Rennes. La FUB en congrès veut faire du vélo un (vrai) moyen de transport

La FUB - la Fédération des usagers de la bicyclette - tient son congrès national jusqu'à ce vendredi soir (10 mars) à Rennes, en Ille-et-Vilaine, et elle la demande à l'Etat et aux collectivités de changer de braquet, pour accompagner le développement du vélo comme moyen de transport. Tout particulièrement en périphérie des villes et en zone rurale : c'est là que le danger est le plus grand, pour des cyclistes, et c'est un frein majeur au développement du vélo dans ces territoires...

Favoriser le multi-usages

Pour le Brestois Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette, la seule solution reste la réalisation de voies cyclables protégées. Alors bien sur, impossible d'imaginer tout un réseau routier bis réservé aux vélos, mais pour Olivier Schneider, on peut par exemple faire évoluer les itinéraires touristiques vélo : "ces itinéraires touristiques, qui permettent de traverser toute l'Europe et toute la France, sont souvent tracés sur une carte quand on regarde de loin, mais le tracé fin où va passer précisément cet itinéraire touristique n'est souvent pas encore déterminé. Quand on va préciser, il va falloir choisir le meilleur compromis pour qu'il soit attractif pour les touristes, mais aussi (attractif) pour le loisir le week -end et pour ce qu'on appelle les vélos "taffeurs", pour les gens qui vont travailler à vélo tous les jours. C'est à la fois des questions d'éclairage, de revêtement pour que cela ne devienne pas boueux. Il faut intelligemment combiner ces différents travaux pour le multi multi-usage."

C'est toute une économie locale et non délocalisable

Olivier Schneider attend maintenant le comité interministériel vélo, prévu début avril, et espère que le gouvernement prendra la mesure des enjeux. Le gouvernement qui a déjà augmenté les crédits : 250 000 euros ont été prévus sur 2023 pour développer le vélo. Mais pour Olivier Schneider, c'est 2,5 milliards qu'il aurait fallu investir sur le quinquennat, et 5 milliards sur les 10 prochaines années. Ces sommes peuvent sembler énormes, dans le contexte actuel, mais ce sont des investissements rentables pour les collectivités comme pour l'Etat :

"La rentabilité pour l'Etat, rappelle Olivier Schneider, c'est sur les non dépenses de santé, par contre, c'est rentable pour les commune parce qu'elles deviennent attractives. On a de jeunes talents qui vont préférer s'installer dans une commune où ils peuvent aller au travail à vélo, où ils peuvent laisser leurs enfants aller à l'école seuls(s), en autonomie à vélo, et c'est aussi des moindres dépenses de fonctionnement.. et également, il y a tout ce qu'on appelle la filière vélo parce qu'un cycliste a besoin d'un BTP pour sa piste cyclable, il a besoin d'un mécanicien pour entretenir son vélo, il a besoin d'un éducateur spécialisé pour apprendre aux enfants à faire un vélo... C'est toute une économie locale et non délocalisable."

Une piste cyclable entre La Mézière et la métropole de Rennes

Si la FUB a choisi l'Ille-et-Vilaine pour son congrès, c'est pour mettre en valeur un chantier qu'elle juge modèle, au niveau national  : la réalisation d'une piste cyclable express entre la Mézière, commune de la grande couronne rennaise, et la métropole. Une piste en site propre, avec même un tunnel spécialement construit pour que les vélos passent sous un rond-point.

De quoi faire préférer le vélo, comme le souhaite Schirel Lemonne, conseillère départementale déléguée au plan vélo, interrogée par Yann Launay : "l'idée est de pouvoir récupérer l'agglomération rennaise pour laisser sa voiture parce que l'idée, c'est vraiment de laisser sa voiture au garage dans la mesure du possible, et quel que soit son âge et ses capacités physiques. C'est une piste cyclable large, agréable, rapide et sécurisante pour tout le monde. Ici, le vélo prioritaire sur la voiture, et il n'est jamais en confrontation avec une voiture en direct. Et c'est ça qui est innovant: il n'y a pas de discontinuité pour le cycliste. C'est vraiment une route qui est dissociée de la route à voiture, sur laquelle le cycliste est en sécurité."

Une large route pour éviter des bouchons à vélo

Cette route innovante est un projet à 7 millions d'euros, pour environ 5 kilomètres d'aménagements. Mais c'est un aménagement qui permet de prendre de l'avance, estime Schirel Lemonne : "on ne se rend pas compte de ce qui va arriver. Aujourd'hui, on a environ 2 à  3 % de vélos sur le territoire. Là, ce qu'on construit peut être ambitieux - ça peut faire hurler des gens, par rapport à l'argent mis dans ce projet - mais il faut comprendre que la part modale du vélo pourrait atteindre 15 % minimum. Avec 15%, on peut avoir des bouchons à vélo si on n'avait pas mis une largeur conséquente."

Cette piste cyclable express devrait être achevée en septembre prochain et d'autres doivent suivre : le département du 35 va consacrer 70 millions d'euros à leur construction sur sept ans.