Déserts médicaux : l'urgence de réguler l'installation de médecins dans l'ouest

Publié : 21 mai 2023 à 22h28 - Modifié : 21 mai 2023 à 22h31 par Tom ROSSI

Crédit : Pixabay

En Bretagne et Pays de la Loire, de nombreux hôpitaux ferment leurs urgences la nuit par manque d'effectif. Un phénomène très prégnant dans les déserts médicaux comme la Mayenne, le sud de l'Ille-et-Vilaine et le sud de la Vendée. Pour y remédier, il faut réguler l'installation des médecins selon une association et des députés qui ont déposé une proposition de loi.

Fontenay-le-Comte, Luçon, Redon, Landerneau, Laval… Dans l’Ouest, plusieurs hôpitaux sont contraints de fermer régulièrement leurs services d’urgence la nuit. Par exemple, à Laval (53) ce mois-ci, les urgences ferment 14 nuits, soit presque la moitié du mois. En cause: le manque de personnel soignant.



"Si on avait des médecins mieux répartis sur le territoire national, cela irait mieux..."



La loi RIST, qui plafonne les rémunérations des médecins intérimaires dans les hôpitaux publics depuis début avril, a accentué ce phénomène. Mais ce n’est pas le cœur du problème explique Maxime Lebigot, infirmier à l’hôpital de Laval et président de l’Association de citoyens contre les déserts médicaux, inerrogé par Tom Rossi : "on parle beaucoup des urgences mais malheureusement c’est l’ensemble du système de soins et hospitalier qui est en souffrance. On manque de lits, de médecins généralistes partout. Les urgences représentent la partie visible de l’iceberg parce que c’est l’endroit vers lequel se dirige la population sans médecin traitant. Si on avait des médecins mieux répartis sur le territoire national, cela irait mieux. Il y aurait beaucoup moins de passages aux urgences et les médecins hospitaliers urgentistes arrêteraient probablement de démissionner. Car, aujourd’hui, on leur demande de faire de la médecine générale alors qu’ils sont là pour faire de la médecine d’urgence. Il faut traiter le cœur du problème qui est l’accès au soin primaire, c’est-à-dire la médecine de ville."

Titre :"Traiter le cœur du problème"

Crédit :Tom Rossi

Une autorisation d'installation


Pour y remédier, une proposition de loi a été déposée par des députés transpartisans sous l’impulsion de l’élu socialiste mayennais Guillaume Garot. Ils souhaitent que les médecins s’installent en priorité dans les déserts médicaux, ces territoires où l’offre de soins est insuffisante, comme la Mayenne, le sud de l'Ille-et-Vilaine, le centre Bretagne et une zone allant du sud de la Vendée au sud du Maine et Loire. 


Ce texte crée une autorisation d’installation : elle est délivrée de droit dans les zones sous-dotées. Ailleurs, elle doit faire suite à la cessation d'activité d'un praticien. Pour Maxime Lebigot, "cela va dans le bon sens... plus de 200 députés sont signataires de cette proposition de loi. On espère qu’elle sera inscrite rapidement à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Il faut passer par cette mesure pour rendre égal l’accès aux soins sur le territoire national. Nous souhaitons aussi pousser le travail de coordination avec les infirmiers libéraux et les infirmiers de pratiques avancées. Une loi dans ce sens vient d’ailleurs de passer. Il faut encourager ce dispositif de coordination des soins avec d’autres personnels de santé que les médecins. Ils sont déjà surchargés et pas assez nombreux dans nos territoires comparés à d’autres."


 

Titre :Loi pour réguler l'installation des médecins

Crédit :Tom Rossi

En attendant, les populations sans médecins traitants sont contraintes de se diriger vers les Urgences... ce qui n’est parfois pas nécessaire. Pour le savoir, il faut impérativement appeler le 15 avant de se déplacer. Un coup de fil qui pourrait devenir obligatoire pour diminuer de 20% la fréquentation des urgences. Ce n’est pas une mauvaise idée selon Maxime Lebigot, qui nous explique ce qu'un Lavallois doit faire si, par exemple, il se casse le bras la nuit quand les Urgences de Laval sont fermées : "il faut appeler le 15 : les ambulanciers viennent vous chercher et vous envoient à Château-Gontier ou Mayenne pour être pris en charge au service des urgences. Si votre fracture peut attendre le lendemain matin pour être opérer, on vous enverra le lendemain à Laval pour l'opération car vous dépendez de ce secteur...



Appeler le 15 ou le 116 117 pour savoir si on doit aller aux Urgences, c’est logique.



C’est comme quand on doit aller chez son médecin traitant quand on a la chance d’en avoir un. On appelle pour avoir un rendez-vous. Mais il ne faut pas oublier que les effectifs des médecins régulateurs qui répondent au téléphone ne sont pas pléthores. On voit que le ministre de la santé a lancé une grande campagne de communication "Le 15 recrute", ce n’est pas pour rien, c’est parce qu’on invite à appeler le 15, il faut donc augmenter les effectifs."


Cette campagne de communication vise à recruter entre 2 000 et 3000 assistants de régulation médicale pour désengorger l’hôpital. 

Titre :Appeler le 15 avant de se déplacer

Crédit :Tom Rossi

En ce lundi 22 mai, une réunion publique se tiendra à Bains-Sur-Oust, à la salle polyvalente (14 Rue de Munchhouse), en présence de plusieurs députés dont les mayennais Guillaume Garot et Yannick Favennec, et la députée LFI-Nupes d'Ille-et-Vilaine Mathilde Hignet.