Aides, revenus, importations... Les agriculteurs de l'ouest remettent la pression sur l'Etat
Publié : 20 février 2024 à 8h36 - Modifié : 20 février 2024 à 8h37 par Dolorès CHARLES
Dans l'ouest, les agriculteurs comptent bien se faire entendre à nouveau cette semaine, alors que le Salon International de l'Agriculture, ouvre ce samedi à Paris. Les éleveurs réunis hier en préfecture des Côtes-d'Armor veulent des réponses concrètes quant aux prairies permanences, leur revenu ou les importations ukrainiennes de poulet.
A l'approche du Salon de l'Agriculture, qui démarre ce samedi à Paris, les agriculteurs maintiennent la pression. Ils ont décidé de passer à nouveau à l'action, dans l'Ouest comme dans toute la France. : ils attendent une entrée en vigueur rapide des mesures annoncées, et attendent aussi des mesures supplémentaires. Pour Fabienne Garel, éleveuse laitière et présidente de la FDSEA des Côtes d'Armor, le compte n'y est toujours pas, et particulièrement pour les éleveurs de l'Ouest. "Sur les sujets forts que l'on attend, on n'a pas de réponse, c'est à dire sur les prairies permanentes, la concurrence déloyale avec les importations de poulet et autre point, c'est EGALIM. Il y a une volonté de faire plus de contrôles, de faire en sorte que la loi soit pleinement appliquée. Mais, ce qu'on attend c'est d'avoir une rémunération à la hauteur de nos produits... (Il faut) que des lois soient votées, pour qu'on ait un grand plan élevage pour notre souveraineté alimentaire et pour que des agriculteurs puissent vivre de leur métier."
"Aujourd'hui les éleveurs sont en train de crever, et il est temps de nous aider"
David Labbé est éleveur de volaille à Plourivo, dans les Côtes d'Armor, et président de la section volaille FRSEA Bretagne. Il manifestera ce mardi (20 février) entre Callac et Guingamp, puis demain mercredi à Saint-Brieuc, devant la préfecture. "Il faut qu'ils entendent là-haut, on doit continuer à activer le feu, sinon ils vont se dire que nous nous sommes calmés. On a fait des effets d'annonce, ils sont calmés alors on pose le dossier en bas de la pile et on verra dans un an. Non, aujourd'hui les éleveurs sont en train de crever, et il est temps de nous aider. Il faut des réunions en préfecture, en mairie, des manifestations en GMS, des manifestations devant la préfecture... Il faut bloquer les quatre voies, etc. On a les engins pour, et on a le temps et il faut qu'on se fasse entendre parce que cela ne peut pas durer comme ça."
"C'est toute l'Europe qui trinque avec les importations ukrainiennes"
Les éleveurs de volaille attendent toujours une solution pour les protéger de la concurrence ukrainienne, qu'ils jugent déloyale, les normes étant là-bas moins exigeantes qu'en France. Avec la baisse des taxes douanières sur le poulet et les œufs ukrainiens, les importations ont bondi, et les mesures proposées par le gouvernement ne résoudront rien. "Il y a une clause pour dire qu'on bloque aux volumes de 2022 - 2023 sur les importations ukrainiennes, sauf que sur la période 2022 - 2023, on est à peu près à 200 ou 300 000 tonnes de volaille, explique David Labbé. C'est déjà beaucoup trop parce qu'aujourd'hui, les éleveurs ont fait -25 voire moins 30 % en volume et sur des revenus qui sont déjà bas... aujourd'hui, on s'en sort plus. C'est toute l'Europe qui trinque avec les importations ukrainiennes. On les aide et nous on est en train de crever".
Les agriculteurs attendent aussi une implication des collectivités locales comme de l'Etat pour faire changer les pratiques de la restauration collective : David Labbé se dit prêt à mener des actions dans des cantines et autres cafétérias, pour y traquer la viande de volaille d'importation, qui ne respecte pas les normes françaises. "Tout ce qui est hôpitaux, cantines scolaires, cantines d'entreprise. À 80 - 90 %, c'est du poulet importé et ça ne se voit pas parce que le poulet, une fois qu'il est l'assiette, personne ne s'en rend compte. Il faut que les collectivités réagissent et nous fassent travailler."
La Confédération paysanne veut poursuivre les actions
La Confédération paysanne estime que la préservation de l'environnement et le revenu des agriculteurs sont finalement largement oubliés par le gouvernement, comme l'explique Dominique Madec, producteur laitier à Hillion et porte-parole de la Confédération paysanne : "sur la question de la rémunération des agriculteurs, notamment la question de ne pas être payés en dessous d'un prix plancher ou d'un prix de nos coûts de production, c'est une mesure structurelle qui doit s'inscrire dans le temps. Aujourd'hui, il n'y a pas de chantier ouvert sur ce sujet. La question de l'agroécologie est importante et c'est un angle mort qui n'est pas porté. Nous, on s'était battus localement pour les mesures agro environnementales et climatiques, les MAEC. Il y a des réponses positives, on peut s'en satisfaire mais on souhaite que l'ensemble des agriculteurs prêts à s'engager dans des démarches de transition puissent être soutenus à hauteur des besoins."
Des actions sont prévues dans les jours à venir, avec notamment un convoi de tracteurs, ce mardi 20 février, de Callac à Guingamp, et un rassemblement mercredi à Saint-Brieuc, devant la préfecture.
De son côté, Gabriel Attal a prévu une conférence de presse ce mercredi, à Matignon, pour répondre aux agriculteurs.