Sécheresse dans l’ouest : le niveau des nappes phréatiques inquiète déjà

Le cumul des précipitations enregistrées en France n'a pas dépassé un millimètre sur une journée pendant 32 jours. La France est jugée "en état d’alerte" selon le Ministre de la Transition Ecologique et ancien maire d’Angers, Christophe Béchu. Avant l’été, nos nappes phréatiques étaient épuisées par la sécheresse historique de l’an dernier, et elles sont aujourd'hui à un niveau très bas dans l’Ouest alors que l’hiver est une saison clé pour les recharger. Les quelques gouttes de pluie de cette semaine (mercredi 22 et jeudi 23 février) sont loin d’être suffisantes, explique Guillaume Woznica, météorologue pour la chaîne LCI.

"C’est une très bonne nouvelle que la pluie revienne, mais elle revient en quantité beaucoup trop faible pour régler le problème de sécheresse hivernale. Le manque de pluie est tel qu’il faut beaucoup plus d’eau pour revenir à situation quasi normale. Il va falloir du temps puisque la pluie va pénétrer dans les sols pour atteindre les nappes phréatiques au bout de plusieurs semaines. Nous sommes loin d’un retour à la normale, d’autant plus que la pluie ne va pas durer longtemps. On prévoit ce week-end, le retour d’un temps sec et durable dans l’Ouest."

96% de déficit de pluie à Angers

C’est en Loire-Atlantique, Côtes d’Armor et Finistère que la situation est la plus critique pour les nappes phréatiques : elles sont à un niveau rouge (soit très bas.) Celui qui est le plus alarmant, indique le site internet info-secheresse.fr, qui utilise les données de l'Office français de la biodiversité (OFB) et du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

"Du côté du bassin de la Loire entre Nantes et Angers, sur les côtes nord de la Bretagne dans les Côtes d’Armor, les Monts d’Arrée dans le Finistère, on a reçu très peu de pluie ces derniers mois, explique Guillaume Woznica. On n’a jamais retrouvé un niveau normal cet hiver. Le niveau des nappes phréatiques est anormalement bas. C’est très inquiétant car nous ne sommes qu’en février, c’est inédit. Par exemple, à Angers, il est tombé à peine deux millimètres au cours du dernier mois, c’est 96% de déficit de pluie. A Brest, c’est 90% de déficit, 97% à Saint Brieuc et Rennes."

Economisez déjà la ressource !

La situation des nappes phréatiques est aussi critique dans le Morbihan, le Maine et Loire, la Mayenne et la Vendée. C’est un peu moins le cas en Ille-et-Vilaine, mais cela pourrait le devenir avec le mois de mars sec, qui s’annonce. Selon le météorologue, il faut d’ores et déjà prendre des mesures de restrictions d’usages de l’eau.

"C’est une évidence qu’il va falloir mettre en place des mesures de restriction encore plus tôt que d’habitude. Cet hiver, on nous a beaucoup parlé du risque du manque d’énergie avec le froid, mais il faut maintenant mettre les bouchées doubles sur les mesures d’économie d’eau, que l'on peut mettre en œuvre chez nous simplement. Ce seront quelques litres d’eau qui pourront être économisés dans chaque foyer et qui seront particulièrement précieux dans les prochains mois puisqu’on sait déjà que la saison estivale sera très compliquée."

Des mesures de restrictions d'usage de l'eau seront prises en début de semaine prochaine, a annoncé le ministre, et Christophe Béchu rencontrera les préfets lundi 27 février, après le comité d’anticipation et de suivi hydrologique du jour. Un comité qui ne s’était jamais réuni aussi tôt dans l’année !