ProBio Ouest à La Gacilly : "la baisse des ventes semble enrayée"

Publié : 4 avril 2023 à 8h14 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

En Bretagne et Pays de la Loire, les acteurs de la filière Bio s’organisent pour soutenir le marché. Après deux années difficiles, ce salon unique organisé hier (lundi 3 avril) à La Gacilly dans le Morbihan, met en relation les opérateurs Bio de l’Ouest avec les acheteurs de la distribution spécialisée, GMS, restauration collective et commerciale. Reportage de Yann Launay.

L'agriculture biologique aperçoit-elle le bout du tunnel, après deux ans de crise ? Les professionnels réunis au salon ProBio Ouest, à La Gacilly, confirment un léger mieux. La baisse des ventes semble enrayée, avec même un retour de consommateurs dans les boutiques. Il faut dire que dans le contexte d'inflation, les prix des produits bio ont moins augmenté, et certains produits bio parviennent même à être moins chers que leurs concurrents conventionnels. Henri Godron, administrateur du réseau Biocoop, est président du Synadis, le Syndicat national des distributeurs spécialisés bio.



L'écart de prix tend à se réduire



"On trouve maintenant de l'huile d'olive moins chère en magasin bio que de l'huile de grande marque en supermarché. On a beaucoup d'exemples comme ça : ce n'est pas un produit sur 1 000, ce serait plutôt un produit sur 10 et pour les neuf autres, on a un écart de prix qui s'explique parce qu'on a un produit qualitatif et de meilleure qualité. Néanmoins, l'écart de prix tend à se réduire. Pour Biocoop, on a eu une inflation de 5,5 % sur les produits Biocoop : tous les produits de nos magasins l'année dernière, contre 12 en grande surface, donc l'écart se réduit. Parfois, c'est plus cher, parfois c'est moins cher, mais vous avez un produit bon et sain... pour vous comme pour la planète."

Titre :Henri Godron, administrateur du réseau Biocoop,

Crédit :Yann Launay


Une meilleure durabilité du modèle économique bio que conventionnel



Alors que les prix des produits alimentaires conventionnels s'envolent, le contexte pourrait au final mettre en avant les atouts de l'agriculture biologique, et l'aider à tirer son épingle du jeu : "On le voit déjà pour le lait où l'écart entre le lait bio et le lait conventionnel s'est largement réduit, tant au niveau de la production qu'au niveau des magasins. On va l'avoir pour beaucoup de produits, où finalement comme le bio a moins de charges variables comme les engrais, l'essence, etc... pas d'herbicide, ce genre de produits qui coûtent assez cher et qui plus est de plus en plus chers aujourd'hui, pas d'actionnaires à rémunérer, comme on peut le voir pour les grands groupes alimentaires... plus de main d'oeuvre en revanche mais c'est aussi ça qui fait l'emploi en France. Cela développe l'emploi agricole... L'un dans l'autre il y a moins de fluctuation de prix et sur le long terme, une meilleure durabilité du modèle économique bio que conventionnel."

Crédit : Yann Launay

Titre :Henri Godron, administrateur du réseau Biocoop

Crédit :Yann Launay

Fabien Deuez a créé il y a 10 ans l'atelier de fabrication de pâtes fraîches Lioravi, basé à Ancenis, en, Loire-Atlantique. Pour l'artisan, si la crise du bio a érodé les marges, elle va peut-être permettre au secteur de mieux rebondir, en misant sur la sincérité de la démarche : "Ce qui est important, c'est que l'on va retrouver peut-être les valeurs qui correspondaient aux produits et à la bio qui était il y a cinq, dix ou quinze ans et qu'aujourd'hui les opportunistes financiers ont délaissé peut-être un peu la bio parce qu'en fait ils sont venus un moment donné, plus par opportunité de développement et moins par rapport aux valeurs qu'ils défendaient. Aujourd'hui, on est peut-être dans une renaissance ou un renouvellement des générations."

Titre :Fabien Deuez (Ancenis - 44)

Crédit :Yann Launay

Le consommateur est perdu, mais veut bien faire


Pour que cette amélioration toute récente, et encore fragile, se confirme et se consolide, la filière est décidée à communiquer auprès du grand public. Ce sera le cas par exemple avec la "Route de la bio" en Pays de la Loire : des rendez-vous, ateliers, animations, tables rondes chez des producteurs ou dans des lieux publics, avec comme objectif un retour aux fondamentaux, pour que le consommateur ne confonde plus le label "Agriculture Biologique", avec les autres logos, comme l'explique Dominique Hervouët, animatrice du réseau Entrepreneurs Bio des Pays de la Loire :


"On voit bien aujourd'hui que le public est totalement perdu. Il veut pour autant mieux faire pour sa santé, il veut mieux se nourrir, mais il ne sait plus vers quoi se tourner ? Est-ce qu'il faut que je prenne du bio, que j'achète du bio ou du produit local ? Il est vraiment perdu, mais il veut bien faire. Il faut lui donner les éléments d'information dont il a besoin. Qu'est ce qu'un produit bio ? Quel est le cahier des charges ? Comment sont élevés et nourris les animaux pour en faire ensuite des produits laitiers, par exemple ? Moi, j'ai envie de dire que chacun est suffisamment intelligent pour faire ses choix, à condition d'avoir tous les éléments en main pour faire ses choix."

Titre : Dominique Hervouët, animatrice du réseau Entrepreneurs Bio PDL

Crédit :Yann Launay

La première édition de la Route de la Bio démarre dans quelques semaines, début mai, et doit durer une année.