A Nantes, le nombre de prêts sur gages a augmenté et ce n’est pas bon signe

Nouvel indicateur sur les difficultés financières des foyers, le Crédit Municipal de Nantes, qui gère également l’établissement de Rennes, a enregistré 11% de transactions supplémentaires en 2022. L’organisme est le seul à proposer des prêts sur gage. Le principe est d’y laisser un objet de valeur, des bijoux en or le plus souvent, en échange d’argent, en moyenne 8 à 900 euros l’année dernière. Cela peut être le moyen de faire face à un coup dur, sans passer par la banque. Une pièce d’identité suffit, et si possible, la facture d’achat de l’objet.

Les gens remboursent le prêt dans 90% des cas

Jean-François Pilet est le directeur général du Crédit Municipal de Nantes : "Tout le monde peut venir, et on vient quand on a un besoin d’argent effectivement. Cela a tendance à s’adresser aux personnes en difficulté financière. C’est un temps court, un prêt sur gage dure 10 mois en moyenne, on est vraiment là pour un coup de main ponctuel, les gens remboursent le prêt dans 90% des cas... Les objets principaux qu’on vient nous déposer sont des bijoux, mais sur le fond, tout type d’objet peut être accepté à nos guichets. On a des grands crus, des sacs de luxe, de l’argenterie, des ordinateurs..."

Une hausse des prêts inquiétante

Sur ses cinq agences, l’organisme nantais a octroyé près de 11.000 prêts en 2022 contre 9.000 en 2021, et cette hausse d’activité n’est pas forcément un bon signal. "L’activité avait beaucoup baissé pendant la crise Covid et en 2021 on avait retrouvé nos niveaux d’avant 2020. En 2022, on a une progression de 11% sur l’ensemble des montants qu’on a prêté, c’est très significatif. La dernière fois qu’on avait vu ça c’est 2008-2011 avec la crise financière précédente, on peut être une sorte de baromètre d’un contexte social difficile. Ce n’est pas qu’à Nantes, on est dans des eaux assez similaires à la progression française."

Une année 2023 inquiétante

Le crédit est ouvert à tous, et il est un moyen d’obtenir de l’argent rapidement. Le signe de difficultés financières pour autant de foyers. Le plus souvent, ce sont des femmes et plus particulièrement des mères célibataires qui viennent emprunter, relève Jean-François Pilet."Globalement on peut venir boucler sa fin de mois, une vente de voiture, on a eu des exemples sur les impôts... Il y a des causes très variées, globalement cela signifie que la population nantaise est plus en souffrance, a plus besoin de coups de main financiers sur une période courte, qu’elle ne l’a eu les années précédentes... Globalement (cela indique qu')une santé financière qui se dégrade. On sait que l’inflation est un facteur d’aggravation de la pauvreté, on sait que le contexte inflationniste va être constant en 2023 donc on devrait avoir une activité similaire en 2023."