"Breizh Forêt Bois" : plus de deux millions d'arbres plantés en 5 ans en Bretagne

Publié : 20 novembre 2023 à 9h11 - Modifié : 20 novembre 2023 à 10h16 par Dolorès CHARLES

Plant de Châtraignier
Plant de Châtraignier
Crédit : Yann Launay

Entre deux coups de vent, la région Bretagne a présenté le programme "Breizh forêt bois" lancé en 2015. Depuis cette date, 2,2 millions d’arbres ont été plantés. Un bilan positif pour la forêt qui gagne ainsi 2 000 hectares.

Plus de deux millions d'arbres plantés en cinq ans : c'est un premier bilan du programme "Breizh Forêt Bois", porté par la région Bretagne, avec tous les acteurs publics et privés de la filière. Il s'agit d'agrandir et d'améliorer la forêt bretonne, de mieux la valoriser économiquement tout en restaurant la biodiversité... et pas question de se satisfaire des premiers bons résultats, l'objectif est d'accélérer, avec un objectif de 5 millions d'arbres plantés d'ici 2025.

Des forêts  protectrices

Pour le vice-président de la Région Bretagne Arnaud Lécuyer, la tempête Ciaràn en a montré toute la nécessité : "la tempête nous a aussi appris que la forêt était protectrice. Là, où on m'a dit qu'il y avait le moins de dégâts agricoles, sur les serres notamment, c'est quand il y avait des arbres ou des forêts à proximité. C'est quelque chose qui est vrai pour l'agriculture mais quand vous avez des maisons, situées pas très loin d'une forêt, c'est aussi une barrière contre les intempéries et les tempêtes. Au delà de tous ces aspects que l'on connaît sur le climat, sur le fait d'être un puits de carbone, l'arbre est aussi protecteur."

Arnaud Lécuyer, vice-président de la Région Bretagne
Crédit : Yann Launay

La diversification des essences

Comment ce principe se traduit-il concrètement sur le terrain ? Exemple avec cette opération en cours en forêt de Chevré, près de Rennes, que nous présente Julien Blanchin, ingénieur forestier au Centre régional de la propriété forestière Bretagne Pays de la Loire :

"Ici, on est vraiment sur des terrains qui sont très pauvres et très acides, c'est un semis de pins maritimes qui a été réalisé au printemps, mais dans le cadre de "Breizh Forêt bois", il est bien demandé de diversifier les essences. Il y a donc du chêne rouge d'Amérique qui a été planté le long de la voirie, il y a une autre essence - le pin Haida - relativement résistant aux vents et aux sécheresses également... On prépare l'avenir ; on a fait attention à sauvegarder es zones existantes, notamment des îlots de feuillus, qui ont déjà une soixantaine voire 80 ans... Au tout début de la parcelle, il y a eu une mare forestière qui a été conservée, on aura donc quelques batraciens présents au niveau de la parcelle."

Julien Blanchin
Julien Blanchin
Crédit : Yann Launay
Julien Blanchin, ingénieur forestier
Crédit : Yann Launay

Une prise en charge de 50% des travaux

La forêt bretonne est détenue à 80% par des propriétaires privés, et le programme "Breizh Forêt Bois" vient les aider financièrement à réaliser des interventions d'amélioration, comme sur cette parcelle de la forêt de Chevré où poussent des pins maritimes : "on a des arbres qui font à peu près 6 à 8 mètres de haut, ils sont relativement serrés, d'où l'intérêt de faire une intervention qui s'appelle un dépressage. On va les laisser tous les 2m pour éviter qu'il y ait une trop forte concurrence, et que les arbres puissent bien se développer... C'est indispensable de faire ce genre d'intervention, d'où l'intérêt de ce programme "Brest Forêt Bois Amélioration" qui va aider les propriétaires à financer des opérations qui coûtent très cher. Cela permet d'avoir une prise en charge à hauteur de 50 % des travaux."

Julien Blanchin, ingénieur forestier
Crédit : Yann Launay

"L'idée est d'avoir d'autres options que celle de la coupe rase, qui serait la conséquence d'un échec climatique ou parasitaire"

Le cahier des charges de "Breizh Forêt Bois", qui prévoit notamment de planter en mélange les essences d'arbres, tient compte des leçons du passé récent et de ses ratés, comme par exemple pour les épicéas de Sitka.

Laurent Lemercier, expert forestier basé à Rostrenen : c'est une une "essence de reboisement qui a été largement introduite dans les années 60 à 80 ,sous l'ère du Fonds forestier national, et en peuplements pur, et on s'est rendu compte ces dernières années qu'on a eu une incidence assez forte d'un parasite qui s'appelle "le Dendroctone de l'épicéa", et  quand il attaquait des peuplements purs mono spécifiques, quelquefois on n'avait pas d'autre choix que de tout couper, alors que dans d'autres peuplements dans lesquels l'épicéa est présent, mais qu'on mélange avec de feuillus ou une autre essences résineuse, on peut avoir une autre option, c'est à dire extraire progressivement les bois atteints sur le plan sanitaire et les remplacer ... par d'autres essences. L'idée est d'avoir d'autres options que celle de la coupe rase, qui serait la conséquence d'un échec climatique ou parasitaire."

La forêt couvre en Bretagne à peine 15% du territoire. C'est 2 fois moins que la moyenne française, mais la superficie boisée a progressé de 2% ces 10 dernières années.