A Nantes, le plastique à la cantine agite toujours les débats

Publié : 14 juin 2022 à 11h08 - Modifié : 14 juin 2022 à 18h21 par Emilie PLANTARD

Cuisine centrale Nantes
Crédit : Régis Routier/Ville de Nantes

Les collectifs Cantine Responsable et Cantine Sans Plastique 44 remontent au créneau face à la mairie de Nantes, qui peine à sortir ses cantines scolaires du tout plastique. C’est pourtant une obligation de la loi Egalim et une promesse de campagne des élections municipales...

La maire en avait fait la promesse en 2020, être sorti du tout plastique jetable en décembre 2021... Force est de constater qu’il y en a toujours aujourd’hui, même s’il y en a moins. Il a disparu des tables des enfants, remplacé par du verre et de l’inox. En revanche, les 15.000 repas sont toujours, chaque jour, réchauffés puis servis dans des barquettes en plastique. Seuls 9 restaurants scolaires sont en partie passées à l’inox, et pour le service uniquement. Une avancée lente, trop lente pour les associations qui demandent à la mairie d’accélérer.

Nicolas Martin est adjoint au maire de Nantes en charge de la restauration scolaire, il défend l’ambition intacte de la ville, mais il reconnaît des difficultés techniques, notamment au niveau de la cuisine centrale. "On est dans cette 1ère étape de déploiement de 9 écoles, on va bien sûr essayer de monter en puissance au fur et à mesure, mais je ne prends pas d’engagement à ce stade. On attend l’étude de réaménagement de la cuisine centrale, on attend l’étude de réaménagement de la cuisine centrale, qui sera plutôt pour l’automne, pour se dire quelles seront les étapes supplémentaires. "

Nicolas Martin, adjoint au maire de Nantes en charge de la restauration scolaire
Crédit : Emilie Plantard

Ca grogne dans les écoles...

De leur côté, les collectifs de parents d’élèves Cantine sans plastique 44 et Cantine responsable Nantes s’impatientent. Une rencontre entre les parties a récemment mis le feu aux poudres, d’autant qu’un grand questionnaire vient d’être adressé aux parents et aux élèves. Ils reprochent à la mairie de traîner à agir concrètement. Véronique Ducourant est membre active du collectif Cantine Responsable : "Ça prend trop de temps, ils ont déjà fait un premier audit en 2019 de la cuisine centrale, là on apprend qu’ils en font un 2è, à un moment il faut se lancer et puis surtout dans d’autres villes, ça avance. Donc on est à la traîne et surtout là, c’est la santé des enfants. On perd du temps, on est en colère. Le collectif est actif depuis 2018, et là on apprend que 8 ans après on en est encore là."

La nouvelle cantine centrale d’Angers, actuellement en chantier, devrait servir ses premiers repas zéro plastique à partir de la rentrée prochaine.

 Les collectifs maintiennent la pression

Les 2 collectifs veulent mettre un coup de projecteur sur ce plastique toujours présent dans les cantines. Aujourd’hui à Nantes, seuls la moitié des contenants en plastique ont disparu dans 9 des 88 cantines que compte la ville... "Notre ambition c’est de mettre un coup de pression, d’informer les parents, précise Véronique ducourant, car la ville lance un questionnaire et les parents pensent que la promesse de campagne est respectée. Comment peuvent-ils savoir que le plastique est encore là ? C’est aussi un coup de pression sur les fournisseurs industriels puisqu’à priori des solutions existent."

Il est toujours possible de signer la pétition ouverte par le collectif Cantine sans platique 44 en 2018, elle est accessible sur internet.

Le collectif Cantine Responsable maintient la pression
Crédit : Emilie Plantard
Véronique Ducourant, membre active du collectif Cantine Responsable
Crédit : Emilie plantard

Un contexte qui n'aide pas...

La mairie met en avant les difficultés qu’impliquent ces changements dans une cuisine centrale conçue il y a 30 ans et reposant sur le seul usage du plastique. De nombreux efforts ont déjà été faits pour respecter la loi Egalim, notamment sur l’introduction de l’agriculture biologique et des circuits courts dans les repas, la proposition de 2 plats végétariens par semaine... Il reste que ça coince au niveau du plastique. "La colère des parents est légitime, reconnait Nicolas Martin, adjoint au maire de Nantes, c’est bien de dire que ce doit être au-dessus de la pile des dossiers à traiter, et en même temps je mesure la réalité technique... On a des métiers en tension, on a du mal à recruter des cuisiniers, on a des bureaux d’études qui répondent ou pas... Ces métiers en tension c’est aussi une réalité économique, qui fait que ce n’est pas faute de vouloir mais il faut trouver l’expertise technique, les ressources pour pouvoir avancer sur ces sujets.

La ville de Nantes a dû se confronter à plusieurs mouvements de grève de ses agents territoriaux ces derniers mois, notamment dans les services de restauration scolaire.

Nicolas Martin, adjoint au maire de Nantes
Crédit : Emilie Plantard