A Nantes, les éboueurs peinent à reprendre le travail
Publié : 5 avril 2023 à 10h22 - Modifié : 5 avril 2023 à 15h03 par Emilie PLANTARD
Les éboueurs nantais ont voté la reprise du travail jeudi dernier après 22 jours d’arrêt. Le ramassage des déchets a repris, mais seulement partiellement puisque les dépôts sont bloqués chaque matin par des manifestants, opposés à la réforme des retraites.
Les camions des éboueurs arpentent de nouveau les rues de Nantes, en Loire-Atlantique. Jeudi dernier (29 mars) en assemblée générale, ils ont voté la fin du mouvement de grève contre la réforme des retraites, ils ont donc repris les tournées sauf que depuis, ce sont les incinérateurs qui sont bloqués. Chaque matin, des manifestants de l’intersyndicale organisent des piquets de grève devant les centres, empêchant les camions de vider leurs chargements. Les tournées sont donc écourtées.
C'est un travail titanesque qui nous attend...
Olivier Buzeul est éboueur à Nantes, et ce mardi matin il attendait de pouvoir décharger au centre de tri des Etiers :"On a repris jeudi mais pour autant comme il y avait un piquet de grève devant l’usine, on a pu collecter qu’une demi-heure. Vendredi pareil, c’était bloqué et on a travaillé une heure, et hier (lundi) on a fait un seul tour de camion. Un seul tour ça représente 6 tonnes... Ça ne vide absolument pas la ville des déchets. Comme on ne fait pas de deuxième tour, ça n’avance pas. Dans le prochain mois, c’est un travail titanesque qui nous attend."
Un relai interprofessionnel
Devant les grilles des centres d’incinération, d’autres professionnels grévistes se relaient tôt le matin, comme ce petit groupe d’enseignantes rencontrées par Emilie Plantard : "On bloque les entrées des camions bennes, il y a un petit roulement tous les matins, on reste jusqu’à ce que les forces de police arrivent. C’est important de maintenir ce mouvement pour montrer qu’on est toujours en lutte même si les camions arrivent à passer cela retarde le travail et je pense que beaucoup sont contents qu’on les soutienne."
Moins d’impact financier grâce à la caisse de grève
Le nettoyage de la ville se fait donc au ralenti et la situation risque bien de ne pas se rétablir tout de suite. Du côté des éboueurs, la reprise du travail est une bouffée d’air financière après 22 jours de grève. Même si les syndicats doivent apporter une compensation grâce notamment à une caisse de grève en ligne. A Nantes, elle a déjà récolté plus de 30.000 euros selon Olivier Buzeul éboueur : "Dans un premier temps, on arrive à un certain montant et cette cagnotte va être distribuée principalement pour la collecte. Cela fait plaisir, surtout que souvent on est contre nous, on embête les gens sur le terrain. Mais le Covid nous a aidés en termes d'image, car nous étions "les seuls" à travailler. Les gens se souviennent et aujourd’hui le soutien des gens est encore bien présent."
Jusqu’au 15 avril
Une pause partielle dans la contestation. Devant les usines de collecte, l’ambiance est très calme, les éboueurs soutiennent d’ailleurs majoritairement ces blocages et ils ne s’interdisent pas de revoter la grève, si la caisse (de grève) le permet. "Reprendre le travail, oui. Eventuellement continuer la grève si on voit qu’il y a un gros impact et que les gens nous soutiennent. On est un peu fatigués mais on est résistants et cette réforme on ne l’admet pas. Il y a même une députée sur Paris qui a dit que c’était impossible qu’on puisse aller jusqu’à 64 ans. C’est trop dur. On demande le retrait de la réforme ou alors qu’on puisse avoir des avantages et partir plus tôt."
Dans l'ouest, le mouvement de grève a été reconduit à Saint-Brieuc.