Analyse du scrutin présidentiel : une France coupée en deux

Publié : 25 avril 2022 à 16h10 - Modifié : 25 avril 2022 à 16h19 par Dolorès CHARLES

Emmanuel Macron et Marine Le Pen
Crédit : Professions de foi

Retour sur le second tour de la présidentielle dans l'Ouest, que faut-il en retenir ? Quels enseignements ? Emmanuel Macron sort largement vainqueur, mais Marine Le Pen enregistre des scores plus importants qu'il y a 5 ans.

Focus sur les principaux enseignements du second tour du scrutin présidentiel, une abstention élevée à hauteur de 28%, la réélection évidemment d'Emmanuel Macron largement vainqueur avec plus de 58% des voix ce dimanche 24 avril 2022, et puis avec 41% des voix, la candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen, subit certes une défaite mais elle en augmentation par rapport à 2017 en nombre de voix. Après analyse détaillée, on se rend compte que l’Ouest reste une terre peu propice aux idées extrêmes, mais ces dernières progressent, comme le soulignait ce lundi midi Arnauld Leclerc, professeur de Sciences politiques à Nantes, dans l'émission "Sur place ou à emporter".

Premier point, l'ouest fait preuve de civisme, "si on prend les Pays de la Loire, on est à 4,5 points de participation supplémentaire par rapport à la moyenne nationale. Il y a un civisme plus fort, et puis deuxième élément très net, ce sont des terres bretonnes comme ligériennes, très tournées vers Emmanuel Macron, ou dans l'autre sens, ce sont des terres où le RN est beaucoup plus faible que dans d'autres régions de France. Globalement le Rassemblement National est faible sur tout l'Arc Atlantique, mais partout ailleurs il est devenu puissant. Dans les grandes villes notamment, ou agglomérations,  il suffit de regarder les scores à Rennes ou Nantes, on a des scores très impressionnants pour Emmanuel Macron, malgré tout, si on regarde par rapport à 2017 cela fait moins de voix et à l'inverse Marine Le Pen progresse en voix."

Arnauld Leclerc, professeur de Sciences politiques à Nantes
Crédit : Anthony Boutin

Une France coupée en deux

Le président sortant fait moins bien qu’il y a 5 ans mais il réalise un score meilleur qu’ailleurs en France : 66,6% en Bretagne, 64,9% en Pays-de-la-Loire, et c’est en Ille-et-Vilaine (70,9%) et en Loire-Atlantique (69,2%) qu’Emmanuel Macron "est le mieux réélu". Ce n’est pas la première fois qu’un président sortant est réélu, mais Emmanuel Macron est le seul à rester à l’Elysée sans avoir vécu de période de cohabitation. Pour autant, il devra gérer une France coupée en deux, relève Arnauld Leclerc, politologue :

"On voit une progression du Rassemblement National dans certaines zones, dans le sud Vendée autour de Fontenay, dans le nord de la Mayenne, dans certains coins du Maine-et-Loire - même chose en Bretagne, le RN progresse à grimper dans certains endroits, mais c'est pour l'heure assez localisé, mais c'est souvent dans les endroits où l'espérance économique et sociale est moindre... Le vote Macron est très (très) concentré dans les grandes aires urbaines, où les catégories sociales supérieures y sont plus nombreuses (...)

Il y la France BAC et en dessous (qui vote RN) et la France BAC+2 et plus, qui elle vote très massivement pour Emmanuel Macron. Même chose si l'on prend les catégories sociales, les votes des employés et les votes ouvriers sont très massivement Marine Le Pen et les cadres, cadres sup' et retraités votent très massivement pour Emmanuel Macron... On a vraiment deux "France", et on trouve aussi ça dans nos régions, entre des zones très dynamiques et d'autres qui sont le moins."

Bureau de vote
Crédit : Dolorès Charles
Arnauld Leclerc, professeur de Sciences politiques à Nantes
Crédit : Anthony Boutin

L’analyse de ce second tour avec Arnaud Leclerc est à retrouver en intégralité ici.