Tourisme. La saison démarre prudemment sur la côte d'Emeraude

Le week-end de Pâques et les vacances d'avril lancent la haute saison touristique, dans l'Ouest. La saison 2023 sera-t-elle aussi réussie que la saison 2022 ? Quel impact peuvent avoir les mouvements sociaux ? Nous avons posé la question à Anthony Rambaud, restaurateur à Saint-Malo et vice-président de l'UMIH (Union des Métiers de l'Hotellerie) Côte d'Emeraude : "la deuxième quinzaine de mars a été vraiment moins bonne que l'année dernière. Ce qui nous pénalise plus, c'est plutôt la peur de la pénurie d'essence. On a eu des gens qui ont annulé car ils n'étaient pas sûrs de pouvoir repartir. C'est plutôt ça qui nous a gêné, plutôt que les manifestations qui ont été calmes sur Saint-Malo... Globalement, cela ne donne pas forcément une belle image à l'international, il va peut-être y avoir des départs différés, mais je n'ai pas eu d'écho en particulier. Là, les perspectives sont plutôt bonnes concernant Pâques. Tout est au vert du point de vue des réservations."

La clientèle d'affaire prudente

Jean-Philippe Roy dirige l'Hôtel de France & Châteaubriand, à Saint-Malo, et se dit plutôt confiant, même si toutes les clientèles d'avant covid n'ont pas été reconquises : "Les Anglais peinent à revenir : le Brexit nous a fait du tort et le Covid également et puis plus largement au niveau européen, cela commence à revenir - les pays scandinaves, l'Allemagne... Pour la clientèle d'affaires, dans ces moments incertains et cette période inflationniste, les entreprises sont prudentes sur la programmation de manifestations, que ce soit en séminaires de travail ou en divertissement. Cela dit, on complète par une clientèle touristique."

Recrutement : la problématique n'est pas réglée

Malgré l'inflation et les mouvements sociaux, les professionnels ne craignent pas vraiment de manquer de clients... mais plutôt de manquer de personnel : sur le front de l'emploi saisonnier, la situation ne s'améliore que lentement, comme le confirme Anthony Rambaud : "on a retrouvé de l'attractivité : nos salaires ont augmenté de 16 %, ce n'est pas rien non plus. On commence à revoir des gens qui avaient quitté la profession, ça, c'est plutôt positif. Mais la problématique n'est pas totalement réglée... Globalement, c'est une vraie décroissance économique quans on n'a pas nos équipes qui sont là. On ferme les établissements deux à trois jours par semaine... On a des hôtels qui n'ouvrent pas à 100 % de leur capacité ! C'est un paradoxe... On ne court pas après les clients, on court plutôt à gérer notre équipe et avoir notre équipe pour pouvoir répondre à l'offre."

Le recrutement de saisonniers reste un casse-tête, mais Anthony Rambaud veut rester confiant, grâce notamment aux efforts déployés pour aider les saisonniers à se loger. Sachant que la difficulté à trouver un logement abordable à proximité du lieu de travail est le principal frein à l'embauche, dans une zone comme la Côte d'Emeraude. Comme l'an passé, des chambres d'internats devraient être mises à disposition dans des lycées, et l'UMIH a décidé d'aller plus loin, en louant des appartements pour des saisonniers :

"L'Association l'UMIH rassure le bailleur en assurant les loyers et en faisant de la sous-location à des saisonniers. On équipe entièrement l'appartement et le saisonnier n'a plus qu'à poser ses affaires. On a un tarif à 250 € le mois en plein cœur de Saint-Malo. On essaye aussi de capter des appartements qui appartiennent aux communes. Là, on est sur les ville de Cancale et de Saint-Malo qui vont nous mettre à disposition des appartements pour qu'on puisse les équiper et les louer à nos saisonniers... Tout le monde se bouge pour arriver à améliorer l'accueil des saisonniers."

Au-delà des solutions à court terme, Anthony Rambaud et l'UMIH souhaiteraient voir émerger des solutions durables, comme par exemple la construction de bâtiments dédiés à l'accueil des saisonniers. Une réflexion a été lancée avec les collectivités locales.