Réforme des retraites : la contestation a démarré à Rennes

Publié : 11 janvier 2023 à 10h11 - Modifié : 11 janvier 2023 à 10h15 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Le projet de réforme des retraites a été présenté hier soir (10 janvier) et l'âge légal de départ sera fixé à 63 ans et 3 mois en 2027 puis à 64 ans en 2030, et pour une retraite à taux plein il faudra dès 2027 avoir travaillé 43 ans. Les syndicats vent debout, prévoient de manifester le 19 janvier. La mobilisation a déjà démarré à Rennes.

L'âge légal de départ à la retraite repoussé à 64 ans, les régimes spéciaux supprimés, une pension minimum de 1 200 euros pour une carrière complète au smic : peu de surpises, hier soir (mardi 10 janvier) lors de la présentation de la réforme des retraites par la Première ministre, Elisabeth Borne. Autant de mesures attendues par les syndicats, qui condamnent cette réforme et sont résolus à la combattre. La mobilisation a d'ailleurs déjà démarré : un rassemblement contre cette réforme était organisé hier à Rennes en Ille-et-Vilaine, à l'appel des syndicats Sud et Force ouvrière.


Une réforme idéologique


Pour le secrétaire général FO 35, le gouvernement prend prétexte de sauver l'équilibre financier du système des retraites, en invoquant un risque de 10 à 20 milliards de déficit dans quelques années, mais pour Fabrice Lerestif, c'est avant tout une réforme idéologique : "On a trouvé en quinze jours 3 semaines, 120 à 130 milliards pour l'histoire du Covid-19 pour les grandes entreprises qui ont d'ailleurs parfois licencié quand même... et là on trouverait 12 milliards d'impôt en 2027 peut être, c'est impossible (ndlr : un recul de l'âge légal de la retraite à 64 ans rapporterait 12 milliards d’euros à l'Etat d’ici à 2027). Moi je dis que ce sont des choix politiques. Il faut réinventer des jours heureux, répartir les finances de manière différente et c'est ça qui m'importe. Sinon, on peut aller toujours vers la régression : 65 67, 78 70. La régression à tout point de vue et c'est insupportable !"

Titre :Fabrice Lerestif

Crédit :Yann Launay

La pénibilité en question


Parmi les manifestants : Sophie, une factrice née en 1971. Elle voit son départ à la retraite reporté en permanence, alors qu'elle n'imagine pas continuer sa tournée à plus de 62 ans : "Je suis sous la flotte pour 1 400 balles par mois. Cela fait déjà 31 ans que je suis là et je commence déjà à avoir de l'arthrose parce que mon métier est dit"pénible". On ne le reconnait plus maintenant puisque les grilles de pénibilité ont été rabotées : que ce soit à la Poste ou dans les hôpitaux ce sont des gens mal payés, sous-payés et qui partent avant l'âge légal de la retraite parce qu'ils n'en peuvent plus et avec des sommes autour de 900 € alors que vous avez été 30 ou 40 ans dans un métier dit "pénible". Avec cette réforme, on va accentuer ça et on ne peut pas l'accepter pour nous et pour ceux qui viennent après."

Crédit : Yann Launay

Titre :Sophie

Crédit :Yann Launay

La nouvelle génération


Devant cette réforme, Mélina s'inquiète et se demande si elle aura une retraite un jour : pour cette community manager de 25 ans, le gouvernement ne tient pas suffisamment compte du nouveau rapport au travail des plus jeunes : "on ne voit pas la fin, on travaille mais on ne sait pas pour combien de temps on fait ça. Des personnes de la génération de mon père savent à peu près combien d'années il leur reste mais nous on se demande combien de temps on va devoir travailler. On n'a pas des emplois forcément stables...


Moi, je trouve des petits CDD, le contrat le plus long que j'ai eu, c'est un CDI d'un an. Comment je vais faire après, parce que la nouvelle génération ne va pas rester dix ans dans une entreprise. C'est une nouvelle mentalité et il faut faire avec aussi, il y aura des interruptions, et on ne sait pas comment on fera après !"

Titre :Mélina

Crédit :Yann Launay

1 200 euros de retraite, pas de quoi pavoiser !


La pension minimum de 1200 euros par mois s'appliquera aux futurs retraités comme aux retraités actuels : cette mesure peut apparaître comme une réelle avancée sociale. Mais pour Fabrice Lerestif, c'est un écran de fumée : "1 200 € avec un seuil de pauvreté établi à 1 128 euros il n'y a pas de quoi pavoiser pour une carrière complète. On a regardé pour des retraités ou futurs retraités, et au final 8 sur 10 ne pouvaient pas avoir une carrière complète parce qu'ils ont eu des périodes de chômage ou d'interruption, des études, etc. Ce sera pipeau, et ça ne touchera que peu de personnes. Après, on va toujours trouver le cas qui va être amélioré mais combien de millions de personnes, si on recule à l'âge à 64 ans, n'atteindront jamais l'age de retraite ! Moi je connais les arnaques, les méthodes de communication très habiles du gouvernement. C'est une réforme mortifère, insupportable et c'est pour ça qu'on va la combattre. "


 

Titre :Fabrice Lerestif

Crédit :Yann Launay

Les syndicats se sont mis d'accord pour appeler à une première journée de grèves et de manifestations le jeudi 19 janvier prochain.