Parc éolien : la reprise imminente des travaux en baie de Saint-Brieuc
Publié : 23 février 2022 à 9h16 par Dolorès CHARLES
Crédit : Pixabay
Le chantier des éoliennes en mer, très controversé, va reprendre au grand dam des opposants. La date de reprise était fixée au 22 février.
Quelques jours après une réunion de concertation avec les pêcheurs et les scientifiques, le chantier des éoliennes devrait reprendre rapidement, en baie de Saint-Brieuc. C'est en tous cas le souhait du porteur du projet, Ailes Marines. Les opposants ne sont pourtant aucunement rassurés, pour eux ce projet menace toujours autant la pêche comme la biodiversité. Ils dénoncent un passage en force et en appellent au gouvernement. Katherine Poujol est présidente de l'association "Gardez les Caps" et répond à Yann Launay :"Le projet n'est pas rattrapable aujourd'hui, c'est un projet qui ne peut être qu'abandonné. La décision est politique et Emmanuel Macron ne l'a pas prise... A minima, je trouve que l'élégance serait de demander un moratoire jusqu'aux élections, je ne sais pas s'il va le faire ou non... On ne peut pas continuer, comme le fait le président Macron, d'une main on nous explique que ce projet doit se faire, et de l'autre, qu'on écoute les pêcheurs, qu'il faut protéger l'océan... On ne peut pas continuer à dire tout et son contraire."
Titre :Katherine Poujol présidente de l'association "Gardez les Caps"
Crédit :Yann Launay
Les études d'impact servent à justifier la zone
Deux recours déposés notamment par l'association "Gardez les Caps" et l'organisation Sea Sheperd restent à examiner. Un des recours concerne des lacunes dans les études d'impact : des oublis dans la liste espèces potentiellement menacées par les éoliennes : "il y a des chauve-souris qui n'ont pas été "déclarées", il fallait une demande de dérogation, elle n'a pas été faite. Au nord-est du projet, il y a réellement des coraux d'eaux froides, des gorgones, des alcyons, qui n'ont pas été déclarés là encore... L'erreur de départ est la même que pour Saint Nazaire : la zone a été figée en amont, ça veut dire que toutes les études d'impact, qui je vous le rappelle, sont menées par le développeur, ne servent qu'à justifier le choix de la zone, et non pas à sélectionner la zone, comme cela se fait aujourd'hui."
Titre :Katherine Poujol présidente de l'association "Gardez les Caps"
Crédit :Yann Launay
Un projet nuisible au budget public
Les opposants rejettent un projet nuisible selon eux à la pêche côtière comme à la biodiversité, ils dénoncent aussi un bilan écologique global médiocre, et une atteinte au budget public. Un des recours en justice engagé concerne le prix de rachat garanti de l'électricité produite par les futures éoliennes : l'Etat s'est engagé à la racheter 155 euros le mégawatt pendant 20 ans. Le tarif le plus élevé en Europe, comme le souligne Katherine Poujol :
"C'est bien la preuve que l'on ne pouvait pas installer un projet éolien à cet endroit-là. C'est aussi élevé parce qu'effectivement on n'a pas en Baie de Saint-Brieuc les régimes de vents forts et réguliers que l'on a en Mer du Nord. D'autre part, avec un sous-sol extrêmement complexe, vous avez vu l'échec du chantier en 2021 : Ailes marines Iberdrola annonce 96 forages, et 30 à 32 fondations installées. En fait, ils ont réalisé une dizaine de forages. Visiblement ça n'émeut personne, il n'y a aucune sanction, on n'a aucune garantie que cela ne va pas se passer comme ça cette année. C'est absolument énorme."
Titre :Katherine Poujol, présidente de l'association "Gardez les Caps"
Crédit :Yann Launay
Un vent différent...
Le projet à la soutien de la Région Bretagne et de son vice-président à la Mer et au littoral : Daniel Cueff, l'ancien maire anti-pesticides de Langouet, estime que le parc éolien, une fois achevé, sera adopté, comme les éoliennes qui se dressent sur la côte du Danemark, près de Copenhague, derrière la fameuse statue de la Petite sirène. Des propos qui font réagir Katherine Poujol :"Monsieur Cueff, que j'ai eu la chance de rencontrer, connaît très mal le projet. M. Cueff ne sait pas, et met en doute, qu'il y a des coraux en Baie de Saint-Brieuc. La comparaison avec le Danemark, plutôt que de parler des éoliennes derrière la Petite sirène, il faudrait plutôt parler du vent fort et régulier qu'il y a au Danemark, et que nous n'aurons jamais chez nous, puisqu'on a un vent instable et tournant. Les éoliennes danoises sont sur des fonds sablo-vaseux, ce qui n'a rien à voir avec les fonds particulièrement riches en biodiversité de la Baie de Saint-Brieuc, où on a des courants très forts et des rochers qui justement ont créé cette biodiversité."
Titre :Katherine Poujol, présidente de l'association "Gardez les Caps"
Crédit :Yann Launay
Les forages devraient reprendre début mars, au large de Saint-Brieuc. Ailes Marines compte rattraper son retard pour une mise en service des 62 éoliennes géantes fin 2023.