La santé mentale au cœur d’un premier colloque à Nantes
Publié : 2 décembre 2022 à 9h43 - Modifié : 2 décembre 2022 à 19h28 par Emilie PLANTARD
Crédit : Ville de Nantes
Une personne sur 4 sera touchée par des troubles de la santé mentale au cours de sa vie. C’est ce constat de l’OMS qui a amené la ville de Nantes à organiser un premier colloque international "Villes et Santé mentale" du 1er au 3 décembre 2022. Trois jours pour déstigmatiser et interpeller sur ce sujet majeur, dont les enjeux sont considérables.
On n’en parle pas assez alors que le sujet nous concerne tous au quotidien... La santé mentale est au centre d’un tout premier colloque international organisé pendant trois jours par la ville de Nantes, en Loire-Atlantique. Du simple stress jusqu’à la maladie psychiatrique, de nombreux intervenants sont réunis pour mettre en avant un problème de santé publique, toujours trop stigmatisé à l’heure actuelle. D’autant que la pandémie de Covid-19 en a exacerbé les troubles.
Le Docteur Rachel Bocher est psychiatre au CHU de Nantes et commissaire scientifique de ce colloque. Pour elle, "la santé mentale est un élément majeur dont tout le monde a pris conscience après la pandémie. En Europe, 1 personne sur 5 était atteinte de troubles psychiques, depuis la pandémie c’est 1 sur 4 et ça touche notamment la tranche 15-25 ans dont 75% d’entre eux n’ont pas accès aux soins. Or, si les troubles psychiques ne sont pas traités avant 25 ans, ces troubles deviennent des maladies mentales. En 2050, 80% de la population vivra en ville, ce qui n’est pas rien en terme de retentissement sur la santé mentale et sur la santé physique."
Les enjeux sont majeurs
"Cinq maladies qui impactent les individus sur 10 sont des maladies mentales. Skysophrénie, dépression, maladie bipolaire, tocs, aggravés avec le lavage de mains, les problèmes d’addictions. Les maladies mentales sont la 2è cause d’arrêt longue maladie... et la première cause d’invalidité donc il est temps de s’y atteler."
Titre :Rachel Bocher, psychiatre au CHU de Nantes et commissaire scientifique du colloque
Crédit :Emilie Plantard
Ne pas avoir peur d'en parler
Aujourd’hui les enjeux de la santé mentale sont sous-estimés. Or, elle conditionne le fonctionnement individuel mais également collectif. Ce colloque est donc un moyen de mettre le sujet en avant et de le destigmatiser selon Rachel Bocher : "il faut exprimer ses peurs, verbaliser ses émotions. Le fait d’avoir la boule au ventre, d’avoir mal au dos, on nous dit qu’on s’écoute trop, on est trop dans un système de performance mais il faut s’écouter. On sait qu’en verbalisant on peut aussi dépasser un certain malaise avec quelqu’un qui écoute ou on peut aussi s’adresser à un professionnel de santé. Mais il est important de ne pas se stigmatiser soi-même c’est ce qu’on fait trop souvent."
Titre :Dr Rachel Bocher, psychiatre au CHU de Nantes et commissaire scientifique du colloque
Crédit :Emilie Plantard
La place du travail dans la bonne santé mentale
Le travail était l’objet de plusieurs tables rondes car on considère que la santé mentale y est malmenée, c’est même la 2è cause d’arrêt maladie. La crise sanitaire n’a fait qu’aggraver ce constat qui s’est construit depuis une quarantaine d’années. Nicolas Chaignot est chercheur en humanités et juriste en droit du travail, et il intervient au cours d’une table ronde :
"Nous avons eu des politiques du travail très agressives sur la dimension humaine, et nous avons affaire à des personnes qui ne connaissent rien au travail et qui décident pour les autres. Il faut transformer le management et donner l’importance au travail vécu. Le fait qu’ils partagent la souffrance, qu’ils peuvent se défendre collectivement, c’est la clé. C’est qu’on s’est évertué dans les politiques managériales à faire la chasse à tout ce qui est solidarité collective, et c’est ce qui fait que la santé mentale s’effondre."
Se sentir mieux au travail
L’impact du travail est important sur la santé mentale des salariés et les conséquences peuvent s’en ressentir bien plus largement. Ecoutez les explications de Nicolas Chaignot : "La souffrance on la transporte chez soi, on la communique à ses enfants, à son partenaire de vie... Et du coup, comment fait-on pour compenser tout ça ? Il y a la ville qui le réceptacle de toute cette souffrance. Il y a des solutions. Il faut toujours donner la marge de négociation aux personnes, il faut reconnaître le travail qui est fait, les difficultés, inscrire des espaces de discussions, il faut former les managers à l’éthique du soin..." Les autres thèmes abordés sont l'urbanisme, la culture et la précarité.
Titre :Nicolas Chaignot, chercheur en humanités et juriste en droit du travail, intervenant sur le colloque
Crédit :Emilie Plantard
Des conférences sont également prévues pour le grand public autour des œuvres du Voyage à Nantes ainsi que des séances de méditation guidée au Musée d’Arts, jusqu’à ce samedi. Plus d’informations sur le site villes-et-sante-mentale.com