Nantes soutient aussi les réfugiés ukrainiens
Publié : 30 mars 2022 à 8h51 - Modifié : 30 mars 2022 à 15h11 par Emilie PLANTARD
La ville de Nantes vient d’ouvrir un lieu refuge pour permettre aux réfugiés ukrainiens de se poser et les soutenir dans leurs démarches. Une aide qu’elle avait déjà mise en place en 2015.
Le conflit dure en Ukraine, alors qu’on estime à près de 4 millions le nombre d’ukrainiens ayant fui leur pays. Face à ce mouvement d’ampleur, l’Union Européenne a accordé une protection temporaire à ces ressortissants ukrainiens, qui peuvent la demander dans le pays de leur choix. En France, ce statut leur permet de bénéficier des aides accordées aux demandeurs d’asile, des aides financières mais également un accès aux soins ou à la scolarisation des enfants.
A Nantes, cet afflux de personnes rappelle celui des syriens en 2015. Comme en 2015, la mairie a donc ouvert un lieu d’accueil pour les familles ukrainiennes afin de les soutenir et les guider dans les démarches qu’ils devront effectuer, d’autant que le délai d’obtention la protection temporaire peut prendre 1 à 2 semaines. Yves Pascouau est élu à la ville de Nantes en charge des migrants.
"Pendant ce délai-là il y a la mise à l’abri qui est organisée par les services de l’Etat, et nous, ville de Nantes, on a ouvert ce lieu à la Manufacture des Tabacs de manière à pouvoir les accompagner dans un ensemble de démarches. Les démarches informatiques, mais aussi on leur donne des informations sur la vie à Nantes, un lieu où ils peuvent avoir de la restauration, ils peuvent récupérer des colis alimentaires, des kits d’hygiène... C’est un lieu où la ville vient apporter des besoins quotidiens à ces personnes qui n’ont pas beaucoup de repères."
Une procédure accélérée
Ces aides dont bénéficient les ukrainiens sont les mêmes qui sont accordées aux réfugiés, une fois qu’ils ont obtenu leur statut de demandeur d’asile. Sauf que cette démarche peut prendre plusieurs années en France... Cette fois, ce statut européen de protection temporaire accélère considérablement les choses mais cela s’explique par le caractère exceptionnel de la situation ; Yves Pascouau est élu à la ville de Nantes en charge des migrants : "C’est une bonne chose pour la situation des ukrainiens, ça peut être considéré comme regrettable pour les ressortissants syriens. On peut aussi légitimement se demander pourquoi on le fait pour les uns, pas pour les autres. C’est notamment la proximité du conflit ukrainien, et c’est l’ampleur de l’afflux des personnes puisqu’il y a plus de 4 millions de personnes actuellement qui ont franchi la frontière. Les Etats membres de l’Union Européenne ont choisi d’activer cette procédure pour protéger les ukrainiens mais également pour affirmer leur unité face à Vladimir Poutine.
Cette décision européenne protège ces ukrainiens qui fuient la guerre, souvent des femmes et des enfants et permet de les mettre rapidement à l’abri. Mais elle permet également de ne pas fragiliser le système européen de demande d’asile. Yves Pascouau, élu à la ville de Nantes en charge des migrants : "Aujourd’hui on imagine en Pologne par exemple, où il y a 2 millions de personnes, si 2 millions de personnes déposent toutes, en l’espace d’1 mois, une demande d’asile, le système d’asile polonais explose. Donc la directive a ces objectifs de permettre une protection immédiate parce qu’objectivement, ces personnes en ont besoin. Le deuxième objectif c’est de préserver les systèmes d’asile qui doivent continuer à fonctionner."
A noter que cette protection temporaire est valable 1 an, renouvelable une fois. Les ukrainiens, s’ils souhaitent rester en France, devront ensuite effectuer une demande d’asile, au même titre que tous les migrants en France.
Penser rapidement à leur intégration
Les familles ukrainiennes vont donc pouvoir faire une demande de logement, postuler à des emplois et scolariser les enfants. Les villes vont donc devoir s’adapter, la France prévoit d’accueillir plus de 100.000 ukrainiens. Ce sont autant de résidents supplémentaires, qui peuvent potentiellement s’installer dans la durée. Yves Pascouau : "Il faudrait à un moment donné qu’on arrive à avoir un maillage et une pensée de territoire sur ces questions d’intégration. C’est-à-dire sur ces questions de logement, de scolarisation, d’accès à l’emploi, de transport... Ça veut dire qu’une multitude d’acteurs doivent être mis autour de la table pour mieux le penser. A la fois les communes, le département pour la solidarité et les collèges, la région pour le transport et les lycées... C’est une réflexion collective et une coordination qu’il faut imaginer mettre en place rapidement."
Un rapport d’Amnesty International met en cause l’accueil que la France réserve aux migrants, il évoque même des « traitements dégradants » infligés à certains migrants, notamment à Calais.