Saint-Brévin. Les élus en nombre pour soutenir le maire Yannick Morez

Quinze jours après l'annonce de la démission du maire de Saint-Brévin, une marche de soutien a réuni environ 2 000 personnes, hier (mercredi) soir dans les rues de la petite cité balnéaire. Une marche à l'appel de la maire PS de Nantes et des partis de gauche.

Un avant et un après Saint-Brevin

Pour Johanna Rolland, il doit y avoir un avant et un après Saint-Brévin dans la protection des élus locaux (*), avec l'adoption de mesures concrètes : "cela va de l'augmentation des moyens dédiés à l'accompagnement, la prise en compte des plaintes mais aussi des systèmes réglementaires. Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont une des sources, un des lieux des attaques... il y a trois mois seulement, avant le délai de prescription, ces éléments très concrets doivent évoluer. Mais je le dis, ce qui s'est aussi passé à Saint-Brevin n'est pas sans lien avec un contexte et un rôle particulier joué par l'extrême droite... et c'est aussi ce message que nous envoyons ce mercredi après-midi."

(*)  Le maire divers droite a remis sa démission au préfet de Loire-Atlantique après l’incendie criminel ayant visé sa maison, le mercredi 22 mars. Il était par ailleurs menacé, par des opposants au projet de déplacement sur la commune du CADA - le Centre d’accueil de demandeurs d’asile.

Les valeurs républicaines

Parmi les participants, des ténors de la gauche comme l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, le socialiste Olivier Faure, le communiste Fabien Roussel, des élus locaux de Loire-Atlantique et d'autres départements de l'Ouest, comme le Morbihannais Simon Uzenat, Conseiller régional de Bretagne : "Malheureusement, l'État n'a pas fait le nécessaire pour assumer le suivi des décisions qu'il prend, l'impact que ces décisions peuvent avoir dans un contexte où l'extrême droite est plus présente, active et violente que jamais, y compris dans des régions jusque-là plutôt épargnées comme les Pays de la Loire ou la Bretagne. Nous devons les uns et les autres réagir : c'est une mobilisation générale en faveur de la République, et des valeurs républicaines. C'est notre avenir à toutes et tous qui est en jeu. Nous devons le rappeler avec toutes les générations, et toutes les sensibilités politiques : c'était l'enjeu de cette démarche. Il était évidemment pour moi tout à fait naturel d'être aux côtés de celles et ceux qui se battent pour ces valeurs."

L'émotion du maire de Saint-Brévin

Yannick Morez est intervenu sur les marches de l'Hôtel de ville, à l'arrivée du cortège. Emu, le maire de Saint-Brévin est revenu sur les causes de sa démission. Il a aussi expliqué pourquoi il n'avait pas souhaiter de joindre au cortège : "je souhaitais qu'il n'y ait aucune participation politique, comme cela a été fait. J'ai souhaité rester tout à fait neutre avec mon équipe municipale et des conseillers de la minorité. Je vais vous remercier une fois de plus et je voudrais également remercier tous ceux qui m'ont écrit et qui ne pouvaient pas être là aujourd'hui. Un grand merci également aux Brévinois -ses. Je peux leur assurer que si on a tenu, c'est également grâce à l'union de toute mon équipe et je peux vous persuader qu'elle reste très unie de façon à pouvoir continuer la politique, décidée lors de la campagne municipale et d'aller jusqu'au bout de tous nos programmes."

Le cas de Bruz a nourri des conversations, dans le cortège

Dans cette commune proche de Rennes, l' Etat veut créer un centre d'accueil pour des sans-abris parisiens, des migrants principalement, qui seraient transférés de Paris vers la Bretagne. Les élus de Bruz dénoncent le manque de concertation et un site inadapté. Pour Thomas Quéro, adjoint au maire de Nantes, l'Etat n'apprend pas suffisamment de ses erreurs.

"On a l'impression que les choses recommencent, et qu'il y a un certain nombre de gens au gouvernement ou dans l'administration, qui ne se rendent pas compte de ce qu'ils font ! Au-delà de la pertinence de vouloir déplacer 50 000 personnes de l'île de France pour vider des hôtels pour les Jeux olympiques, la question de recommencer sans demander aux élus locaux d'utiliser leur commune, leur terrain pour un projet national, c'est un peu la tête à l'envers. Les élus de Bruz et le maire sont confrontés à la même chose de ce qui s'est passé à Saint-Brevin, je pense, y compris avec une non-information préalable encore plus importante à Bruz, et probablement dans d'autres villes en France, puisque cela concerne d'autres communes... Aucune leçon n'a été tirée de ce qui s'est passé à Saint-Brevin !"

Yannick Morez a de nouveau déploré le manque de soutien du préfet et du sous-préfet de Loire-Atlantique : ces derniers seront auditionnés au Sénat, mercredi prochain (31 mai), pour déterminer les moyens qui ont été mis en œuvre pour protéger le maire de Saint-Brévin.