Se retrouver et se mobiliser : l'Université d'Eté des mouvements sociaux jusqu'à samedi à Nantes

Cinq jours pour se former, s’informer et débattre des sujets qui font l’actualité comme le féminisme, l’écologie, la pandémie et la mobilisation sociale. La ville de Nantes accueille depuis hier (24 août) et jusqu’à samedi la deuxième Université d’Eté des mouvements sociaux et des solidarités. La première édition avait eu lieu en 2019 à Grenoble, et celle de l'an passé reportée pour cause d'épidémie de Covid-19. L'UE se tient dans les locaux de l’Ecole d’Architecture (ENSA) sur l’île de Nantes.

Des valeurs communes

Plus de 400 collectifs, syndicats et organisations proposent une centaine d’activités ouvertes à tous - conférences, débats, ateliers autour de luttes et surtout de valeurs communes, pour Guillaume Erceau, porte-parole du mouvement ATTAC 44 :

"Il peut y avoir entre différentes organisations des débats sur la question, ou sur la manière de régler une problématique, comme l'environnement, mais on va avoir des valeurs communes sur notre vision du monde, les valeurs que l'on veut porter, la valeur dont on veut transformer la société - des valeurs comme le féminisme, l'anti racisme, l'égalité face aux droits, tout ce qui est justice sociale et climatique, le fait que chaque citoyen doit avoir le droit à la parole, qu'il est légitime pour porter une parole et participer au débat public et à la politique dans le pays."

En ligne de mire la rentrée sociale et politique, pour Guillaume Erceau : "Chacune d'entre nous - chacune des organisations qui composent cet évènement, avons différentes approches par rapport aux sujets que nous portons et c'est ensemble en coagulant les points de vue et perspectives de stratégie d'action qu'on pourra être efficaces dans le rapport de force politique qui est à mener en fonction des différents sujets sociaux, climatiques, économiques, etc. Il y a tout ça à construire et cette UE est faite pour se rencontrer, s'informer, débattre et s'organiser si possible pour la rentrée à venir."

Un plan de sortie de crise

Il ne s’agit pas de tracer un programme commun, à des fins politiques, mais un plan de sortie de crise contenant 36 mesures transformant la société sera toutefois présenté ce mercredi par le collectif « Plus jamais ça » afin de peser dans le débat public.

"C'est un moment par contre où l'on va parler de stratégie par rapport aux grands enjeux de la rentrée, les enjeux climatiques parce qu'on a un rapport du GIEC alarmiste et une loi Climat totalement insuffisante, les enjeux sociaux par rapport aux réformes des retraites et à l'assurance chômage... On a eu la crise du Covid-19 qui a perturbé l'agenda du gouvernement mais celui-ci va remettre en place ce type de réformes. Il faut qu'on soit prêts à défendre nos droits, ce lieu sert aussi à ça, à élaborer des stratégies ce qui ne veut pas dire que les 440 organisations auront la même stratégie, et la même manière d'agir mais au moins on en parle ensemble pour pouvoir agir à la rentrée et durant les mois à venir sur les différents combats qui sont les nôtres !"

La désobéissance civile non violente

Pour se faire entendre, des ateliers pour s’initier à la désobéissance civile non violente sont prévus. Guillaume Erceau du mouvement ATTAC 44 :

"Comment est-ce qu'on créé une action en termes de symbolique, comment on construit un message politique dans une action, comment est-ce qu'on scénarise une action, c'est une mise en scène en fait par exemple on avait recouvert à ATTAC une agence BNP d'une peinture noire à l'eau pour montrer l'opacité fiscale de la banque... On est dans la non violence puisqu'on ne dégrade rien et on ne porte pas atteinte à des personnes On apprend (dans ces ateliers) à avoir des relations presse, à pouvoir se former en cas d'interpellation policière, comment réagir de manière non violente si jamais la police vient nous déloger !"

Maison des Citoyens du Monde

Pour Xavier Guillauma, co-président de la Maison des Citoyens du Monde à Nantes, cette université d’été doit permettre au milieu associatif de penser au monde d’après : « cette crise sanitaire a affecté nos réseaux, parce que notre public est composé d’étudiants et de retraités qui ont du temps disponible… Cette UE doit nous permettre de relancer nos projets dans un contexte mondial compliqué, que ce soit au Bénin ou en Afghanistan..."

Comment militer, comment se mobiliser désormais, quels outils utiliser ? Les pratiques associatives évoluent, notamment avec les réseaux sociaux, et il faut s’adapter pour Xavier Guillauma : "je pense à Anofel, membre de la MCM, l'usage des réseaux sociaux a permis de garder le contact avec les étudiants en pharmacie et en médecine, qui composent cette association pour relancer les projets et se retrouver dans une dynamique de rentrée... D'autres ont eu le temps de peaufiner un "sérious game" qui va permettre de capter des publics plutôt jeunes, ils sont aussi en train d'imaginer un parcours BD - vidéos... C'est militer, comment militer et puis consolider le réseaux, se former, s'informer, s'inspirer des idées, et mutualiser nos pratiques pour aller de l'avant... et pour construire ces dimensions d'engagement démocratique en faveur du climat, contre la misère dans le monde."

Le pass sanitaire est obligatoire pour entrer dans l’Ecole d’Architecture (même si certaines organisations sont réservées face à cette mesure… appliquée pour des raisons essentiellement légales.) L’Université d’été des mouvements sociaux et des solidarités attend 1 500 personnes d’ici samedi, et c’est ouvert à tous.

Toutes les infos (et tarifs – 40 euros les 5 jours, ou tarif libre) sur le site https://ue2021.org/