Saint-Nazaire. Les consommateurs regardent ils les étiquettes, et l'origine des produits ?
Publié : 26 février 2024 à 10h56 - Modifié : 26 février 2024 à 14h32 par Dolorès CHARLES
Les agriculteurs en colère sont montés à Paris pour présenter leurs productions au Salon International porte de Versailles. S'ils ont le soutien des Français, ce soutien se traduit il aussi au supermarché ? Les consommateurs sont ils enclins à payer plus cher pour leur assurer un meilleur revenu. Reportage en Loire-Atlantique.
Après une journée sous haute tension samedi dernier, au Salon de l’Agriculture, tout est revenu à la normale dans les allées du Parc Expos à Paris, et le public répond présent pour soutenir le monde agricole. Depuis le début de la mobilisation, les agriculteurs dénoncent pour rappel la concurrence déloyale de produits d'importation, qui ne sont pas toujours soumis aux mêmes normes environnementales ou sociales que les produits français, et qui se retrouvent pourtant sur les mêmes étals, en boutique.
"Je regarde si c'est français systématiquement"
Ce soutien des Français au milieu se traduit-il aussi au supermarché ? Les consommateurs regardent-ils les étiquettes ? Sont-ils sensibles à l'origine géographique des produits ? Nous avons posé la question à des clients d'une grande surface de Saint-Nazaire. "Je ne regarde pas forcément, mais parfois quand j'ai besoin du produit, je ne regarde pas et tout dépend du prix... Je regarde si c'est français systématiquement, je respecte le boulot des agriculteurs... Aujourd'hui on a juste dix minutes et on repart travailler. On fait les courses pour la semaine et honnêtement, on va au moins cher... Moi je regarde surtout si c'est local car je me dis financièrement que cela peut aller dans la poche des agriculteurs et leur permettre une meilleure rémunération. Quand on regarde l'origine des produits, cela peut venir de Pologne ou autre, malheureusement, il faut que le client soit de plus en plus vigilant et c'est dommage parce que ce n'est pas notre rôle."
Influencer la grande distribution
Les clients ont-ils tendance à privilégier les produits français, pour influer sur la grande distribution ? "Il y a d'autres acteurs qui pourraient faire des efforts, souligne une consommatrice rencontrée à Saint-Nazaire, au niveau des marges, dans les supermarchés, les industriels, etc. Je pense que chacun a une part à jouer... Hélas, on est tenu par le budget, et on n'a pas des porte monnaies extensibles... Il faudrait mettre tout le monde autour d'une table et essayer de résoudre le problème sans augmenter trop les prix pour les consommateurs... et en même temps faire vivre les agriculteurs. On peut tous faire un peu attention, parce qu'entre acheter une paire de chaussures à 200 € et faire ses courses peut-être 20 ou 30 € plus cher, c'est une affaire de choix."
Les produits sud-américains dans le collimateur
Les agriculteurs attendent aussi des garanties sur l'abandon de l'accord avec le Mercosur. Un accord commercial qui faciliterait l'entrée dans l'Union européenne de produits agricoles sud-américains. Pour eux, ce serait ouvrir la porte à des produits soumis à des normes sanitaires et environnementales moins exigeantes.
Pour Shirley, une Brésilienne installée à Saint-Nazaire, les craintes des éleveurs sont justifiées. Elle-même se méfie des produits de son pays d'origine : "on a beaucoup plus de pesticides qu'ici. Je suis maman, mais je préfère avoir moins de pesticides pour la viande. Je suis d'origine brésilienne et je préfère la viande française parce qu'il y a moins d'hormones... c'est plus cher mais même si le prix est plus élevé on va avoir une qualité de viande meilleure."
Toute cette semaine, à quelques mois des Européennes, le Salon de l’agriculture va voir passer bon nombre de politiques. Une réunion se tiendra dès ce lundi sur un "plan de trésorerie d'urgence" pour les exploitations agricoles en difficulté. Annonce faite par Emmanuel Macron, lors de son débat improvisé en marge de l'inauguration du SIA.