Ronan du Finistère veut partir se battre en Ukraine

Publié : 24 mars 2022 à 7h37 - Modifié : 24 mars 2022 à 7h41 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Ancien militaire, Ronan souhaite se rendre en Ukraine pour se battre. Son premier voyage n'a pas abouti, mais il compte bien repartir...

Il voulait combattre l'armée russe en Ukraine  : Ronan, un Finistérien de 57 ans, est rentré au bout de 5 jours à Ploudalmézeau, la semaine dernière, sans avoir pu rejoindre la Légion internationale. Cet ancien militaire, qui a servi en ex-Yougoslavie, avait pourtant effectué les démarches administratives avec le consulat d'Ukraine (un extrait de casier judiciaire est notamment demandé). Lui et trois autres volontaires étaient attendus dans un centre d'entraînement, près de Lviv. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu :


"Il y avait un couvre-feu de 22h à 7h, donc on a été obligé d'attendre du côté polonais, et quand on a voulu franchir, c'est là qu'on a su que dans la nuit la base où on devait se rendre avait été bombardée. A partir de là c'est devenu un peu plus nerveux du côté ukrainien, parce qu'ils pensaient, à raison certainement, que des Russes avaient réussi à s'infiltrer. On a été bloqué, le contact français qui devait nous faire passer ne répondait plus, et les garde-frontière n'ont pas la liste des gens qui doivent passer... Ce n'est pas grave, j'ai acquis de l'expérience, je vais essayer de récupérer le matériel qui me manque, qu'ils m'ont demandé... Je passerai, et après je me laisse guider."

Titre :Ronan

Crédit :Yann Launay

225 euros à l'arrière, 450 sur le front


Ce premier voyage aura permis de déposer de l'aide humanitaire à la frontière et de rentrer en France avec plusieurs réfugiés. Avec ce voyage, Ronan a aussi eu l'occasion de rencontrer d'autres volontaires français, de tous âges et de tous horizons. Des volontaires pas forcément préparés, avec même pour certains des illusions candides :


"Il y en a qui sont arrivés parce qu'ils pensaient qu'ils allaient toucher 2.000 euros par mois, et c'est 225 euros si vous signez le contrat et que vous êtes à l'arrière, 450 si vous êtes sur le front. Voilà : ceux qui veulent y aller savent que ce n'est pas pour le pognon... Une jeune femme, qu'on devait récupérer au passage, près de Paris, m'a dit : j'irais bien du 15 avril au 25 mai... Je lui ai dit : ce n'est pas comme ça. Tu signes un contrat de 3 mois, qui peut être renouvelé par ton supérieur hiérarchique, ce n'est pas toi qui décide, donc tu ne sais pas pour combien de temps tu pars... C'est hallucinant, les gens sont persuadés qu'ils vont faire un truc à la carte, qu'ils vont maîtriser, mais une fois qu'ils seront dedans, ils ne maîtriseront plus rien du tout, et tous ceux de la génération Playstation ne se rendent même pas compte. Il y a beaucoup de bonne volonté, mais les Ukrainiens, il faut qu'ils fassent le tri."

Titre :Ronan

Crédit :Yann Launay

Deuxième départ...


Malgré la déconvenue du premier voyage, Ronan souhaite toujours s'engager aux côtés des Ukrainiens, et prépare en ce moment son deuxième départ. Sa détermination est intacte. Mais pourquoi ressent-il une telle volonté de combattre en Ukraine, lui qui a 57 ans, et qui est papa d'une adolescente ?


"C'est compliqué et simple à la fois. Cette fois-là, parce qu'il y en a eu des saloperies qui ont été faites, mais cette fois-là, il faut que je participe... Le fait que ce soit plus près, en Europe... J'ai fait 8 mois en Yougoslavie, en 1993, mais comme on était casques bleus, on était neutre, là j'ai la possibilité de choisir mon camp... L'élément le plus important, c'est le comportement de Zelensky et des Ukrainiens : ils m'épatent. On ne va pas pour les remplacer, mais pour les aider (...) Il y a des femmes et des enfants qui sont encore sous les bombes. C'est peut-être la plus mauvaise idée de ma vie, mais c'est pas grave. Je ne comprends même pas qu'on ne soit pas plus nombreux à y aller..."

Titre :Ronan

Crédit :Yann Launay

"Si j'ai peur ? J'ai été marié quatre fois"


Ronan fera le voyage avec une voiture personnelle, un vieux modèle "qui ne craint plus rien", avec dans le coffre un peu d'équipement militaire. Ronan se dit prêt à se battre sur le front, et dit ne pas réellement ressentir de peur :


"Non, je suis déterminé, en fait... Alors évidemment des moments seront très tendus, peut-être qu'il y en aura un qui sera mon dernier. Je connais ces situations, c'est comme quand vous êtes dans une équipe de sport, quand vous allez rentrer sur le terrain, vous avez une tension dans le vestiaire, mais une fois que vous y êtes, il n'y a plus de tension... On va au combat avec des collègues, des gens qu'on ne connaissait peut-être pas quelques heures avant, mais ce n'est pas grave, il y a une intimité qui va se créer, une certaine émulation dans le groupe. C'est une équipe, il faut voir ça comme du sport... Si j'ai peur ? J'ai été marié quatre fois. Je ne sais pas si c'est plus dangereux. Après, ça m'ennuie un petit peu pour ma fille, évidemment, mais je pense qu'elle est fière quand même. A chaque fois qu'on a fait preuve d'un peu de lâcheté, il y a eu de grosses catastrophes derrière..."

Titre :Ronan

Crédit :Yann Launay