Non au bitume : à Rennes, ils sont contre des projets d'urbanisation !
Publié : 18 janvier 2022 à 7h59 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
Une manifestation s'est tenue dans le centre de Rennes, hier soir, pour s'opposer aux projets d'urbanisation et notamment au projet d'extension du centre d'entraînement du Stade Rennais.
"Non au bitume, Oui aux légumes" : c'est ce qu'on pouvait lire sur l'une des banderoles installées hier (lundi 17 janvier) place de la Mairie, à Rennes. A l'appel d'un collectif d'associations, plusieurs centaines de personnes se sont réunies pour dire leur opposition à l'urbanisation des espaces naturels qui entourent la ville de Rennes. Deux projets sont dans le collimateur des manifestants : le projet d'extension du centre d'entraînement du Stade Rennais, à la Prévalaye, et le projet "Viasilva", un nouveau quartier dont la construction a démarré, à l'est de Rennes.
Les manifestants le reconnaissent : l'opposition au projet du Stade rennais est plutôt symbolique, puisque le club prévoit d'aménager 2 terrains d'entraînement et des bâtiments sur une (toute) petite partie des 450 hectares de la zone. Mais pour Anthony, membre du collectif de la Prévalaye, ce projet n'en est pas moins inacceptable :
"Il se trouve que les terres que M. Pinault réclame pour son extension sont des terres achetées par la maire, donc avec les deniers des Rennaises et des Rennais, on est à peu près à 1 million d'euros de dépensé, pour ensuite donner ces terres publiques à M. Pinault, pour qu'il puisse agrandir le centre d'entraînement et gagner encore plus d'argent. Il existe un tas de zones atrificialisées à Rennes, pourquoi n'achète-t-il pas des surfaces déjà artificialisées, plutôt que d'aller sur une zone naturelle ?"
Titre :Anthony, membre du collectif de la Prévalaye
Crédit :Yann Launay
Une urbanisation rampante
Pour Anthony, l'urbanisation de la fameuse "ceinture verte" de Rennes, est une trahison : "la ceinture verte rennaise, c'est un deal implicite entre les élus et les habitants, à savoir : on ne touche pas à la ceinture verte, normalement, dès qu'on sort de la rocade, on se retrouve dans la campagne. Aujourd'hui avec l'urbanisation rampante, cela va être de moins en moins le cas. Et si Rennes achète du foncier avec notre argent, c'est uniquement pour créer des projets immobiliers. Je rappelle que le premier adjoint de la mairie de Rennes, c'est M. Marc Hervé, le fils d'Edmond Hervé, plus grand urbaniste de la ville de Rennes..."
Crédit : Yann Launay
Crédit : Yann Launay
Titre :Anthony, membre du collectif de la Prévalaye
Crédit :Yann Launay
La fin du béton
Les manifestants demandent l'arrêt de l'artificialisation des terres, et la fin du béton. Symboliquement, une petite construction en briques de terre a été dressée devant l'Hôtel de ville. C'est le type de matériau alternatif que les manifestants souhaiteraient voir en lieu et place des bâtiments de béton du projet Viasilva, ce nouveau quartier en création, à cheval sur Rennes et Cesson-Sévigné.
Pour Joyan, membre du collectif "650 hectares", il n'est pas trop tard pour modifier ce projet : "si la ville doit se développer, elle doit se développer différemment, il y a moyen de faire de l'habitat collectif en terre. Il y a des fermes en bauge, sur ce territoire de 650 hectares entre Rennes, Thorigné et Cesson : il y a les traces autour de nous de comment on faisait avant le béton armé... Là, le bilan de ce projet est insoutenable. On a estimé qu'un habitant qui viendrait prendre un appartement dans Viasilva, c'est comme si cette personne héritait de 40 tonnes de carbone, par rapport à toute la pollution que ce projet à engendrée... Pour le GIEC, il faudrait, pour être résilient par rapport au climat et suivre les Accords de Paris, que chaque personne n'émette que 2 tonnes par an. Si vous prenez un habitat sur Viasilva, vous êtes déjà totalement hors limites..."
Titre :Joyan, membre du collectif 650 hectares
Crédit :Yann Launay
Joyan, membre du collectif 650 hectares
"On est en train de construire un quartier jetable"
Pour Joyan, les constructions en cours dans le cadre de Viasilva sont d'un autre âge, et sont l'exemple de ce qu'il ne faut plus faire. Très loin en tous cas de ce qui avait été annoncé : "sur le papier, on nous parlait d'un écoquartier, avec beaucoup de promesses de prise en compte écologiques, de constructions durables et respectueuses des écosystèmes. Maintenant les constructions ont commencé, on a vu les premiers immeubles sortir de terre : c'est moche, on voit des immeubles en béton, des grands blocs au bilan carbone désastreux, et une destruction totale des terres agricoles, sans amélioration significative par rapport à ce qui a pu se faire depuis les années 80 en termes d'urbanisme. On est en train de construire un quartier jetable, avec des bâtiments d'une durée de vie de 50 ans... Il faut qu'on change !"
Titre :Joyan, membre du collectif 650 hectares
Crédit :Yann Launay