Pêche. Abondance record de la coquille Saint-Jacques en baie de Saint-Brieuc
Publié : 4 octobre 2022 à 11h10 - Modifié : 4 octobre 2022 à 11h14 par Dolorès CHARLES
La coquille Saint-Jacques est de retour, et vous n'en manquerez pas à Noël car elle arrive en nombre. Pour l'Ifremer, c'est le résultat d'une bonne gestion de la pêche à la coquille. Seul bémol, la taille de la coquille de Saint-Jacques... mais ce n'est pas inquiétant. Explications.
Une bonne nouvelle : alors que la pêche à la coquille Saint-Jacques démarre en ce mois d'octobre 2022, particulièrement en baie de Saint-Brieuc, les chercheurs notent une abondance record du coquillage, sur les côtes de Bretagne et de Normandie. Une abondance qui n'avait pas été observée depuis 40 ans par l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), et qui vient confirmer la tendance de ces dernières années.
Une bonne gestion de la pêche à la coquille
Pour Eric Foucher, biologiste à l'Ifremer, cette abondance peut s'expliquer par des conditions environnementales favorables à la reproduction de la coquille, mais pour le chercheur, c'est avant tout le résultat d'une bonne gestion de la pêche à la coquille, ce qui expliquerait aussi le contraste entre l'abondance dans les eaux françaises, et la raréfaction des coquilles sur les côtes anglaises :
"Côté français, il y a des mesures de gestion qui sont très fortes depuis très longtemps, et qui ont encore été augmentées récemment. D'une part, les saisons de pêche qui sont vraiment limitées à la période hivernale, avec des jours de pêche ouverts avec des horaires par jour, etc. C'est la première chose qui n'existe pas au Royaume-Uni. La deuxième chose, qui est très importante, c'est l'augmentation de la sélectivité des dragues, c'est à dire que les engins qui servent à pêcher les coquilles Saint-Jacques sont de plus en plus sélectifs et ne capturent que les plus grosses. Du coup, il y a toute une partie du stock qui aurait été exploitable, qui reste au fond, qui peut se reproduire, qui peut grandir tranquillement... et ces deux mesures là sont très importantes et on voit le résultat aujourd'hui."
Pas de conséquence sur la qualité de la coquille
L'Ifremer a malgré tout observé une diminution de la taille moyenne des coquilles, peut-être liée à la chaleur et à la sécheresse de cet été. Une diminution qui ne doit pas inquiéter, pour Eric Foucher :
"Ce n'est pas très grave parce que ... celles qui ont déjà la taille commerciale sont déjà très abondantes par rapport à ce qu'on avait il y a dix ans ou quinze ans, c'est sans commune mesure. On est dans une situation incroyablement plus confortable pour les pêcheurs, donc il y a largement une ressource suffisante pour être exploitée. De toute façon, les coquilles continuent à grandir, et grandissent toute l'année. Celles qui n'ont pas encore tout de suite la taille commerciale atteindront cette taille limite en cours de saison. Et même si elles n'atteignent pas cette saison là, il n'y a pas beaucoup de mortalité naturelle pour l'instant, alors on les retrouvera l'année prochaine à la taille. Elles participeront au renouvellement des futures générations. Oui, elles sont un peu plus petites cette année, mais ça n'aura pas de conséquence sur la qualité de la coquille, sur les quantités pêchées et sur le stock."
Pour Eric Foucher, même si la coquille est abondante, augmenter les quotas de pêche serait une erreur : "il faut rester avec les mêmes réglementations, ne pas augmenter l'effort de pêche. D'abord parce que ce n'est pas intéressant pour les pêcheurs, parce que aujourd'hui, ils ont des quantités à pêcher suffisantes, avec un prix qui est maintenu et en face de ça ils mettent très peu de temps pour les pêcher. Ils maximisent la valeur et minimisent les coûts. L'autre avantage, c'est qu'on n'est jamais à l'abri d'une année où la reproduction n'est pas bonne pour des raisons qui peuvent être diverses... et donc le fait d'avoir plusieurs générations disponibles en même temps sur le fond garantit un petit peu la stabilité de la pêcherie et des apports. On n'a pas intérêt à augmenter et à prélever davantage, au risque de casser la tendance actuelle."
Si vous êtes amateur de coquille Saint-Jacques, vous ne les paierez pas forcément moins cher : les marins-pêcheurs devront répercuter la hausse du prix du gasoil et l'augmentation générale de leurs coûts de production.