Politique. Le groupe du breton Paul Molac pourrait faire tomber le Gouvernement

C'est ce lundi après-midi à 16 heures, que la motion de censure du groupe LIOT sera présentée à l'Assemblée nationale et soumise au vote des députés français. Ce groupe LIOT (Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoire), composé de 20 parlementaires, a été fondé par le député breton Paul Molac, élu dans la 4ème circonscription du Morbihan, celle de Ploërmel. C'est un ancien député LREM déçu du macronisme, et opposé depuis le départ à cette réforme des retraites du gouvernement Borne.

Tout repose sur les républicains

Avec cette motion de censure, Paul Molac et son groupe ne veulent pas renverser le gouvernement pour renverser le gouvernement, ils disent vouloir avant tout défendre la démocratie et obtenir le retrait de la réforme : "L'objectif honnêtement de la motion de censure, c'est de faire tomber la loi. On n'a plus que ce moyen et après le Conseil constitutionnel, éventuellement où une partie de la loi pourrait être censurée. Je ne sais pas quelle sera la postérité de notre motion de censure. Je ne peux pas le savoir, je n'ai pas de boule de cristal. Tout repose sur les républicains. S'ils ne votent pas la motion de censure, cela veut dire qu'ils acceptent la loi et qu'il essaient de faire en sorte qu'elle passe quelque part. Ils s'arrangeront avec leurs électeurs puisque le juge de paix, dans ces cas là, c'est le peuple."

On ne laisse pas le Parlement décider

Pour faire tomber le gouvernement, cette motion de censure doit être votée par 287 députés au minimum, sur les 573 que compte l'hémicycle actuellement. Cette majorité paraît difficile à obtenir, sans être totalement hors de portée. Paul Molac en tous cas votera la motion sans trembler, pour envoyer un message au gouvernement, et pour la défense de ses administrés : "je pense à tous ceux qui sont dans l'agroalimentaire. On est quelquefois très contents de les emmener jusqu'à 60 ans pour qu'ils ne soient pas au RSA avant de toucher leur retraite. J'ai pensé à tout ceux-là et aussi aux magouilles du gouvernement qui essaye quelques fois d'acheter un député. C'est ce qui s'est passé pour les Républicains ; je trouve que cette façon de faire est particulièrement détestable, et ils n'ont jamais prévenu qu'il ferait un 49 .3. Au contraire, j'ai entendu le président de la République qui disait  : on va laisser le Parlement décider, et au dernier moment, on ne laisse pas le Parlement décider... Ce n'est pas clair et il est temps de passer à autre chose."

Le retour des Gilets Jaunes ?

Paul Molac voit dans cette affaire des retraites la caricature des méthodes macronistes, qui ne peut que creuser encore le fossé entre les Français et la politique : "Le problème, c'est que le gouvernement ne cherche pas à jouer franc jeu. Ce n'est pas nouveau, mais vu qu'il n'y a plus de majorité absolue aujourd'hui, ça se voit. Je suis inquiet parce que je vois bien la colère qu'il y a dans la population. C'est inquiétant, parce qu'on pourrait avoir un nouveau mouvement de gilets jaunes. On ne peut pas gouverner un pays en le brusquer, soit par la procédure, soit par des mesures qui sont totalement impopulaires. Il faudrait comprendre ça."

Une autre motion de censure déposée par le RN

Que la motion soit votée ou pas, pour Paul Molac, le gouvernement doit être raisonnable et retirer la réforme des retraites. Pour le député breton, tout est bancal dans cette réforme, et les arguments développés par ses partisans ont tous été démontés. Jusqu'au fameux alignement sur nos voisins européens, qui ont reculé l'âge de départ à la retraite :

"On confond l'âge légal de départ à la retraite et l'âge réel de départ à la retraite. Je vais vous donner un petit exemple : en Allemagne, c'est 65 ans mais vous avez des conventions collectives qui améliorent la chose, par exemple ceux qui travaillent dans le métal, la plupart partent à 60 ans et on ne le dit pas. On dit simplement l'âge légal, mais les conventions collectives améliorent les choses..."

En additionnant les députés LIOT, NUPES, Rassemblement national, on arrive à 257 voix potentielles pour la motion de censure. La balle sera donc dans leur camp des 61 députés Les Républicains.

Une autre motion a été déposée par le Rassemblement national (RN) mais celle du Liot, cosignée par des élus de la Nupes, a davantage de chances que celle du RN d'être votée. Toutefois, la barre de la majorité absolue (287 voix) pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.La seule motion de censure votée sous la Vème République remonte à 1962 : le gouvernement Pompidou avait été renversé et Charles de Gaulle avait alors décidé de dissoudre l'Assemblée nationale.

La Nupes et le RN saisiront le Conseil constitutionnel demain mardi. L'intersyndicale a appelé à une neuvième journée de grèves et de manifestations ce jeudi 23 mars.