SOS aides-soignants : la région Bretagne peine à recruter
Publié : 25 janvier 2024 à 16h13 - Modifié : 25 janvier 2024 à 16h24 par Dolorès CHARLES
Archives CHU de Rennes
Crédit : Yann Launay
La région Bretagne, comme d'autres en France, va chercher à recruter 10 000 personnels soignants, et notamment des aides-soignants, d'ici 2030 pour pallier les départs et répondre aux besoins de la population et des hôpitaux. Des formations sont proposées, mais la profession attire peu, malgré des avancées sociales. Explications et témoignage.
Horaires décalés ou à rallonge, salaires peu élevés… le métier d’aide-soignant peine à attirer. Ils sont près de 30 000 en Bretagne, et la région va devoir en recruter 10 000 d’ici 2030 pour répondre aux besoins. Comment rendre la profession plus attractive ? Plusieurs pistes sont avancées, comme de nouvelles organisations de travail pour donner plus de temps libre et de sens, en attendant peut-être des revalorisations salariales.
10h au lieu de 7h par jour, "cela nous permet d'avoir deux jours de repos consécutifs, avant de reprendre un service"
Depuis 14 ans, Mélinda Do Vale est employée à l'Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve, un Ehpad de Baguer-Morvan, en Ille-et-Vilaine. Il y a un an, cette aide-soignante a changé d’horaires."Avant on travaillait en 7 heures, on était 8h10 sur place avec les pauses, avec un repos sec dans la semaine et on travaillait un week end sur deux. En passant en 10 heures de présence journalière, on travaille trois jours d'affilée, ce qui permet aux résidents d'avoir moins de brassage de personnel et par rapport à leurs habitudes, ils voient les mêmes personnes pendant trois jours. A nous, cela nous permet d'avoir deux jours de repos consécutifs avant de reprendre un service..."
Le fruit d'une année de réunions, poursuit Mélinda interrogée par Gianni Castillo, "ils nous ont fait des fiches de poste, mais on a pu les adapter au mieux aux besoins du résident." Aujourd’hui chaque aide-soignant est ausssi responsable d’un ou de deux résidents : "les familles ont un petit carnet dans la chambre avec notre photo, et elles savent qu'elles peuvent faire appel au référent en cas de besoin."
Titre :Mélinda Do Vale de l'Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve
Crédit :Gianni Castillo
La question salariale reste d'actualité
Pour Mélinda Do Vale, la priorité reste salariale : "pour la charge de travail que l'on a, généralement les salaires sont bas. C'est un investissement personnel, on ne peut pas dire à la maison qu'on passe à autre chose : on en est toujours à se dire "Est-ce que j'ai bien fait mon travail ?" Après, les conditions se sont nettement améliorées avec ces 10 heures, mais je pense à mes collègues en milieu hospitalier, ce n'est pas facile quand on fait face à un manque de personnel... Quand il y a des arrêts, on sait que les résidents ont besoin de nous, et on s'arrange pour qu'il y ait quelqu'un sur le poste."
Titre :Mélinda Do Vale de l'Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve
Crédit :Gianni Castillo
Pour les écoles de formation, le défi est de taille !
A Rennes l’IFSI, l’Institut de Formation en Soins Infirmiers et d’Aides-Soignants, a augmenté ses capacités, passant de 105 à 155 élèves. L’apprentissage y est également proposé depuis deux ans. Les profils recherchés sont très divers comme l’explique Mylène Coulaud, Directrice des soins et coordinatrice générale au CHU de Rennes, à Valentin Monnier.
"On n'est pas obligé d'être bachelier pour entrer dans la formation d'aide-soignant et ce sont justement des formations qui peuvent correspondre aux personnes qui ne sont pas allées jusqu'au bac. Par contre, on accueille aussi des bacheliers et des personnes en réorientation... Il faut qu'on ait des gens attentifs à l'autre, en bienveillance, qui aiment le relationnel, le travail en équipe... Je pense qu'il faut des gens positifs aussi et optimistes puisqu'il faut accompagner dans ce sens les personnes qu'on soigne, et qui ont des pathologies plus ou moins graves."
Titre :Mylène Coulaud, coordinatrice générale au CHU de Rennes
Crédit :Valentin Monnier
La formation mêle théorie et pratique, avance Marielle Boissart,"on est sur une alternance de contenu théorique adapté à la profession et de contenu clinique à réaliser au niveau des stages. Les élèves abordent tout ce qui va concerner les connaissances et les compétences "socle du métier" : je pense essentiellement à l'hygiène, aux soins de confort et de bien être, aux soins relationnels par exemple, et ces enseignements s'intercalent avec des périodes de stage. Il y a quatre stages sur les onze mois quasiment de formation pour que les élèves puissent tester et expérimenter différents lieux et voir comment orienter leur propre projet professionnel."
Titre :Marielle Boissart, Coordinatrice générale des Instituts de formation au CHU de Rennes
Crédit :Valentin Monnier
Portes ouvertes
Pour renforcer le recrutement d’aide-soignant, un soin particulier est apporté à la diversité des profils, pour éviter les abandons pendant la formation. De nombreuses portes ouvertes sont organisées, et c’est le cas au CHU de Brest ce samedi.
Portes Ouvertes de l’IFPS -Institut de Formation en Soins Infirmiers - du CHU de Brest le 27 janvier prochain de 9 à 17h.
Portes Ouvertes de l’IFSI et d’Aides-Soignants du CHU de Cholet le samedi 3 février de 8h30 à 16h30.
Portes Ouvertes au Pôle de Formation des Professionnels de Santé du CHU de Rennes le samedi 10 février de 9h à 17h.