A Nantes, les urgences de la main craignent de devoir fermer
Publié : 22 juin 2023 à 18h54 - Modifié : 24 juin 2023 à 8h24 par Emilie PLANTARD
En 2021, une loi relative au financement des urgences a privé les urgences de la main des dotations de l’Etat. Cela fragilise l’équilibre économique de cette structure, gérée à Nantes par le groupe Elsan. Les chirurgiens dénoncent une dégradation de la prise en charge et craignent même de la voir fermer.
A Nantes, les urgences de la clinique de la main, établissement géré par le groupe de santé Elsan, sont-elles condamnées à fermer ? C’est en tous cas la crainte exprimée par les chirurgiens qui y exercent en libéral, sur un plateau technique ouvert 24 heures sur 24 et 7 jour sur 7. Auparavant, la structure fonctionnait grâce à un partenariat financier avec le CHU de Nantes, qui pouvait y orienter des patients. Sauf qu’une loi de 2021 ne considère plus ces services comme des services d’urgences à part entière et les prive de ces dotations. On parle de plusieurs centaines de milliers d’euros. Le fonctionnement du plateau, avec des postes d’infirmiers et aides-soignants, repose donc uniquement aujourd’hui sur le financement propre de la clinique.
Une problématique de financement
Le Dr Marc Leroy, chirurgien aux urgences de Nantes, est aussi membre de la fédération des urgences de la main. Il explique que "ce n’est pas du tout une volonté du CHU, on a une coopération de grande qualité et un mode de coopération qui marche bien mais le ministère et la direction générale de l’offre de soin, ont émis un avis d’interdiction sur ce procédé de financement. Il y a 67 centres en France et toutes ces structures qui ne sont pas titulaires d’une autorisation d’urgences sont sorties du Scop et se retrouvent face à ces problématiques de financement."
A Nantes, les urgences de la main de la clinique Elsan enregistrent 25.000 passages chaque année. Le centre SOS main d’Angers est également concerné par ces problèmes de financement.
Des délais de prise en charge allongés
La coupe budgétaire est importante et ne permet plus d’être aussi efficace et pertinente en terme d’offre de soins. C’est ce que déplore le Dr Marc Leroy, interrogé par Emilie Plantard : "On ne peut plus avoir une exploitation qui fonctionne normalement, ce qui a comme effet direct d’augmenter les délais de prise en charge et de dégrader l’offre de soin. Moins d’espace, moins d’effectifs, de personnel... Or tout ce qui fait l’agilité d’un SOS main, c’est des prises en charge rapides, cela permettait de désengorger les services d’urgences c’est-à-dire que quand ces services sont engorgés par ce qu’on appelle de la bobologie, eh bien ils était déchargés dans ces centres et avaient en plus des avis d’experts avec des chirurgiens de la main. Ce qui évite les erreurs de diagnostics ou les prises en charge inadaptées."
"Le risque de fermeture est réel"
Le financement de ces urgences est désormais géré uniquement par la clinique de la main, qui doit s’adapter pour rester rentable. Mais l’équilibre parait difficile à tenir... "Le risque de fermeture des urgences est réel dans le sens où, si on n’a pas l’effectif pour faire tourner des salles opératoires, des salles d’accueil d’urgences, on ne pourra pas, observe le Dr Marc Leroy. En fait ce qu’on demande surtout c’est une reconnaissance des urgences de la main comme des urgences à part entière. On n’est pas les seuls touchés, vous avez ça partout en France et c’est une grande crainte de perdre cet outil qui existe depuis 30 ans, qui fonctionnait très bien. Ce serait un drame au point de vue médical et de santé publique.
La fédération espère être entendue par le ministère de la santé et la direction générale de l’offre de soins.