Bénédiction des couples gays : "il y a une difficulté d'acceptation de toute évidence" pour Quazar (Angers)

Publié : 11 janvier 2024 à 11h32 - Modifié : 11 janvier 2024 à 11h33 par Dolorès CHARLES

Illustration gay-friendly
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Crédit : Pixabay

Les associations LGBT ont réagi après le texte signé par les évêques de l'ouest demandant de "bénir individuellement chacune des deux personnes formant un couple, et pas le couple en lui-même". A Angers l'association Quazar parle d'un "manque de reconnaissance manifeste" de la part de l'Eglise Catholique, et "d'une difficulté d'acceptation évidente."

Volteface ! La porte s’est ouverte pour la bénédiction des couples homosexuels par le Vatican, à la mi-décembre, mais elle s’est vite refermée dans l’Ouest en ce début d'année. En effet, les autorités catholiques de l'Ouest (*) ont demandé à bénir individuellement chacune des deux personnes formant un couple, et pas le couple en lui-même, quelle que soit l’orientation sexuelle. Un document a été adressé en ce sens aux prêtres et aux diacres des diocèses de Bretagne et de Pays de la Loire.

Un manque de reconnaissance

Les évêques de la Région ont interprété à leur manière l’autorisation faite par le Vatican de bénir les couples "en situation irrégulière et de même sexe".  Pour les associations LGBT, et leurs militants catholiques et croyants, c’est un manque manifeste de reconnaissance.

"Ce qui est très problématique dans le fait que le couple qui se présente et qui en ferait la demande en tant que catholique, lui, c'est son couple qu'il vient présenter à la bénédiction qui est demandé, pas pour une reconnaissance du couple, mais pour la reconnaissance de l'amour des deux personnes qui, catholiques, souhaitent avoir cette bénédiction. Le simple fait de venir dire "on va bénir les personnes et pas le couple", c'est leur dire tout simplement qu'ils n'en êtes pas dignes. On reconnaît simplement votre personne et pas le couple que vous formez."

"En aucun cas, ils veulent que la demande soit une forme de reconnaissance du couple"

C’est forcément une déception, ajoute Stéphane Corbin coordinateur de Quazar, association de défense des personnes LGBT à Angers, interrogé par Dolorès Charles. "On rappellera au sens catholique que le mot bénédiction signifie "dire du bien de" et en ce sens, c'est très problématique parce que c'est dire du bien uniquement des personnes et pas du couple demandeur de la bénédiction. En gros, ce que les évêques de l'Ouest disent, c'est "on va le faire parce que le Vatican le demande", mais on vient quand même exprimer qu'il y a une problématique sur ce qu'on nous demande, c'est à dire qu'en aucun cas ils veulent que la demande soit une forme de reconnaissance du couple, que les deux personnes forment."

Stéphane Corbin coordinateur de Quazar
Crédit : Dolorès Charles

"Il y a une difficulté d'acceptation de toute évidence."

Stéphane Corbin de l'association Quazar évoque "la dichotomie de l’église catholique" :  "c'est comme le fait que l'Église catholique, sur la question de la reconnaissance des personnes homosexuelles, va toujours avoir cette dichotomie entre la personne et les actes qu'elle pose en tant que péché, c'est à dire l'homosexualité en règle générale. Il faut toujours couper les choses en deux en ce qui concerne la question de l'homosexualité, voire de la transidentité des personnes. Mais non, soit on les accepte dans leur intégralité, soit on ne les accepte pas. Et en gros, le texte des évêques de l'Ouest réaffirme qu'il y a une difficulté d'acceptation, de toute évidence."

Cathédrale de Lamballe (22)
Crédit : Hit West - Océane
Stéphane Corbin, coordinateur de Quazar à Angers
Crédit : Dolorès Charles

"Cela coince toujours à un moment", mais "le texte va dans le bon sens"

Le texte validé par le Vatican a suscité un tollé de la part de nombreux évêques en Europe, en Amérique et en Afrique, mais pour Stéphane Corbin, cela reste quand même une avancée car il y aura des demandes de la part des couples homosexuels catholiques. "D'une certaine façon c'est utile, mais dans l'utilité du moment, il faut rappeler toujours que ce n'est pas la personne dans son entièreté qu'on accueille et dans l'entièreté du couple qu'elle représente. Pour les catholiques, le terme amour a une puissance et là, on sent bien que ce n'est pas un amour inconditionnel, or pourtant c'est le message évangélique qui est passé. Vous voyez bien que ça coince encore à un moment."

(... ) Vous avez des évêques dans le monde qui eux parlent de la reconnaissance des couples, à l'inverse des évêques de l'Ouest : cela veut dire que nous sommes dans une partie de l'Hexagone "encore très conservatrice" sur ces idées, mais les choses avancent et de toute façon, ils peuvent difficilement envoyer paître le Vatican, et dire que qu'ils n'accepteront jamais ces bénédictions, puisque c'est un texte qui fait des propositions et va dans le bon sens."

Stéphane Corbin, coordinateurs de Quazar à Angers
Crédit : Dolorès Charles

L’association angevine Quazar défilera le 21 janvier 2024, contre la Loi Asile et Immigration, et ce sera d’ailleurs la thématique de la prochaine Marche des fiertés qui se déroulera le 27 avril, à Angers. De nombreux demandeurs d’asile viennent en France pour des critères d’orientation sexuelle et / ou d’identité de genre.

(*) Les signataires de ce texte : Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, Raymond Centène, évêque de Vannes, Emmanuel Delmas, évêque d’Angers, Laurent Dognin, évêque de Quimper, François Jacolin, évêque de Luçon, Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc, Laurent Percerou, évêque de Nantes, Jean-Pierre Vuillemin, évêque du Mans, Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes, Frédéric Foucher, administrateur diocésain de Laval.