Brest. Irène Frachon sort la BD "Mediator, un crime chimiquement pur"
Publié : 9 janvier 2023 à 8h28 par Dolorès CHARLES
Le procès en appel du Médiator accusé d'avoir provoqué de nombreux décès, s'ouvre en ce 9 janvier à Paris, et il s'étalera jusqu'au 28 juin 2023. Attendue au procès pour témoigner, la lanceuse d'alerte de Brest, Irène Frachon, vient de sortir un roman graphique intitulé "Mediator, un crime chimiquement pur".
Le procès en appel du Médiator s'ouvre aujourd'hui (9 janvier) à Paris, alors que vient de sortir en librairie une bande dessinée co-signée par Irène Frachon (la pneumologue de Brest lanceuse d'alerte), intitulée "Mediator, un crime chimiquement pur". Un roman graphique de 200 pages, écrit avec l'auteur Eric Giacometti et dessiné par François Duprat.
Une délinquance pharmaceutique
Irène Frachon avait déjà écrit un livre, en 2010, pour dénoncer le scandale, et un film "La fille de Brest" est sorti en 2016. Mais Irène souhaitait un support qui permette d'être à la fois plus pédagogique et plus complet : "j'ai constaté que l'affaire du Mediator avait une telle ampleur qu'on en venait à oublier le crime originel, qui s'est noué dans les années 60 et qui concerne d'autres coupe-faim de Servier. Le Mediator n'est qu'une réplique d'un drame sanitaire qui se déroule depuis les années 60 sans discontinuer en France et dans le monde entier. Il m'a paru indispensable de raconter toute l'histoire de ces coupe-faim, l'histoire de cette firme délinquante qui s'est construite en fait sur de l'imposture scientifique et de la fraude à une délinquance pharmaceutique... et bien évidemment, hélas, de rappeler les drames vécu par toutes ces victimes de l'Isoméride ou du Mediator !"
C'est un "travail graphique exceptionnel"
La BD évoque le destin des victimes, la lutte d'Irène Frachon pour la vérité, mais revient aussi sur l'histoire des Laboratoires Servier et de leur fondateur, tout en donnant des clés de compréhension sur les aspects médicaux. Un contenu dense, et pourtant particulièrement digeste : "j'ai eu la chance de travailler avec un très grand artiste qui est le dessinateur François Duprat et également le coloriste Paul Bonnat. Elle est magnifique cette bande dessinée, c'est un travail graphique exceptionnel... et de travailler avec un scénariste, qui est capable de mener des récits de manière haletante, comme un polar. L'ensemble, si vous voulez, est à la fois haletant, comme je l'ai vécu, très pédagogique, très didactique, loin d'être une histoire difficile à comprendre, un peu pesante, un peu barbante et finalement dans laquelle on se perd... Au contraire, je pense que ça se regarde pratiquement comme un docu fiction de "Netflix" sauf qu'il n'y a pas de fiction, tout est vrai."
Tous les citoyens doivent connaître cette affaire
Cette bande-dessinée à la fois pédagogique, claire, et incisive, était le souhait d'Irène Frachon, pour que tous les publics puissent s'emparer de cette affaire : "Les futurs étudiants en médecine, les futurs soignants doivent la connaître, les politiques, les futurs juristes... Pas seulement savoir que c'est un scandale, de manière floue, ce qui alimente une méfiance généralisée, ce qu'on appelle le complotisme, mais de connaître les rouages de cette incroyable conspiration du Mediator contre la santé publique. Cela permet d'identifier ce qui nourrit notre défiance et peut-être de faire changer l'attitude de nos dirigeants, des autorités de santé, ou de la justice par rapport à un véritable laxisme aujourd'hui qu'on constate encore."
"Mediator, un crime chimiquement pur", édité par Delcourt, est en librairie. Irène Frachon offrira ses droits d'auteur à la revue médicale "Prescrire", revue indépendante, sans publicité, qui avait été l'une des premières à mettre en garde contre la dangerosité du Mediator.