Quimper : les taxis en désaccord avec la CPAM sont en grève partielle

Publié : 22 janvier 2024 à 18h59 par Dolorès CHARLES

Rassemblement des taxis à Quimper

Crédit : Yann Launay

Les fédérations nationales des artisans taxi du Finistère & Morbihan, en désaccord avec la nouvelle convention de la CPAM qui leur impose notamment de transporter plusieurs patients par trajet, appellent à des actions aujourd'hui (22 janvier). Les courses minimum concernant les transports inférieurs à 5 kms sont suspendus. Explications.

Des taxis finistériens et morbihannais sont en grève partielle, à compter de ce lundi (22 janvier). Ils rejettent la nouvelle convention proposée par l'Assurance-maladie, qui fixe les tarifs des transports de malades. Des chauffeurs de taxis se sont réunis devant la Caisse primaire  d'assurance maladie de Quimper, pour demander des tarifs qui leur permettent de vivre.



"On va gagner de l'argent sur une course où on prendra quelqu'un, on le déposera mais le véhicule n'attendra pas."



Parmi eux : Samir Attieh, président de la Fédération nationale des artisans taxis Finistère & Morbihan. Il dénonce tout particulièrement le trop faible remboursement des petites courses : "toutes les courses inférieures à cinq kilomètres sont facturées pour le Finistère 11 euros. On peut passer 1 h ou 1 h 30 sur la course, ce sera toujours 11 euros et le problème, c'est que quand on met un salarié à faire ça, on n'est pas 11 euros, c'est nettement plus. On travaille sous notre seuil de rentabilité... On va gagner de l'argent sur une course où on prendra quelqu'un, on le déposera mais le véhicule n'attendra pas. Or la plupart du temps, pour les courses minimum, c'est du transport d'enfants, l'orthophoniste etc. Et toutes ces petites courses où on dépose l'enfant, il reste 30 minutes et il faut le récupérer tout de suite, le véhicule ne peut pas partir faire une autre course, et on ne gagne pas notre vie là-dessus."

Titre :Samir Attieh, président de la Fédération nationale des artisans taxis Finistère & Morbihan

Crédit :Yann Launay


"A nous, transporteurs, ambulanciers ou taxis, on nous demande de faire -30 %."



Les tarifs applicables au transport de malades (nettement inférieurs aux tarifs préfectoraux) ne prennent pas suffisamment en compte la réalité des entreprises, regrette David Petton, chauffeur de taxi depuis 25 ans à Brest et conseiller technique de la FNAT 29 (Fédération nationale des artisans taxis) : "les véhicules de 2019 à 2023 ont pris 41 %, l'entretien entre 2022 et 2023,a pris 11,5% et aujourd'hui, on nous annonce que l'électricité va augmenter de 10 % en février. Comment voulez vous qu'on puisse continuer à vivre si on fait des tarifs au rabais ? Aujourd'hui, on n'a pas le droit de travailler à perte alors il faut avoir une explication avec la Sécu. Il faudrait aussi savoir si la Sécu est en déficit à cause des transporteurs ... parce qu'aujourd'hui le coût des médicaments augmente mais on ne va pas demander aux laboratoires de faire moins 30 %."

Samir Attieh (droite)

Crédit : Yann Launay

Titre : David Petton, conseiller technique de la FNAT 29

Crédit :Yann Launay


"On ne peut pas dire si un patient peut être transporté avec un ou deux autres..."



Ces chauffeurs de taxi redoutent la mise en place du covoiturage sanitaire, ou le partage d'un véhicule par plusieurs patients. Pour David Petton, cette mesure peut sembler être de bon sens, mais la réalité du terrain a été un peu oubliée : "c'est à nous de dire si le patient est capable ou pas de faire les transports partagés, mais ce n'est pas notre rôle, on n'est pas médecin ! On ne peut pas dire si un patient peut être transporté avec un autre ou deux autres ou trois autres. Je ne me vois pas demain prendre huit personnes en même temps, ce n'est pas possible. On accompagne les personnes âgées, les trois quarts du temps, jusqu'au service parce qu'elles sont soit en canne, soit avec un déambulateur ou même en fauteuil roulant. Ce n'est pas possible !"

Titre : David Petton, conseiller technique de la FNAT 29

Crédit :Yann Launay

La direction de la CPAM du Finistère a reçu une délégation de taxis, et assure faire remonter les doléances à l'échelon national de l'Assurance-maladie. Une nouvelle mobilisation des taxis est prévue ce mercredi en fin de matinée à Vannes, devant la Caisse primaire d'assurance maladie.


Le mouvement breton pourrait faire tâche d'huile : une manifestation est annoncée pour ce mercredi devant la CPAM du Lot-et-Garonne.