Ploërmel : 300 suppressions de postes chez Yves Rocher et des incertitudes

Publié : 6 février 2023 à 8h21 - Modifié : 6 février 2023 à 8h21 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

De nouvelles actions sont prévues cette semaine, dans le Morbihan, pour protester contre les 300 fermetures de postes annoncées chez le géant de la cosmétique Yves Rocher dont le siège est basé à La Gacilly (56).

Près de 300 postes supprimés en Bretagne, l'usine de Ploërmel appelée à fermer : les annonces du groupe Yves Rocher passent mal. La direction explique devoir faire face à la baisse des ventes, qui n 'ont pas retrouvé le niveau d'avant covid. La direction table sur des départs volontaires, sans licenciement sec. Mais les syndicats dénoncent, eux, un plan social déguisé, à moindre coût. Le site de Ploërmel fermerait ses portes en 2025, la fabrication de parfums serait transférée à La Gacilly, et le maquillage serait rapatrié à l'usine de Rieux, près de Redon en Ille-et-Vilaine.


Les employés de Ploërmel sous le choc


Yann Launay a rencontré Nelly, déléguée FO de l'usine de Ploërmel (56), employée au service qualité, dénonce la fermeture brutale d'un des sites historiques du groupe de cosmétique : "le groupe Rocher, on l'avait dans le cœur et on se rend compte que maintenant c'est moins de social. C'était un groupe familial, un groupe où on était attentif à chacun, les gens se disent que l'on nius considère comme rien. On va nous envoyer dehors tranquillement, on est dégoûtés, dépités et en colère. On passe par tous les sentiments en ce moment. Ploërmel a toujours été le site pilote très performant, et cela nous est tombé dessus comme un couperet, on ne s'y attendait pas du tout. Les salariés comptaient bien finir leur carrière chez Yves Rocher et sur le site de Ploërmel, et moi aussi."

Titre :Nelly, déléguée FO de l'usine

Crédit :Yann Launay

La réforme des retraites complique les choses


Sur le site de Ploërmel, les employés sont très majoritairement des femmes, souvent de plus de 50 ans, et la réforme des retraites pourrait venir compliquer encore les choses : "je me prends deux ans avec la nouvelle réforme si elle passe, et il m'en reste dix. Mais ceux (et celles) à qui il devait en rester deux, pouvaient se dire, je vais aller au bout et je vais attendre la fermeture de Ploërmel, mais maintenant cela fera 4. Soit il est transféré sur un autre site, cela va être compliqué. On a beaucoup de salariés qui travaillent à Ploërmel, qui ont cinq à dix minutes de route aujourd'hui et pour aller à La Gacilly cela va passer à 45 minutes de route et Rieux on passe à une heure voire une heure et quart, donc c'est même pas possible. Même trois quarts d'heure pour venir à La Gacilly à 5 h le matin, vous imaginez  ? Ce n'est pas possible ! Je crains que certains restent sur le carreau. Où vont ils retrouver du travail ? Qui voudra embaucher des personnes de plus de 50 ou plus de 55 ans ?"

Titre :Nelly, déléguée FO de l'usine

Crédit :Yann Launay

Trois réunions pour sceller le sort de 101 personnes


Pour Nadine Doudard, déléguée centrale FO à la Gacilly, l'accompagnement des salariés de Ploërmel n'est pas à la hauteur : "je pense qu'on pouvait s'attacher à prendre du temps pour réfléchir au sort de ces personnes, aussi bien en interne que peut être aussi dans d'autres entreprises. On aurait pu peut être y penser avant. Trois réunions pour sceller le sort de 101 personnes. Je trouve que c'est quand même très expéditif par rapport à des personnes qui ont une ancienneté minimum de entre 25 et 30 ou 30 années d'ancienneté. C'était le minimum de respect à avoir pour ce personnel."

Titre :Nadine Doudard, déléguée centrale FO à la Gacilly

Crédit :Yann Launay

Une grosse inquiétude sur l'avenir


Nadine Doudard ne cache pas ses craintes : ces suppressions de postes ne sont peut-être pas les dernières, tant le contexte reste compliqué pour le groupe, entre inflation et guerre en Ukraine : "on a toujours le marché de la Russie, mais la crainte, c'est que les frontières ferment et cela aura un impact sur notre production. Nous faisons des bons produits et on sait aussi qu'on va devoir augmenter aussi les prix. Il y aura peut-être des clientes qui ne suivront pas : cela aura certainement une incidence sur notre charge, sur tous les sites, sur la production, mais pas que sur la production. Il y a des métiers qui sont annexes, si les volumes diminuent il y a forcément un impact sur plein de métiers. Beaucoup de personnes, même si elles n'osent pas l'exprimer clairement, ont des inquiétudes et c'est légitime.

Titre :Nadine Doudard, déléguée centrale FO à la Gacilly

Crédit :Yann Launay

De nouvelles actions sont prévues cette semaine, dans le Morbihan, pour protester contre ces fermetures de postes.