A Vannes, le Homard-frites en manque d'huile de tournesol

Publié : 5 mai 2022 à 8h47 - Modifié : 5 mai 2022 à 8h57 par Dolorès CHARLES

Tony Streissel
Crédit : Yann Launay

C'est une conséquence de la guerre en Ukraine (pays exportateur d'huile de tournesol) : le produit se fait de plus en plus rare en rayons, et de plus en plus cher. Reportage auprès des restaurateurs impactés comme le "Homard-frites" de Vannes.

La situation se complique pour les restaurateurs de l'Ouest, qui font une grande consommation d'huile de tournesol. Le produit se fait rare pour cause de conflit en Ukraine. En effet avec 50 % des exportations mondiales, l’Ukraine en est le premier exportateur. Et la guerre lancée dans le pays par la Russie, depuis la fin février, rend difficile les échanges commerciaux entre les pays. d'où cette pénurie et l'augmentation des prix.

A Vannes, c'est le cas du "Homard-frites", d'autant que le gérant, Tony Streissel, et son équipe, doivent participer au Hellfest puis aux 24h du Mans, dans quelques semaines, et ce sont plusieurs palettes d'huile qui leur seront nécessaires pour assurer leur prestation.

La galère des restaurateurs

"C'est un stress quotidien de chercher de l'huile, de devoir courir après, c'est quelque chose que je n'aurais jamais imaginé... Je sais que je vais avoir, de par les événements auxquels je participe, de bons contacts pour trouver de l'huile, mais je vais la payer 3 ou 4 fois plus cher qu'auparavant. On a investi dans une machine, qui nous permet de filtrer l'huile, pour avoir moins de consommation. Ça coûte très cher comme machine... On doit faire face, on n'a pas le choix... Demain, je m'appelle "Homard Pommes vapeur", déjà ça sonne beaucoup moins bien, et en plus de ça tout le monde va me demander des frites."

Tony Streissel
Crédit : Yann Launay

Un changement d'huile pas si simple

La solution serait de changer d'huile, mais remplacer le tournesol par le colza ou une autre huire, ce n'est pas aussi simple, comme l'explique Tony Streissel à Yann Launay : "J'ai une habitude, une qualité, une variété de pommes de terre et on a un temps de cuisson, une température, tout un mode opératoire qui fait que changer d'huile remettrait tout en cause. De ce que j'entends, certains agriculteurs bretons se seraient mis à planter du tournesol : travailler du tournesol local, pourquoi pas ? Nous sommes dans l'obligation de trouver des solutions. On les trouvera, après, à quel prix ?"

Le Homard-frites
Crédit : Yann Launay
Tony Streissel
Crédit : Yann Launay

Une hausse des prix cet été ?

Un restaurateur comme Tony Streissel doit faire face la hausse des prix de l'huile, du homard, de l'énergie. La marge a fondu, ces derniers mois, pourtant les tarifs affichés n'ont pas bougé :

"On n'a pas encore fait d'augmentation sur la carte. Pour cet été, si la situation n'évolue pas, il va falloir forcément qu'on y réfléchisse : j'ai des charges comme tout le monde, j'ai un résultat à fournir comme tout le monde. C'est quelque chose qui m'attriste de devoir imaginer une solution comme celle-ci : démocratiser le homard reste dans ma logique de développement. Si je peux conserver le prix actuel le plus longtemps possible, je le ferai... J'espère que tout ça va revenir à la normale. On sort d'une crise épidémique grave, qui a duré longtemps et qui n'est pas encore terminée... Maintenant on plonge dans une guerre..."

 

Tony Streissel
Crédit : Yann Launay

Aujourd'hui, la présence du Homard-frites au Hellfest (le festival de Clisson du 17 au 26 juin 2022) n'est pas remise en cause, tout comme l'ouverture du restaurant de Nantes, toujours prévue fin juin. A noter d'ailleurs que le Homard-frites recrute, pour cette ouverture dans la cité des Ducs.