Bilan mitigé pour les terrains à un euro le m2 à Berrien

Publié : 12 mai 2021 à 11h23 - Modifié : 6 octobre 2021 à 15h34 par Dolorès CHARLES

Berrien - mairie
Berrien - mairie
Crédit : Yann Launay-Hit West

Des terrains à 1 euro le m² : c'est ce qu'avait lancé la commune de Berrien, en 2015, pour attirer des familles dans cette petite commune finistérienne des Monts d'Arrée. Il s'agissait à l'époque de sauver la quatrième classe de l'école, menacée de fermeture. Bilan de l'opération avec Yann Launay.

Dix terrains étaient proposés, dans un lotissement proche du bourg. Les premières années ont été plus compliquées que prévu, et aujourd'hui seules 3 maisons sont construites. Mais les choses devraient rapidement changer : avec la soif de campagne et de Bretagne, ces terrains à petit prix séduisent. Au total, 7 ont été vendus, et peut-être bientôt 9, puisqu' Antonia et Pascal pourraient en acheter 2 très prochainement : lui est originaire de Bretagne, elle du Var, et ils vivent dans l'Aude, près de Carcassonne. Ils veulent construire leur maison eux-mêmes (Pascal est artisan). Le déconfinement a permis au couple de venir sur place, en ce début de semaine, pour choisir le terrain qui leur conviendrait le mieux, guidés par Hubert Le Lann, le maire de Berrien :

Repérage
Repérage
Crédit : Yann Launay

C'est par hasard qu'Antonia et Pascal sont tombés sur ces annonces de terrains à 1 euro le m². Pascal, originaire de la région, connaissait mal cette partie du Finistère, mais le couple est séduit et prêt à sauter le pas :

"Antonia : "Nous avons de la famille qui habite dans le Finistère, et nous avons décidé de changer de vie et de venir auprès d'eux... Nous habitons vers Carcassonne.. Il fait trop chaud, là-bas, moi j'aime bien les climats tempérés... La Bretagne c'est une région qui me plaît.

Pascal : "Cela fait un moment qu'on y pensait, un an ou deux.. Je me disais : je ne vais pas attendre d'avoir 70 ans, j'aimerais bien, tant que je suis encore valide, profiter de la région... J'ai encore la force de construire ma maison..."

Antonia : "J'ai fait des recherches sur internet et je suis tombée sur les lotissements à un euro... J'ai trouvé ça un peu bizarre... J'ai téléphoné à la mairie, et on se retrouve là, à venir voir, avec un projet... Après on me dit qu'il n'y a pas trop de travail.. Mon mari est tailleur de pierre, ce sera plus facile pour lui de trouver un travail... Moi je sais faire la cuisine, j'ai travaillé dans des hôpitaux, j'ai été vendeuse... Cela ne me dérange pas de faire n'importe quel travail..."

Antonia et Pascal
Antonia et Pascal
Crédit : Yann Launay-Hit West

Le lotissement pourrait donc finalement se remplir dans les mois qui viennent... Avec du retard sur les prévisions : Quand la mairie a proposé ces terrains à petit prix, en 2015, l'avalanche de coups de téléphone était pourtant encourageant... Mais tout ne s'est pas passé comme prévu, comme l'explique le maire, Hubert Le Lann :

"On ne s'attendait pas à ce que ce soit si long... Vu l'engouement au départ... On se daisait que tout allait être vendu dès le premier jour... Certains voulaient acheter les 10 terrains, aussi, et faire du business avec ça... Une fois que les choses ont été bien éclaircies, ça s'est un peu délité... Des gens sont restés pendant un an, en location, sur la commune, mais il y a eu le problème de trouver du travail... Et quand les gens ont fait l'acquisition, c'était au printemps, il faisait très beau, après il y a eu l'hiver, et c'était un peu plus dur, certains venaient du sud, ils ont été nostalgiques de leur région... Ils ont revendu le terrain à la commune, au même prix qu'ils l'avaient acheté... Et depuis la commune revend petit à petit, on est moins exigeant sur le fait qu'il faille être une famille avec enfants : ces terrains, il faut les vendre..."


Hubert Le Lann, maire de Berrien
Hubert Le Lann, maire de Berrien
Crédit : Yann Launay-Hit West

Malgré les difficultés rencontrées, Hubert Le Lann estime que l'expérience est finalement positive :

"Le but principal, c'était sauver l'école... L'école a été sauvée... On a des gens qui viennent petit à petit s'installer... Le souci, c'est quand même l'emploi. Les bassins d'emploi, c'est Morlaix et Carhaix, mais on a des gens qui vont chaque jour à Brest, ils considèrent que vivre à la campagne a un prix, et finalement ils mettent le même temps pour certains que lorsqu'ils étaient en région parisienne."

Berrien garde toujours l'objectif d'attirer de nouveaux habitants, des familles, des actifs, mais la commune ne lancera sans doute pas de nouveau lotissement à un euro le m².

Hubert Le Lann, maire de Berrien
Hubert Le Lann, maire de Berrien
Crédit : Yann Launay-Hit West