Un projet de data center "vert", pour la fin d'année à Vannes

Publié : 23 mars 2022 à 16h36 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Alors que la sécurité informatique est revenue au premier plan, un projet de data center devrait bientôt voir le jour dans le Morbihan pour sécuriser les données des communes.

Ce projet de data center "écolo" est porté par Morbihan énergies, et devrait être créé à Vannes avant la fin de l'année. Ce centre de données d'environ 100 m2 sera alimenté en énergie verte et aura vocation à conserver les données sensibles des communes petites ou moyennes. L'incendie du centre de stockage OVH, à Strasbourg, il y a tout juste un an, a mis en lumière l'importance, pour les collectivités comme les entreprises, de savoir où et comment sont stockées leurs données, comme le souligne Jack Noël, conseiller municipal à Josselin, membre de Morbihan énergies et coordinateur au centre de cybersécurité de l'Université Bretagne Sud, au micro de Yann Launay.


"Un data center, c'est d'abord un outil de stockage : plein de disques durs collés les uns aux autres. C'est ensuite également un outil de sauvegarde. Ce qui sauve beaucoup d'entreprises, de collectivités, lors d'une cyberattaque, c'est comment la sauvegarde a été organisée. L'une des difficultés qu'il y a eu avec l'incendie d'OVH, c'est que la sauvegarde était au même endroit : certains ont tout perdu d'un seul coup. Le data center est forcément redondant, on imagine notre redondance avec d'autres collectivités, soit en dehors du territoire, soit sur le territoire."

Titre :Jack Noël, membre de Morbihan énergies

Crédit :Yann Launay

Gagner en maturité numérique


Pour Jo Brohan, ancien maire de Muzillac et président de Morbihan Energies, ce data center ne sera pas seulement une aide matérielle :  la mise en place de ce centre de données doit aussi permettre aux collectivités de gagner en "maturité numérique" : "il va falloir que l'on éduque les collectivités à ne pas stocker n'importe quoi. Il faudra faire un peu de nettoyage, un peu de tri, avant de stocker... J'ai un passé de maire, et je vois bien que dans nos collectivités, ce n'est pas notre préoccupation première (...) Lorsque vous avez une entreprise qui travaille pour vous, elle récupère des données sur votre collectivité, qu'elle conserve très souvent, et si vous en avez besoin, vous les racheter, alors que ce sont les vôtres..."

Titre :Jo Brohan, ancien maire de Muzillac et président de Morbihan Energies

Crédit :Yann Launay

Plus de courant, plus de données...


La consommation d'énergie sera l'un des défis à relever : les datar centers consommeraient entre 3 et 5% de l'électricité mondiale, et ce chiffre est en augmentation constante. Morbihan énergies veut faire de son data center un modèle d'efficacité énergétique, y compris pour le système de secours : "si jamais il y a une coupure d'électricité EDF, il faut imaginer le secours électrique, et pour le secours de notre centre de données, on n'imagine évidemment pas de groupes électrogènes diesel. Cela va être un système innovant, sans doute autour de l'hydrogène..."Le data center sera réservé aux collectivités locales, et ouvert, dans un premier temps, à une quinzaine d'entre elles.

Titre :Jack Noël, coordinateur au centre de cybersécurité de l'Université Bretagne Sud

Crédit :Yann Launay

Dans un contexte de menaces informatiques de plus en plus grandes , les collectivités locales sont particulièrement exposées. La préfecture du Morbihan et l'association des maires lancent une "feuille de route cyber" pour renforcer la sécurité des données numériques. Et dans ce cadre, la gendarmerie propose aux communes un diagnostic de leurs pratiques informatiques, de leur niveau de protection. Pour établir ce diagnostic, les gendarmes passent de multples aspects en revue, comme l'explique l'adjudant-chef Manuel Crapsi, du Groupement de Gendarmerie du Morbihan :


"Est-ce qu'on a un programme de sensibilisation à destination des collaborateurs ? Quel est le réseau installé ? Savoir identifier où sont les données, quelles sont les données critiques ? Ensuite, on va entrer dans un volet un peu plus technique, avec la gestion de la messagerie, des mises à jour, la gestion du réseau... Souvent, ils ont la conscience d'être vulnérables, mais le chantier est tellement grand. Ils ont peu de ressources à employer sur cette matière, ils ne savent pas par où commencer... Nous, on a l'ambition de leur donner des guides, des clés de lecture, ainsi qu'un plan d'action, pour les accompagner sur le long terme afin qu'ils puissent augmenter leur niveau de maturité cyber."

Titre : Manuel Crapsi, du Groupement de Gendarmerie du Morbihan

Crédit :Yann Launay

Ne pas confondre l'usage personnel et professionnel


Les gendarmes calculent un indicateur, un pourcentage de maturité cyber, et les communes qu'ils ont diagnostiquées jusqu'ici dépassent rarement les 40%. Pour  Manuel Crapsi, "selon la taille de la collectivité, les ressources humaines sont peu disponibles, les gens sont déjà sur plein d'autres chantiers. Les enjeux numériques font peur, la sécurité informatique est quelque chose qui reste assez opaque, alors qu'on peut facilement prendre des mesures pas forcément techniques, et ça commence par la sensibilisation, la gestion des mots de passe. On peut aussi parler du télétravail : on va confondre l'usage personnel de ces outils, et l'usage professionnel..."