RDV médicaux non-honorés : France Association Santé demande la suppression de la taxe "lapin"

Réunion urgente, souci de dernière minute, simple oubli, etc. Chaque année, des millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés en France, et cela représente en moyenne par semaine, entre 6 et 10 % de patients (*). Des lapins posés aux médecins, des heures perdues pour les praticiens, qui sont déjà submergés. C’est la raison pour laquelle les sénateurs ont voté ce mois-ci (février 2023) une taxe dite "lapin" pour sanctionner les patients indélicats. Mais il y a des pour et des contre : le syndicat de médecins libéraux UFML milite "pour facturer les consultations non honorées".

France Association Santé, qui représente les usagers du système de santé, réclame sa suppression et pour le président Gérard Raymond, cette taxe est de toute façon contraire à la loi : "même si les députés venaient à voter cette décision, elle est inapplicable. Encore ce matin, le Directeur de la CNAM me disait que c'était inapplicable, donc on se focalise sur quelque chose qui n'est pas un détail mais tout de même ce n'est pas ça qui représente les difficultés dans notre système de santé."

Des délais trop longs...

Le patron de France Association Santé s’interroge plus sur les raisons qui amènent à cette situation. "Que ce soit dérangeant et désagréable, j'en conviens, mais encore une fois, il faut aller chercher la cause ! Pourquoi aujourd'hui, on ne respecte pas un rendez vous ? Tout simplement, parce que pour avoir un rendez vous avec son médecin traitant, il faut en moyenne trois jours... en ne parlons pas de rendez vous avec le spécialiste où il faut attendre plusieurs mois. Dans les trois jours, ou plusieurs mois, on essaie peut-être parfois de trouver des solutions qui font que l'on a trouvé une solution et on oublie effectivement d'annuler ces rendez-vous."

Comment lutter contre cet épiphénomène ?

Comment mieux responsabiliser les patients ? La solution vient peut-être des plateformes telles que la nantaise Doctolib, qui pourrait déjà supprimer le système de multiples rendez-vous, pour Gérard Raymond. Il faudrait annuler "le système de double, triple, voire quatre rdv... et essayer de faire en sorte que les gens 24 heures avant, confirment le rendez vous. On pourrait envisager des rappels de ces plateformes surlesquelles vous avez pris rendez vous pour telle date : est-ce que vous êtes toujours d'accord ? Si oui, envoyez un SMS, etc. Il y a peut-être des solutions à trouver pour qu'effectivement on puisse avoir un suivi de ces rendez-vous et d'accompagner ces personnes à ne pas oublier !"

De nouvelles fonctionnalités chez Doctolib

Dans l’édition du jour d’Aujourd’hui en France, on apprend que 4,1 % des rendez-vous médicaux ne sont pas honorés par les patients (6 % pour les dentistes) selon une étude de Doctolib. La plateforme a décidé de s’attaquer au problème en mettant en place de nouvelles fonctionnalités : "augmentation de la fréquence des rappels, optimisation de la liste d’attente, réflexion sur des délais d’annulation propre à chaque spécialité ou encore obligation pour le patient de renseigner un motif lorsqu’il annule ou déplace son rendez-vous."

La Loi RIST

Pour le président de France Association Santé, cette taxe, votée par les sénateurs dans le cadre de la loi Rist, fait oublier les propositions qui visent à améliorer l’offre de soins en France. La taxe doit ensuite "On a oublié effectivement les 7 millions de personnes qui n'ont pas de médecin traitant et les 600 000 en affection longue durée (ALD), qui n'ont pas de médecin traitant, donc pas de soins en continu. On a oublié tout ça, tout ce qui est permanence de soins, offre de soins sur un territoire donné, tout ce qui est prévention, travail en équipe, tout cela est parti pour ne parler que des 4 % d'après certaines plateformes de rendez vous, cela représente quand même peu ! J'ai même entendu certaines médecins qui se disent après tout, quand le patient ne vient pas cela me permet d'aller fumer une cigarette, d'aller boire un café et de me détendre un petit peu."

(*) L’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’ordre des médecins, et de son côté la Caisse nationale de l’assurance maladie avance un taux d’annulation de 3 à 4 %.

(**) Article R.4127-53, des honoraires ne peuvent être réclamés qu'à l'occasion d'actes réellement effectués même s'ils relèvent de la télémédecine.