Que retenir du One Ocean Summit, à Brest ?

Publié : 13 février 2022 à 18h23 - Modifié : 13 février 2022 à 18h27 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Le One Ocean Summit s'est terminé vendredi à Brest. Qu'en retenir ? Quelques éléments de réponses en termes d'aires marines ou de pêche industrielle avec Yann Launay.

Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement se sont réunis vendredi à Brest, autour d'Emmanuel Macron, au One Ocean Summit. Des mesures concrètes étaient attendues, pour lutter contre la surpêche, la pollution plastique ou la pollution du transport maritime, d'autant que tous les participants se disaient conscients de l'urgence, et prêts à passer à l'action. Mais au final, assez peu de nouvelles mesures.


Une première utile pour Mike Horn


Le One Ocean Summit restera plutôt comme un point d'étape sur les démarches déjà engagées, et on retiendra la volonté d'aller plus loin dans les mois qui viennent, avec des projets de traités et d'accords internationaux. Ce sommet était une première, et une première utile malgré tout, aux yeux de l'aventurier Mike Horn, qui assistait aux débats : "c'est un point de départ. C'est là où on peut mélanger des politiques avec un savoir-faire, les connaissances, les gens qui vivent sur la mer... J'espère que derrière, chacun à un programme d'activation, parce que si on est là pour écouter et dépenser de l'argent, ça va nous amener nulle part. Il faut juste raccourcir le temps entre parler et faire quelque chose de concret pour la mer..."

Titre :Mike Horn

Crédit :Yann Launay

Un bon signe pour les négociations de New-York


Pour Greenpeace, le sommet de Brest n'a pas été inutile, mais s'est arrêté beaucoup trop vite en chemin, comme l'explique François Chartier, chargé de campagne Océan pour Greenpeace France :


"Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit un grand nombre de pays, y compris des puissances comme la Chine et les Etats-Unis clairement se positionner pour que le traité sur la haute mer aboutisse. C'est un bon signe pour les négociations de New York, qui ont lieu le mois prochain, et également sur l'objectif de protéger 30% des océans : là aussi on voit qu'une coalition s'élargit. Ce qui manque, c'est le contenu de fond, ça reste flou... On parle d'un traité qui va protéger les océans, est-ce qu'on est vraiment sur des instruments juridiques contraignants, qui vont rendre ça efficace ? On parle d'aires protégées, va-t-on protéger réellement, exclure les activités industrielles, ou va-t-on avoir des aires marines de papier ? Ce n'est pas encore clair. Un petit pas, une montagne de communication qui accouche d'une souris politique..."

Titre :François Chartier de Greenpeace France

Crédit :Yann Launay

Parmi les décisions annoncées à Brest : l'extension de la réserve naturelle des Terres australes et antarctiques françaises. Cette aire marine devient la deuxième plus grande au monde. De quoi permettre à la France de dépasser désormais l'objectif de 30% de ses espaces maritimes sous protection. Mais la protection la plus forte ne concerne encore que 4% des espaces maritimes français, alors que l'objectif était de 10%.


 La chasse baleinière


Emmanuel Macron a aussi annoncé l'arrêt de la chasse à la baleine par l'Islande. Le type de mesure qui n'est ni une surprise ni une révolution aux yeux de François Chartier : "la chasse baleinière en Islande, cela fait longtemps qu'elle périclite. On était sur la subsistance d'une pratique que nous on conteste, mais qui était devenue finalement anecdotique. La consommation de viande au Japon, cela fait longtemps qu'elle s'est écroulée... La chasse baleinière, c'est déjà une histoire du passé."

Titre :François Chartier de Greenpeace France

Crédit :Yann Launay

Qu'en est-il de la pêche industrielle ?


Greenpeace regrette l'absence d'engagement clair sur la pêche industrielle comme sur l'exploitation minière des fonds de haute mer. Les yeux sont maintenant rivés sur les rendez-vous à venir, nombreux tout au long de 2022, et qui peuvent déboucher sur des traités historiques pour la protection des océans. Pour Emmanuel Macron, le sommet de Brest était justement un façon d'impulser une dynamique pour aboutir à des traités ambitieux, dans les mois qui viennent.


Pour François Chartier, après Brest, le plus dur reste à faire : "il va falloir travailler et négocier avec des pays qui ne sont pas sur la même position, ne pas lâcher sur la protection, c'est ça le risque... Ce que l'on voit souvent, c'est que finalement les intérêts économiques, tout ce qui est élan vers une économie bleue, vers développer l'économie en mer, ça va marcher, ça va être porté par l'industrie ? Est-ce que la conservation, la protection ne va pas, encore une fois, être la partie sacrifiée ? On l'a vu tellement, et on l'a vu en France avec la politique sur le climat : on a vu un Macron champion du climat, et une France condamnée pour non respect des accords de Paris... On est sceptique, mais oui, l'agenda politique est extrêmement important, il faut y aller avec conviction et avec motivation."

Titre :François Chartier de Greenpeace France

Crédit :Yann Launay

Le maire de Brest, François Cuillandre, a transmis le symbolique "bâton de la nature" de l'ONU à la ville de Lisbonne, où doit se tenir fin juin un sommet des Nations Unies sur les océans. Emmanuel Macron propose d'organiser une deuxième édition du One Ocean Summit, toujours en France, en 2024.