des mers. Quand j'étais à bord, il y avait des gens qui passaient sur le quai. On connaît trois bateaux le France, la Calypso et l'Abeille Flandre. Ça me faisait plaisir parce que je savais que les gens me regardaient comme moi. C'était une fierté."
L'Abeille Flandre déconstruit
Le propriétaire du bateau, le groupe Abeilles International, avait envisagé de confier le navire comme élément de mémoire et de patrimoine, mais aucun projet viable n’a été proposé. La société a donc décidé de faire déconstruire le navire plutôt que de le vendre et de le voir utilisé à mauvais escient. Une mauvaise reconversion n’était pas envisageable pour ce bateau mythique, comme le souligne Dominique Caillé, directeur général des Abeilles :
"C'est le premier navire affrété pour le dispositif d'action de l'Etat en mer en 78, après le tragique accident de l'Amoco Cadiz. La Flandre, elle, a été plus qu'utile. Elle a été indispensable comme maillon de ce dispositif. Je pense qu'entre les pétroliers, les vraquiers chimiquiers, des ferries parfois ou des chalutiers, il y a un nombre assez inouï de navires qui ont été assistés par ce bateau. Je pourrais vous donner un chiffre qui est assez à la fois effrayant et très réconfortant. Le nombre de 21 qui représente le nombre de catastrophes du type de l'Amoco Cadiz, que l'on estime avoir évité grâce au dispositif aujourd'hui tenu par les abeilles."
Un acier valorisé pour du BTP ou des navires
L’Abeille Fandre sera déconstruit par le chantier brestois Navaléo, tout comme son sister-ship l’Abeille Languedoc. Une déconstruction dans le respect de l’environnement et des travailleurs, et un vrai recyclage à la clé, comme l’explique Olivier Lebosquain, directeur de Navaléo : "le bateau, une fois en forme, sera découpé à l'aide de pelles avec des pinces hydrauliques et du chalumeau, afin de faire des morceaux d'acier qui seront ensuite transportés vers des fonderies françaises pour être revalorisés et utilisés. On démontre aujourd'hui que la déconstruction navale en France et particulièrement à Brest est possible, qu'il y a un vrai savoir-faire, une vraie compétence et un vrai modèle économique, puisque l'acier qui est récupéré de ces navires est valorisé ensuite pour du BTP ou et pourquoi pas des navires."
La découpe des parties métalliques de l’Abeille Flandre débutera en mars 2023.
Des visites pour le public
Des visites ouvertes au grand public sont organisées ce week-end à bord de l’Abeille Flandre : samedi (1er octobre) et dimanche (2 octobre), de 14h à 18h30, pour 3 euros. Les fonds seront reversés à l’association des Œuvres sociales de la Marine.