Une Nantaise témoigne après le passage du cyclone Belal à La Réunion

Publié : 16 janvier 2024 à 10h06 - Modifié : 16 janvier 2024 à 10h12 par Elouen ROUCHY

Crédit : Flickr

Le cyclone Belal a touché très violemment l'île de La Réunion en ce début de semaine et fait de nombreux dégâts, au moins un mort sur place. L'alerte violette a été levée lundi (15 janvier) et l'alerte rouge ce mardi à 12h heure locale, 9h en métropole. Nous avons contacté Anaïs Charon, une Nantaise interne en médecine sur place, pour en savoir plus.

L'alerte violette a été levée hier (lundi 15 janvier), à la Réunion. Le cyclone Belal a été moins cataclysmique que prévu même si un décès a déjà été enregistré. 100 000 clients EDF soit 25% des foyers sont privés d'électricité et 37 000 personnes subissent des coupures d'eau. Sur place, on retrouve beaucoup d'internes en médecine, venus sur l'île pour 6 mois en inter-CHU. C'est le cas d'Anaïs Charon, une étudiante originaire de Nantes, en poste jusqu'au mois de mars.



"C'était vraiment un revival du Covid."



C'est la première fois qu'elle vit le passage d'un cyclone mais dans le comportement de la population et les gestes à appliquer, elle a retrouvé des similitudes avec le Covid. "C'était vraiment un revival du Covid c'est-à-dire que les gens se sont précipités dans les magasins pour acheter tout ce qui était denrées impérissables, eau potable, bougies... au cas où on serait coupé complètement pendant plusieurs jours... C'était alerte rouge dimanche soir, donc, moi qui travaille dans la santé, c'est assez intéressant à vivre parce qu'on savait que l'alerte rouge, une fois lancée, on a 3 heures pour se rendre sur les lieux de travail et où on restera jusqu'à ce que l'alerte soit levée. Pour les équipes de soins sont sur place depuis dimanche et jusqu'à ce mardi matin."

Titre :Anaïs Charon

Crédit :Elouen Rouchy


"Une simple boîte à outils laissée par terre... peut te "défoncer" toutes les fenêtres."



Pour anticiper l'arrivée du cyclone, elle s'est bien préparée avec ses voisins et ses colocataires. Car tout peut devenir un danger avec le passage d'un tel évènement climatique : "dans le quartier où je vis on a plutôt bien préparé le truc." Avec un tel cyclone, "tout peut être en danger c'est-à-dire qu'une boîte à outils laissée par terre peut être quelque chose qui peut te "défoncer" toutes les fenêtres. Toutes les dalles de la piscine mobiles, on les a enlevées une par une, et on avait attaché les poubelles entre elles, les vélos avec des ficelles pour que vraiment rien ne bouge.


J'ai l'impression qu'on a été tous plutôt sérieux dans le voisinage puisqu'il n'y a eu aucun dégât, pour le moment... Après c'est une maison assez nouvelle, qui n'avait pas connu de cyclone et qui est peu étanche... Là l'eau s'infiltre partout, on est en train de vider des seaux d'eau et les disjoncteurs sont en train de sauter un par un."



Palmier arraché - Crédit : Anaïs Charon

Titre :Anaïs Charon

Crédit :Elouen Rouchy


"Le retour à la vie normale ne va pas être avant la fin de semaine."



Si le plus gros du cyclone est passé, il va falloir être très vigilant car il y aura de gros risques pour la population locale. "On est encore confiné par contre, à partir du moment où l'alerte rouge sera levée, on pourra sortir de chez nous mais il y a ce qu'on appelle une phase dite de "sauvegarde" et en gros, c'est faire très attention à tout : chaque poteau sur la route, tout peut être un danger et les gens sont appelés encore à la plus grande prudence pendant plusieurs jours. Je crois que le retour à la vie normale va intervenir en fin semaine, pas avant."

Titre :Anaïs Charon

Crédit :Elouen Rouchy

Une vague de patients attendue


Anaïs a été confinée  pendant que certains professionnels étaient réquisitionnés à l'hôpital. Si c'était plus calme dans les établissements de santé pendant le passage du cyclone, elle s'attend à une vague de patients dès la levée du confinement : "Pendant l'alerte violette, tous les vecteurs de secours, les camions de SAMU, etc. ne peuvent pas sortir... Etonnamment, le personnel soignant, qui est actuellement à l'hôpital, me dit que c'est étrangement calme, par contre, on sait qu'à partir du moment où le confinement sera levé et que les gens pourront de nouveau aller dans les structures de soins, on va avoir ce "un retour de bâton" (...) Quand on va reprendre dans la journée, mardi ou mercredi, il va probablement y avoir le triple, voire le quadruple de patients avec des pathologies qu'ils ont laissé traîner chez eux, puisqu'ils ne pouvaient pas se rendre dans les structures de soins."

Titre :Anaïs Charon

Crédit :Elouen Rouchy

L'alerte rouge est levé à 12h heure locale ce mardi, soit 9h en métropole.


Le ministre de l'Intérieur Gerald Darmanin est attendu à La Réunion demain et a annoncé l'envoi de renfort sur place. Près de 150 personnels de la sécurité civile, des gendarmes ainsi que des agents d'Enedis seront envoyé dès la réouverture de l'aéroport.  Le cyclone a fait d’importants dégâts et un mort également à l’île Maurice.