1er mai : récolté le muguet 2023 est prêt pour la livraison
Publié : 28 avril 2023 à 10h23 - Modifié : 28 avril 2023 à 15h02 par Dolorès CHARLES
C'est la tradition du 1er en mai en France, offrir un brin de muguet. La fleur à clochettes est produite principalement en Loire-Atlantique, et cette année malgré la récolte tardive, vous retrouverez bien du muguet un peu partout, et sans doute aussi un peu plus cher.
A l’approche du 1er mai cela sent le muguet. Les derniers brins étaient récoltés hier (jeudi 27 avril), pour une cueillette qui a démarré vers le 15 avril. Pour rappel, cette petite fleur fragile à clochettes se produit essentiellement en Loire-Atlantique, le département concentre 85% de la production nationale. Au total, 60 millions de brins sont récoltés pour être vendus en cette journée spéciale.
Une récolte tardive, contrairement à l'an passé
Après une récolte précoce en 2022, cette année était jugée plutôt tardive, mais les producteurs nantais sont habitués à ces aléas climatiques, et ils se sont (encore) adaptés explique Clara Strach, conseillère technique muguet au Comité Départemental de développement maraîcher.
"On est quand même eu plusieurs vagues de froid, notamment courant janvier - février, avec des températures négatives et le muguet ne voulait pas trop sortir, il restait bien en terre. À cela s'ajoutait beaucoup de vent séchant, une alternance de vents d'est et de vents d'ouest, et que ce soit pour le muguet ou d'autres cultures, c'est un frein au développement. Les producteurs ont dû vraiment composer avec ce paramètre : ils sont vraiment dépendants du climat et on a toujours la date du 1ᵉʳ mai ! C'est un vrai challenge chaque année, que les annes soient précoces ou tardives, il faut être prêt le jour J."
Et avec le changement climatique, il va falloir s’adapter de plus en plus et "en conséquence", estime Clara Strachh, interrogée par Dolorès Charles. "Dans le futur, on va avoir des années de plus en plus précoces, et celle-ci (2023) aura peut-être été une exception, mais je pense qu'on va vers des années plus précoces, alors les producteurs s'équipent en amont. On a un stockage du muguet qui permet au 1ᵉʳ mai d'avoir des brins, qui sont de qualité malgré des récoltes un peu plus précoces."
Une main d'oeuvre présente...
Les producteurs du muguet s’adaptent aussi tous les jours à la main d’œuvre, plus ou moins présente le jour de la récolte. "En amont, il y a pas mal de publicité et de bouche-à-oreille qui fonctionne, ce qui leur permet de remplir leur équipe. Après, ce qui est toujours compliqué, c'est le jour J. Il faut avoir ces personnes à disposition au bon moment et des fois, les producteurs peuvent avoir quelques surprises. Et de la même manière, les saisonniers vont être plus ou moins fluctuants selon la météo du jour. On est bien d'accord qu'une récolte dans des conditions très fraîches ou dans du mauvais temps, c'est beaucoup moins motivant qu'une récolte dans des conditions ensoleillées... Après, on reste quand même sur un secteur en tension, on a des saisonniers, mais on n'a pas vraiment de marge de manœuvre au niveau du nombre de saisonniers."
Les profils des cueilleurs sont les étudiants, les demandeurs d’emploi et les retraités, ces derniers étant logiquement les cueilleurs les plus fidèles.
"On va venir trier les brins à l'aide d'une caméra"
Les derniers brins récoltés, ils vont désormais partir chez les grossistes et autres clients de la douzaine de producteurs maraîchers ou horticulteurs nantais. "Idéalement, on ne récolte pas le muguet en période de fortes chaleurs, précise Clara Strach. Là, les températures actuelles sont bonnes, donc le brin est récolté manuellement. On vient le trier parce qu'il existe différentes qualités de muguet : on va venir trier les brins à l'aide d'une caméra, et ensuite les brins sont regroupés selon leur qualité. Ils sont stockés à trois ou quatre degrés, le temps d'être acheminés par transport frigorifique jusqu'au jusqu'au client. On peut avoir du grossiste, ou de la grande distribution. Tout le reste du circuit va dépendre vraiment du client final..."
Le chiffre d’affaires annuel dégagé par la production du muguet varie entre 20 et 30 millions d’euros.
Les bouquets seront prêts pour le 1er mai et commercialisés partout en France, dans les Dom-Tom ainsi qu’en Belgique et en Suisse. Le prix du muguet devrait être légèrement en hausse, avec un coût de la main d’œuvre en augmentation.
Pour le conserver, un conseil selon Clara Strach, "le premier facteur sera de le mettre dans l'eau, c'est essentiel pour qu'il garde ce côté vigoureux et qu'il continue à fleurir parce qu'il peut ne pas être totalement fleuri. Il va continuer son développement à température ambiante. (Ne le mettez) pas au frigo bien évidemment, mais laissez-le à température ambiante, c'est suffisant. Pas d'exposition directe à la lumière, plutôt dans un salon, ou dans une salle à manger, et ça fera l'affaire."
Quelques chiffres :
- 7 000 saisonniers attendus sur une période de récolte d’une dizaine de jours
- Une production nantaise emblématique depuis les années 1920
- Une douzaine de producteurs maraîchers ou horticulteurs
- 120 ha en Loire-Atlantique