Bretagne. Le voilier Tara prêt à lever l’ancre, pour une nouvelle expédition

Publié : 31 mars 2023 à 9h32 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Le voilier scientifique Tara va reprendre la mer ce dimanche 2 avril, à 16 heures de Lorient pour une mission de 18 mois le long des côtes européennes. Objectif : mieux comprendre la biodiversité et les écosystèmes. Reportage.

"Tara" est prête à lever l’ancre, pour une nouvelle expédition : la goélette quittera Lorient ce dimanche (2 avril) pour une mission scientifique de plus d’un an. Cette fois les premières étapes seront bretonnes : Tara démarre un périple de plus de 60 000 kms le long des côtes européennes, qui va mener les scientifiques jusqu’en Méditerranée et jusqu’à la frontière russe. Tara va poursuivre son étude du microbiome, peuple microscopique des mers, et de ses réactions face aux pollutions et au changement climatique. Une étude entamée au large, et que Tara va donc poursuivre sur les côtes, à l’interface de la terre et de la mer.



On s'attend à découvrir des centaines de milliers de nouvelles espèces



Colomban de Vargas est chercheur au CNRS à la station biologique de Roscoff, et membre de l’expédition : "Ce qui est maintenant clair et net, c'est que ce microbiome représente 95 ou même 98 % de la biodiversité. Le monde qu'on voit, en fait, est très pauvre par rapport au monde invisible. C'est vraiment la révélation de ces quinze dernières années : des virus, des petites cellules qu'on appelle des protistes, des tout petits animaux, des micro-algues, etc. qui font un monde beaucoup plus complexe que le monde visible. A l'interface terre mer, on s'attend à un microbiome carrément plus complexe encore que celui qu'on a vu dans l'océan ouvert. On s'attend à découvrir des centaines de milliers de nouvelles espèces."

Titre :Colomban de Vargas

Crédit :Yann Launay

L'impact sur la biodiversité


Avec ses multiples moyens de prélèvements et de mesure, l’équipage de Tara va recenser tous les organismes et toutes les substances présentes sur les côtes européennes, pour mieux comprendre les interactions terre-mer et l’impact des pollutions : "on va aussi se mettre dans des conditions soit le plus loin des pollutions, dans des milieux aussi naturels que possible, bien qu'il y ait plus aucun milieu naturel en Europe depuis longtemps, soit dans des conditions au contraire qui sont très proches de ports, de déchets industriels, d'agriculture intensive, etc. On va aussi mesurer à plusieurs endroits, de la Finlande jusqu'à la Crète, une mosaïque de conditions soit non polluées, soit polluées de différentes façons.


Une question : est-ce que les menaces, les impacts directs sur le milieu, comme les pesticides ou la pharmaceutique, et toutes ces molécules qu'on met dans le milieu, ou alors les transformations directes de l'environnement ou les constructions... est-ce que ces impacts directs sont peut-être plus importants que le changement climatique sur l'effondrement de la biodiversité ?"

Crédit : Yann Launay

Crédit : Yann Launay

Titre :Colomban de Vargas est chercheur au CNRS 

Crédit :Yann Launay

Un grand accélérateur à la connaissance


Les prélèvements effectués par Tara seront envoyés dans une centaine de laboratoires,  à travers toute l’Europe, mais seront aussi analysés sur place, grâce aux moyens pointus de l’EMBL, le laboratoire européen de biologie moléculaire. De quoi gagner du temps dans cette course contre la montre :


"On est face à un Himalaya de vivants qu'on ne connaît pas et en même temps, il y a la pression de la biodiversité qui change très vite, ou du changement climatiques. C'est très compliqué parce qu'on sait qu'on doit aller vite dans cette connaissance et en même temps, la masse d'inconnu est énorme. Mais là, je pense qu'on fait un pas tellement en avant dans la technologie, avec surtout l'EMBL qui vient sur les côtes, sur la plage - c'est le plus grand centre de biologie cellulaire et moléculaire qui vient sur la plage à côté de Tara pendant deux ans - c'est énorme, on va mettre un grand accélérateur à la connaissance."


Tara étudiera les eaux qui bordent 29 pays, fera au total 46 escales, pour un retour à Lorient prévu à l’été 2024.

Titre :Colomban de Vargas est chercheur au CNRS 

Crédit :Yann Launay

Animations


Pour célébrer ce départ, des animations sont prévues, à Lorient La Base ce samedi (1er avril) et ce dimanche (2 avril), avec des expos, des ateliers scientifiques, des projections de films, des tables rondes, ou des animations sur les pontons.


A noter la participation du funambule de l’extrême, Nathan Paulin, dimanche après-midi : après le Mont-Saint-Michel l’an dernier, il avancera cette fois sur une sangle tendue entre un des bunkers de la base de sous-marins et la Tour des Vents de la Cité de la Voile (dimanche à 15h).


Appareillage de Tara prévu dimanche à 16h.